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Comment les sondages ont-il pu autant se tromper sur Trump?


Donald Trump lors de son dernier meeting à Manchester dans le New Hampshire le 7 novembre 2016. (Photo : AFP)

La victoire choc de Donald Trump face à la favorite démocrate Hillary Clinton à la présidentielle américaine laissait un autre grand perdant mercredi: les sondages.

Sur les 20 plus grands organismes de sondages des États-Unis, dont les puissantes chaînes de télévision, les journaux et agences de presse qui avaient mené plus de 80 enquêtes depuis la mi-septembre, seul un, le journal Los Angeles Times associé à USC Tracking, a invariablement donné l’avantage à Donald Trump. Au matin de l’élection du 8 novembre, la moyenne des sondages du site RealClearPolitics, qui fait référence aux États-Unis, donnait 3,3 points d’avance à Hillary Clinton à l’échelle nationale. Quelques heures plus tard, le choc assommait des sondeurs contrits.

Souvent considéré comme l’un des gourous de la statistique en Amérique, Nate Silver a qualifié d’un mot assassin les prévisions des sondages pour la présidentielle 2016: «terribles». Son blog, FiveThirtyEight.com, consulté de plus en plus fiévreusement par les journalistes à mesure que les résultats approchaient, avait prévu une victoire de la démocrate dans une flopée d’États décisifs: Floride, Caroline du Nord, Pennsylvanie et Wisconsin. Mais le républicain les a tous remportés, et de là, les clés de la Maison Blanche.

La rubrique très respectée des prévisionnistes du New York Times, the Upshot, avait donné à Hillary Clinton 85% de chance de gagner… avant de basculer spectaculairement au cours de la soirée. «La boule de cristal est bien brisée», admet Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l’université de Virginie qui, sur son propre site de statistiques, «Larry Sabato’s Crystal Ball», avait prédit une victoire démocrate.

Pourquoi presque tout le monde s’est trompé ?

«Il est évident qu’il s’est passé quelque chose», concède Larry Sabato, soulignant que ce sont les analyses de centaines de sondages présidentiels qui sont allées dans la mauvaise direction cette année. La plupart des sondeurs composent leurs échantillons en se basant sur l’électorat tel qu’il apparaissait lors des précédentes élections, explique-il. Une technique qui explique leur erreur cette fois, puisque les enquêtes ont tout simplement sous-estimé le nombre d’électeurs cachés de Donald Trump.

«La participation des Blancs dans l’Amérique rurale a explosé», dit-il, tandis que celle des Noirs et des jeunes a faibli. Si les sondeurs avaient bien anticipé une baisse du vote de ces deux derniers groupes par rapport à 2012, quand Barack Obama avait décroché un deuxième mandat, «leurs prévisions concernant les électeurs potentiels ont tout simplement raté la haute participation à venir dans ces régions rurales blanches», poursuit l’expert.

Les enquêtes internes de l’équipe de campagne Clinton sont également largement passées à côté dans leur analyse du vote des ouvriers blancs, d’après un analyste qui a pu les voir. «Elles étaient complètement fausses, et ils ont dépensé une fortune», a-t-il dit, sous couvert d’anonymat.

L’impopularité de Clinton sous-estimée ?

Non, selon Larry Sabato: «Les enquêtes le montraient nettement». Mais d’autres observateurs ont toutefois rapidement reconnu mercredi qu’ils avaient pu se méprendre sur la profondeur du ressentiment envers l’ancienne Première dame, sénatrice et secrétaire d’Etat, que beaucoup perçoivent comme un membre corrompu des élites de Washington. «Je ne me rendais vraiment pas compte à quel point les divisions étaient profondes», a admis le stratège démocrate Paul Begala sur CNN.

Quel avenir pour les sondages ?

Larry Sabato admet se sentir «désemparé» après les «centaines de sondages qui se sont trompés». Mais il refuse de tourner le dos aux enquêtes. «L’analyse qui se base sur l’anecdote n’est pas scientifique», souligne-t-il. «Il ne faut pas se baser juste sur les instincts, il faut se fonder sur les données». Reconnaissant que les sondages téléphoniques étaient en perte de vitesse, souffrant à la fois d’une baisse du nombre de lignes fixes et du fait que les sondés ont de moins en moins envie de répondre à des questions par ce biais, il assure qu’à l’avenir, «la plupart des sondages seront faits en ligne».

Et à ceux qui craignent que ce format soit plus facilement manipulable, il répond qu’«ils sont fiables… à condition d’être bien faits».

Le Quotidien/afp

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