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Attentat d’Ankara : le pouvoir accuse le PKK


Des femmes pleurent leurs proches, tués la veille dans un attentat terroriste, le 18 février 2016 à la morgue à Ankara. (Photo : AFP)

La Turquie a accusé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les milices kurdes de Syrie d’être à l’origine de l’attentat qui a visé un convoi militaire et fait 28 morts mercredi soir à Ankara, dans un climat de fortes tensions autour du conflit syrien.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Ahmet Davutoglu ont sans l’ombre d’un doute affirmé jeudi que l’attaque avait été planifiée par le PKK et les Unités de protection du peuple (YPG), les milices kurdes de Syrie.

«Cette attaque terroriste a été commise par des éléments de l’organisation terroriste (PKK) en Turquie et un milicien des YPG», a déclaré M. Davutoglu devant la presse, «l’attaque a un lien direct avec les YPG». «Les informations fournies par le ministère des Affaires étrangères et nos services de renseignement montrent qu’ils sont les responsables», a renchéri peu après M. Erdogan.

Le chef de la principale formation kurde en Syrie, le Parti de l’union démocratique (PYD), Saleh Muslim, a démenti «toute implication» de son bras armé les YPG. L’un des chefs du PKK a lui aussi réfuté ces allégations. L’attentat a visé des bus de militaires arrêtés à un carrefour dans le coeur de la capitale turque, à proximité de nombreux ministères, de l’état-major des armées et du Parlement.

D’une violence telle qu’elle a été entendue dans une bonne partie de la ville, la déflagration a tué au moins 28 personnes et en a blessé 65 autres, dont une trentaine étaient toujours hospitalisées jeudi matin, selon le commandement militaire.

Bombardements turcs

Depuis samedi, l’artillerie turque bombarde tous les jours les positions tenues par les YPG, qui ont profité de l’offensive des forces du régime de Damas dans la province d’Alep (nord), appuyées par les raids aériens russes, pour prendre le contrôle de nouveaux territoires proches de la frontière turque.

Mercredi, les Turcs ont également laisser passer la frontière à 500 rebelles syriens venus «prêter main forte aux insurgés face à la progression des forces kurdes» dans la région d’Azaz, au nord d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le gouvernement islamo-conservateur d’Ankara accuse les YPG et le PYD d’être des organisations «terroristes» car proches du PKK. A l’inverse, les États-Unis arment ces deux mouvements, à la pointe du combat contre les jihadistes.

«Nos amis comprendront peut-être maintenant les préoccupations de la Turquie», a noté M. Erdogan, très agacé par le soutien américain aux milices kurdes. Selon M. Davutoglu, le chauffeur de la voiture bourrée d’explosifs qui a détruit les bus militaires a été identifié comme un Syrien de 23 ans, Salih Necar.

Selon les quotidiens Yeni Safak (progouvernement) et Sözcü (opposition), le kamikaze présumé, déchiqueté par l’explosion, a été identifié par la police scientifique grâce à ses empreintes digitales, enregistrées par les services de l’immigration lors de son entrée récente sur le territoire turc en tant que réfugié.

La police turque a déjà interpellé 14 personnes liées à l’attentat, selon M. Erdogan. «Cela va continuer car on a vu que les auteurs de ce crime ont des ramifications à l’intérieur et à l’extérieur», a-t-il ajouté.

« Légitime défense »

Fidèle à sa rhétorique, M. Davutoglu a également mis en cause le président syrien Bachar al-Assad, accusé d’instrumentaliser les YPG. «Nous nous réservons le droit de prendre toute mesure contre le régime syrien», a-t-il menacé. Quelques heures après l’attentat, l’aviation turque a mené une série de frappes contre un camp du PKK dans le nord de l’Irak. Ce raid a visé le secteur d’Haftanin, non loin de la frontière syrienne, et tué 70 combattants du PKK, selon M. Davutoglu.

Dès mercredi soir, M. Erdogan avait promis de riposter à l’attaque d’Ankara en arguant de son «droit à la légitime défense».

Un des principaux responsables du PKK, Cemil Bayik, a démenti jeudi tout lien de son mouvement avec l’attaque d’Ankara. «Nous ne savons pas qui l’a commis», a avancé M. Bayik, interrogé depuis son repaire irakien par l’agence de presse prokurde Firat.

Après deux ans de cessez-le-feu, des affrontements meurtriers ont repris l’été dernier entre les forces de sécurité turques et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays. Jeudi matin, un convoi militaire a été visé par une attaque dans la province de Diyarbakir, tuant au moins six soldats et faisant de nombreux blessés, a-t-on appris auprès des services de sécurité.

Ces combats ont fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement islamo-conservateur turc à l’automne 2012 pour tenter de mettre un terme au conflit kurde, qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984. La Turquie est sur le qui-vive depuis plusieurs mois à la suite d’une série d’attentats qui a visé son territoire, attribués par les autorités au groupe Etat islamique (EI).

AFP/M.R.

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