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Chypre supprime son dispositif controversé de « passeports dorés »


Bruxelles estime que le dispositif pourrait aider des individus du crime organisé à infiltrer l'Union et fait pression sur Chypre. (illustration AFP)

Chypre va supprimer son dispositif controversé « passeports dorés », a annoncé mardi le porte-parole du gouvernement, après la diffusion d’une enquête de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, sur des abus présumés de ce programme à destination de riches investisseurs.

La décision de supprimer les « passeports dorés » a été prise en raison « de failles de longue date, abus et exploitation des dispositions du programme d’investissement », a déclaré à des journalistes le porte-parole du gouvernement, Kyriacos Koushos.

Le système – qui a généré 7 milliards d’euros – sera supprimé le 1er novembre, a-t-il précisé, ajoutant que le gouvernement allait « revoir sa politique sur les moyens d’attirer les investissements ». Le programme permet à des citoyens fortunés d’obtenir un passeport chypriote en échange d’investissements conséquents dans ce pays membres de l’Union européenne. Selon les règles en vigueur, un citoyen d’un pays hors UE peut obtenir un passeport chypriote en échange d’un investissement de 2,5 millions d’euros, qui peut consister en l’achat d’une résidence sur l’île.

Bruxelles estime que le dispositif pourrait aider des individus du crime organisé à infiltrer l’Union et fait pression sur Chypre.

Des riches Russes ou Chinois

L’annonce surprise du gouvernement est survenue quelques heures après la diffusion par Al-Jazeera d’images montrant des fonctionnaires qui auraient tenté d’aider une personne, agissant en tant que client avec un casier judiciaire, à obtenir un passeport chypriote. « Se faisant passer pour des représentants d’un personnage fictif censé être un criminel, nos journalistes infiltrés ont été initiés (…) au programme d’investissement à Chypre par des avocats et des agents immobiliers, menant finalement à des politiciens haut placés », a expliqué Al-Jazeera dans un communiqué.

Ceux-ci, un député et le président du Parlement, ont nié toute irrégularité de leur part. Mardi, le président du Parlement, Demetris Syllouris, a toutefois annoncé qu’il quittait ses fonctions jusqu’à la fin de l’enquête policière sur les révélations d’Al-Jazeera.

Chypre est en train de réexaminer les quelque 4 000 personnes ayant bénéficié du dispositif lancé en 2007, et qui s’est surtout développé après la crise économique de 2013. La semaine dernière, Nicosie a annoncé la révocation de sept passeports. Une précédente enquête d’Al-Jazeera, basée sur des données ayant fait l’objet d’une fuite, avait montré que de riches Russes liés au Kremlin et des ressortissants chinois étaient « prêts à payer des millions de dollars pour un passeport de l’UE » à Chypre.

LQ/AFP

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