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Au moins 20 morts dans l’attaque jihadiste d’un hôtel à Ouagadougou


Des soldats de l'armée du Burkina Faso prennent position aux abords de l'hôtel Splendid à Ouagadougou,le 16 janvier 2016. (Photo : AFP)

Des échanges de coups de feu se poursuivaient samedi matin à Ouagadougou entre forces de l’ordre et jihadistes qui ont attaqué vendredi soir un hôtel et un restaurant fréquentés par des Occidentaux, faisant au moins une vingtaine de morts et prenant des otages.

A 06H40 (locales et GMT), les échanges de tirs, ponctués de petites détonations, se poursuivaient autour d’un café-restaurant, le Cappuccino, situé en face de l’hôtel Splendid, première cible de l’attaque jihadiste, revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Pendant ces échanges de tirs, des clients parvenaient à quitter l’hôtel Splendid, un établissement de luxe du centre de la capitale burkinabé, pris d’assaut par les forces de l’ordre juste avant 02H00.

“C’est horrible, les gens étaient couchés et il y avait du sang partout. Ils tiraient sur les gens à bout portant », a expliqué Yannick Sawadogo, un des rescapés de l’hôtel.

“On les entendait parler et ils marchaient autour des gens et tiraient encore sur des personnes qui n’étaient pas mortes. Et quand ils sont sortis, ils ont mis le feu », a-t-il ajouté.

Vers 04h30, alors que l’assaut était en cours, un ministre burkinabè a annoncé que 30 personnes avaient pu sortir « saines et sauves » de l’hôtel et que 33 blessés avaient été évacués.

Parmi les 30 rescapés figurait notamment le ministre du Travail Clément Sawadogo, présent à l’hôtel au moment de l’attaque, a déclaré le ministre de la Communication, Rémis Dandjinou.

« Il y a des morts mais nous n’avons pas de chiffres », a ajouté Rémis Dandjinou.

« Les différentes composantes des forces armées et de sécurité se sont réparti les missions », a indiqué de son côté l’ambassadeur de France Gilles Thibault, des militaires français prenant part aux opérations.

Des forces spéciales françaises sont stationnées dans la banlieue de Ouagadougou dans le cadre de la lutte anti-jihadiste dans le Sahel. Washington dispose également de 75 militaires dans le pays, et a indiqué apporter un soutien aux forces françaises dans l’opération.

Le Splendid, qui compte 147 chambres, est fréquemment utilisé par des Occidentaux et par du personnel des agences onusiennes.

Des contrôles de sécurité étaient en place à l’entrée, mais n’ont pu empêcher l’irruption des assaillants vers 19h45, quand des tirs nourris et des détonations ont éclaté.

Le commando a également visé un restaurant voisin, le Cappuccino, lui aussi prisé de la clientèle expatriée. « Sur la terrasse du Cappuccino, les sapeurs-pompiers ont vu une dizaine de cadavres », a déclaré le ministre de l’Intérieur Simon Compaoré, qui a indiqué que le nombre d’assaillants était encore incertain.

Le directeur du principal hôpital de Ouagadougou a fait état d’un premier bilan global d’au moins « une vingtaine de morts ». Il a cité une blessée selon laquelle il y avait parmi les morts « plus de Blancs que de Noirs ».

Assaillants enturbannés

Un journaliste a pu distinguer au début de l’attaque trois hommes armés et enturbannés, un témoin indiquant de son côté avoir vu quatre assaillants « enturbannés et de type arabe ou blanc ».

Forces de l’ordre et secours ont bouclé le quartier, où une dizaine de voitures incendiées brûlaient dans la nuit. L’aéroport international de Ouagadougou, situé à un kilomètre du centre, a été fermé.

L’attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), qui l’a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, rallié à Aqmi, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.

L’ambassade de France avait évoqué très rapidement une « attaque terroriste », mettant en place un numéro d’urgence pour la communauté française. Le vol Air France Paris-Ouagadougou a été dérouté vers le Niger voisin.

Cette attaque inédite dans la capitale burkinabè constitue un défi pour le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré, récemment élu après une transition souvent chaotique à la tête de ce pays à la population majoritairement musulmane (60%).

Le Burkina, « point d’appui permanent » de l’opération militaire française Barkhane, a par contre déjà été la cible d’opérations jihadistes.

Une première attaque avait eu lieu vendredi après-midi dans le nord du pays, près de la frontière malienne, au cours de laquelle un gendarme et un civil ont été tués, a indiqué dans la soirée l’armée burkinabè.

Plusieurs attaques de ce type ont eu lieu ces derniers mois. En avril 2015, le chef de sécurité roumain de la mine de manganèse de Tambao (nord) a été enlevé, une action revendiquée par Al-Mourabitoune. On est sans nouvelles de lui.

L’opération de vendredi survient un peu moins de deux mois après celle de l’hôtel Radisson Blu à Bamako. Le 20 novembre, une attaque jihadiste avait fait 20 morts dont 14 étrangers dans la capitale malienne.

Des hommes armés avaient retenu en otages pendant plusieurs heures environ 150 clients et employés, avant une intervention des forces maliennes, appuyées par des forces spéciales françaises et américaines et des agents de l’ONU. Deux assaillants avaient été tués.

L’opération de Bamako a été revendiquée par deux groupes jihadistes: le 20 novembre par Al-Mourabitoune et le 22 novembre par le Front de libération du Macina (FLM, mouvement jihadiste malien).

AFP/M.R.

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