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Berlin : face-à-face tendu entre l’extrême droite et ses opposants


En surnombre, les contre-manifestants ont réussi à perturber le cortège de l'AfD, bien moins fourni que ne l'avait prévu le parti d'extrême-droite. (Photo: AFP)

Extrême droite d’un côté, ses détracteurs de l’autre : Berlin a connu un dimanche de tensions, des milliers de manifestants des deux camps s’étant mobilisés pour un face-à-face, sous l’oeil de la police, présente en nombre, pour prévenir des heurts.

Toute l’après-midi de dimanche, en plein centre-ville de la capitale allemande, plus de cinq mille manifestants de l’Alternative pour l’Allemagne, ont marché, drapeaux allemands à la main, face au quelque 25 000 personnes réunies pour de bruyantes contre-manifestations, selon les estimations de la police. Défilant de la gare principale jusqu’à la porte de Brandebourg, les manifestants d’extrême droite ont repris en coeur des slogans hostiles à l’islam et à la chancelière Angela Merkel en raison de sa décision en 2015 d’accueillir des centaines de milliers de demandeurs d’asile.

Vers 16h, ils se sont dispersés dans le calme, encadrés de près par les policiers qui craignaient des heurts, des groupes se disant « antifascistes » ayant promis « sabotage » et « chaos ». Seuls de rares incidents ont été dénombrés au final, les forces de l’ordre, qui avaient sur le terrain 2 000 hommes, ayant indiqué avoir dû faire usage de gaz irritant à une reprise pour repousser des contre-manifestants. Une poubelle incendiée a blessé une personne, ont-elles encore indiqué, sans apporter de précisions sur les blessures.

 « La propagande nazie n’est pas un droit »

Les protestataires anti-AfD, en surnombre, ont tenté toute l’après-midi de gêner la manifestation d’extrême droite à l’appel de syndicats, partis, associations et même de boîtes de nuit. Ils ont pu ainsi détourner un temps le cortège de son itinéraire original en bloquant un pont. « La propagande nazie n’est pas un droit » ou « tout Berlin est contre l’AfD », scandaient-ils, invectivant aussi par moment leurs adversaires.

Des navires anti-AfD, décorés de banderoles et de ballons se sont aussi joints au rassemblement, alors que des clubs berlinois avaient déployés des haut-parleurs pour tenter de noyer slogans et discours de l’Alternative pour l’Allemagne. Si les basses étaient bien audibles, les orateurs ont pu aussi se faire entendre. « Nous aimons notre pays, nous voulons le transmettre à nos enfants comme nos grands-pères l’ont fait pour nous », a dit à la fin de la manifestation, au pied de la Porte de Brandebourg, le co-président de l’AfD Alexander Gauland, dont le discours a été brièvement interrompu par un contre-manifestant.

Petite-fille d’un ministre d’Adolf Hitler

Plus tôt, à la gare centrale de Berlin, point de départ de la manifestation, Beatrix von Storch, une figure du parti et petite-fille d’un ministre d’Adolf Hitler, avait insisté sur le thème phare de son parti: la dénonciation de l’islam. « Ce qui est en jeu c’est la liberté face à l’islamisation », a-t-elle lancé, alors que son parti a fait un tabac aux législatives de septembre 2017 (environ 13%) en surfant sur les craintes nées de l’arrivée massive de demandeurs d’asile.

Christine Moessl, une enseignante de 41 ans, abonde dans ce sens. « Merkel a provoqué le chaos. Nous savons maintenant que des islamistes)dangereux se cachent parmi les réfugiés », a-t-elle martelé. Bruyant à la chambre des députés, l’AfD voulait mobiliser dans la rue contre la chancelière Angela Merkel, sa bête noire. Mais après avoir annoncé 10 000 participants à la police, la direction du parti a revu ses ambitions cette semaine, disant compter sur 2 500 à 5 000 manifestants.

Troisième force politique

Leurs opposants de tous bords s’agitaient eux depuis des jours sur les réseaux sociaux pour ne pas « laisser la rue aux sympathisants de l’AfD », alors que la popularité gagnée par ce parti choque dans un pays dont l’identité est fondée en partie sur la repentance pour le nazisme. « L’AfD n’essaie pas de résoudre les problèmes, mais divise la société », estime Knut Haemmerling, 48 ans. « Cela fait peur d’imaginer ce qui se passerait si le parti devenait plus grand », souffle de son côté Yesra Zubaidi, 76 ans née en Syrie et vivant depuis longtemps en Allemagne.

Fondée en 2013, l’AfD est devenue la troisième force politique d’Allemagne en se nourrissant des craintes liées à l’arrivée de plus d’un million de migrants. La formation, avec plus de 90 députés, est devenue le premier parti d’opposition du fait de l’alliance gouvernementale conclue dans la douleur entre les conservateurs d’Angela Merkel et les sociaux-démocrates. Et l’AfD continue de progresser dans les sondages, talonnant le SPD.

Le Quotidien/AFP

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