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Covid-19 : le variant sud-africain sera plus difficile à combattre


Évacuation d'un habitant de Tshwane, l'une des huits métropoles d'Afrique du Sud, le 15 janvier (photo : AFP).

Plusieurs nouvelles études semblent confirmer les premiers indices des scientifiques : le variant sud-africain risque d’échapper au moins partiellement à la protection espérée des vaccins contre le Covid-19, contrairement au variant anglais, contre lequel le vaccin de BioNTech/Pfizer semble efficace.

Alors que les systèmes hospitaliers sont déjà surchargés dans de nombreux pays du monde, plusieurs variants plus transmissibles détectés au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil inquiètent depuis quelques semaines la communauté internationale.

Avec une question cruciale en tête : les vaccins existants, qui représentent le principal espoir de sortir de cette crise sanitaire, sont-ils efficaces contre ces variants?

De premiers éléments semblaient montrer une efficacité au moins du vaccin de BioNTech/Pfizer, le premier arrivé sur le marché, contre une des mutations partagée par les trois variants, la N501Y.

Cette mutation se situe au niveau de la protéine Spike (spicule) du coronavirus, la pointe qui se trouve à sa surface et lui permet de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer, jouant donc un rôle clé dans l’infection virale.

Mais les craintes venaient surtout de la mutation E484K, également située sur la protéine Spike, et partagée uniquement par les variants sud-africain et brésilien.

Capable de diminuer la reconnaissance du virus par les anticorps

Des tests en laboratoire ont déjà montré que cette mutation semblait capable de diminuer la reconnaissance du virus par les anticorps, et donc sa neutralisation.

Une étude de chercheurs sud-africains mise en ligne mercredi, et pas encore évaluée par d’autres scientifiques, va plus loin. Elle conclut que le variant sud-africain dans son ensemble « est largement résistant aux anticorps neutralisants provoqués en réponse à une infection par des souches en circulation précédemment ».

Ainsi, le risque de réinfection par ce variant est « important », souligne l’étude. Et ces données ont des « implications sur l’efficacité des vaccins », en particulier parce que les vaccins actuels sont « principalement basés sur une réponse immunitaire à la protéine Spike ».

« C’est un problème qui inquiétait beaucoup d’entre nous: que des nouveaux variants du Sars-Cov-2 échappent à la réponse immunitaire en plus de leur plus grande transmissibilité », a commenté sur Twitter Kristian Andersen, immunologiste à l’institut de recherche Scripps.

« Impossible d’édulcorer les choses: ce n’est pas une bonne nouvelle », a-t-il ajouté.

Adapter les vaccins

Pour tenter de contrer ces menaces, les auteurs de l’étude sur le variant sud-africain appellent à identifier pour ces vaccins de nouvelles « cibles » qui seraient moins sujettes aux mutations que la protéine Spike, et à développer de façon « urgente » des plateformes pour adapter les vaccins si besoin.

Les vaccins à ARN messager de BioNTech/Pfizer et de Moderna, qui ont reçu des autorisations de mise sur le marché dans plusieurs pays du monde, permettent a priori une adaptation relativement rapide. Le laboratoire allemand BioNTech a d’ailleurs assuré avoir la technologie pour produire si besoin un vaccin contre de nouveaux variants en six semaines.

Si les résultats de l’étude sud-africaine sont confirmés, « nous devons déterminer un calendrier de production et les étapes règlementaires pour adapter la souche utilisée dans le vaccin », a commenté mercredi sur Twitter Trevor Bedford, du centre de recherche Fred Hutch.

Même si le variant 501Y.V2 est « encore largement circonscrit à l’Afrique du Sud », il « pourrait se répandre plus largement dans les mois qui viennent », a-t-il ajouté, pariant sur la nécessité d’adapter la « souche » du vaccin à l’automne 2021.

« Ça fait partie de la nature humaine d’aimer se faire peur, mais nous ne devons pas paniquer », a tempéré de son côté James Naismith, de l’université d’Oxford, cité par l’organisme Science Media Centre.

D’autant que de nouvelles données mises en ligne mercredi semblent confirmer que le variant anglais, qui a lui déjà largement franchi les frontières, serait bien réceptif au vaccin de BioNTech/Pfizer.

Selon deux études séparées, une de chercheurs de BioNTech/Pfizer, l’autre de chercheurs d’universités britanniques et néerlandaises, les anticorps d’anciens malades du Covid-19 permettent largement de neutraliser le variant anglais, même si le pouvoir de neutralisation peut être légèrement réduit.

Il est ainsi « improbable » que le variant anglais « échappe à la protection » de ce vaccin, conclut l’équipe de BioNTech/Pfizer.

Contre le variant anglais, « les vaccins devraient être très efficaces et la couverture vaccinale est une priorité », a indiqué sur Twitter le Pr Ravi Gupta, de l’université de Cambridge, un des auteurs de l’autre étude.

AFP

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