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Égypte : 20 ans de prison pour l’ex-président Morsi


L'ancien président islamiste Mohamed Morsi lors de son procès le 8 janvier 2015 au Caire. (Photo AFP)

L’ex-président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué en 2013 par l’armée, a été condamné ce mardi à 20 ans de prison mais a échappé dans un premier procès à la peine de mort que beaucoup prédisaient à l’aune de l’implacable répression visant son mouvement.

Avec 12 co-accusés, essentiellement des responsables de sa confrérie des Frères musulmans et de son gouvernement d’alors, il a été reconnu coupable d’avoir « usé de la violence, fait arrêter et torturer des manifestants » en marge d’un rassemblement le 5 décembre 2012 devant un palais présidentiel du Caire. Deux autres accusés ont écopé de 10 ans de prison.

Mais les 15 ont tous été acquittés des chefs d’incitation au meurtre d’un journaliste et de deux manifestants lors de la dispersion de ce rassemblement, qui avait fait au moins dix morts, dont des pro-Morsi.

Ce verdict apparaît comme relativement clément au regard des peines capitales prononcées systématiquement dans d’autres procès contre les principaux dirigeants de la confrérie islamiste de Mohamed Morsi et contre des centaines de ses partisans.

Les avocats de la plupart des accusés ont annoncé qu’ils feraient appel, précisant que, pour le cas de Mohamed Morsi, ils lui demanderaient d’abord son avis. En effet, l’ex-président destitué et arrêté par l’armée le 3 juillet a toujours refusé de prendre un avocat et, se proclamant « seul président de l’Égypte » durant toutes les audiences, il a récusé la légitimité de ses juges.

« Parodie de justice »

Mais l’ex-président encourt la peine de mort dans trois des quatre autres procès qui lui sont intentés, dont un pour « espionnage » et un autre pour évasion de prison. Le verdict dans ces deux affaires est attendu le 16 mai.

Dans son uniforme blanc de détenu dans un box grillagé doublé d’une vitre le rendant inaudible, Mohamed Morsi s’est levé et a levé les deux poings à l’énoncé du verdict,  dans la salle du tribunal au cœur de l’académie de police du Caire. Les autres accusés étaient dans un autre box grillagé et insonorisé.

L’acquittement des chefs d’incitation au meurtre « est une surprise, nous ne nous y attendions pas, nous pensions qu’ils seraient condamnés » au moins à la prison à vie, a déclaré à la sortie du tribunal Ramy Ghanem, un avocat des familles des victimes.

Experts et défenseurs des droits de l’Homme, estimant que la justice est « instrumentalisée » par le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée tombeur de Mohamed Morsi, s’attendaient à des peines capitales ou de prison à vie.

L’organisation des droits de l’Homme Amnesty international a dénoncé une « parodie de justice », estimant que le verdict « faisait voler en éclats toute illusion concernant l’indépendance et l’impartialité de la justice pénale en Egypte. »

De leur côté, les Frères musulmans ont dénoncé dans un communiqué « les verdicts nuls d’un pouvoir illégitime qui veut imposer sa tyrannie ».

AFP
>> Pour prolonger : Une répression implacable

Depuis la destitution de Mohamed Morsi, policiers et soldats du nouveau pouvoir ont tué plus de 1.400 manifestants et emprisonné plus de 15.000 pro-Morsi. Des centaines, dont le Guide suprême des Frères musulmans Mohamed Badie et d’autres dirigeants, ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l’ONU de « sans précédent dans l’Histoire récente » du monde.

Le régime d’Abdel Fattah al-Sissi, qui jouit d’une popularité indéniable auprès d’une opinion lassée par l’instabilité politique, est considéré par les organisations internationales de défense des droits de l’Homme comme bien plus répressif que celui de Hosni Moubarak. Abdel Fattah al-Sissi, a été élu président en mai 2014, haut la main, après avoir éliminé de la scène politique toute opposition, islamiste mais aussi libérale et laïque.

Les grandes figures de la jeunesse de gauche à l’origine de la révolte de 2011 ayant chassé le président Moubarak du pouvoir, dans la lignée des Printemps arabes, sont derrière les barreaux, essentiellement pour « manifestations illégales ».

La relative clémence du verdict de mardi a surpris bon nombre d’observateurs et pourrait être interprétée comme une volonté d’Abdel Fattah al-Sissi de détendre l’atmosphère sur la scène politique.

Même si les grandes capitales occidentales -l’allié américain en tête- ont reconnu le pouvoir de Abdel Fattah al-Sissi et soigneusement évité de parler de coup d’Etat, elles s’émeuvent régulièrement, même du bout des lèvres, de la répression.

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