Accueil | Monde | Bataille judiciaire finale sur le décret migratoire de Trump

Bataille judiciaire finale sur le décret migratoire de Trump


Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les attaques les plus graves aux États-Unis ont pourtant été commises soit par des Américains, soit par des ressortissants ne provenant pas des pays visés par le décret. (photo AFP)

La Cour suprême des États-Unis examine en profondeur mercredi le décret anti-immigration du président Donald Trump, phase finale d’une âpre bataille judiciaire de 15 mois autour de cette mesure extrêmement controversée.

C’est la première fois que les neuf juges – quatre progressistes et cinq conservateurs – consacrent une de leurs audiences solennelles à une action politique emblématique du milliardaire. Cette affaire sera la dernière jugée par la haute cour dans sa session annuelle qui s’achève fin juin. C’est probablement aussi pour elle le dossier le plus important de l’année. Certaines personnes ont campé la nuit durant devant l’édifice de marbre blanc, pour être sûrs d’être les premiers dans la queue du public admis dans la salle.

Au matin, quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés, avec des pancartes affichant : « Fier d’être un Américain musulman », ou « Halte à la xénophobie ». « Je suis originaire d’un continent dont les habitants ont été enlevés comme esclaves pour bâtir ce pays et dont les réfugiés sont aujourd’hui interdits d’entrée », a dénoncé Azza Altiraifi, une femme d’origine soudanaise. Le texte en cause est la troisième mouture d’un décret qui avait provoqué une onde de choc mondiale en étant abruptement mis en vigueur par la Maison Blanche le 27 janvier 2017, une semaine après l’entrée en fonction de Donald Trump. Cette dernière version interdit le territoire américain de façon permanente aux ressortissants de six pays majoritairement musulmans. Soit environ 150 millions de personnes.

Décret anti-musulmans

Les opposants au décret l’accusent de cibler les musulmans, alors que la Constitution américaine interdit la discrimination religieuse. Les différentes moutures du décret anti-immigration ont chacune fait l’objet d’une bataille épique devant les tribunaux, avec de multiples rebondissements en première instance et en appel. La troisième n’a pas échappé à la règle : le texte signé le 24 septembre avait été suspendu le 17 octobre par un juge de Hawaï. Un tribunal du Maryland avait également bloqué la mesure. Le gouvernement avait fait appel de ces décisions et la Cour suprême avait finalement remis en vigueur le décret, mais sans se prononcer sur le fond.

D’où l’importance des débats qui vont se dérouler mercredi, avec un temps de parole strictement égal accordé à l’avocat du gouvernement et à l’avocat qui représentera l’État de Hawaï, à l’origine de la plainte. Pour la Maison Blanche, le décret migratoire s’inscrit pleinement dans les attributions du président, définies par le Congrès : il est libre de resserrer les frontières des États-Unis s’il le juge nécessaire, au nom de la sécurité nationale. Trump martèle que le décret vise à empêcher l’entrée de « terroristes étrangers » en Amérique.

« Conséquences profondes »

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les attaques les plus graves aux États-Unis ont pourtant été commises soit par des Américains, soit par des ressortissants ne provenant pas des pays visés par le décret. Ceux-ci sont le Yémen, la Syrie, la Libye, l’Iran, la Somalie et la Corée du Nord. Le Tchad a figuré dans la liste, avant d’en être récemment retiré. Neal Katyal, l’avocat de Hawaï, tentera sûrement de prouver l’existence de préjugés antimusulmans chez Donald Trump, en rappelant sa promesse de campagne présidentielle d’interdire l’entrée des États-Unis aux musulmans. Une déclaration qui avait provoqué un émoi planétaire.

En quinze mois de litige, le gouvernement a toutefois appris de ses erreurs. Dans sa troisième version du décret, il a fait en sorte que les musulmans apparaissent moins directement visés. Les autorités américaines ont d’autre part pris soin de motiver les articles du décret et de les adapter à chaque pays visé. « Les tribunaux normalement s’en remettent au président sur les questions d’immigration, car l’immigration concerne les Affaires étrangères et la sécurité nationale. Mais les tribunaux fixent également des limites à ce pouvoir », explique le professeur Stephen Yale-Loehr, spécialiste des sujets d’immigration. « Quelle que soit la décision de la cour, celle-ci aura des conséquences profondes pour les Américains, les migrants et le président », prédit-il.

La Cour suprême rendra son arrêt d’ici fin juin.

Le Quotidien/AFP

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.