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Après une déroute électorale Merkel sous pression sur les réfugiés


Des militants de la CDU témoignent de leur déception après la débâcle du parti de Angela Merkel lors des élections régionales, le 13 mars 2016 à Stuttgart. (Photo : AFP)

La chancelière allemande était sous pression lundi au lendemain de la débâcle de son parti conservateur lors de régionales et de la percée des populistes, portés par une opposition croissante à la politique d’accueil des réfugiés d’Angela Merkel.

Celle qui dirige l’Allemagne depuis plus de dix ans doit s’exprimer à la mi-journée après que son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), est arrivé deuxième lors des scrutins dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest) et en Rhénanie-Palatinat (ouest). En Saxe-Anhalt (est), si les conservateurs remportent le vote, ils sont talonnés par les populistes de l’AFD. «Angela Merkel ne s’est présentée dans aucun de ces trois Etats» et pourtant, «les élections se sont en partie jouées sur sa politique», qui «polarise l’Allemagne comme jamais», analyse le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Impulsée par Mme Merkel l’été dernier, la généreuse politique d’accueil des demandeurs d’asile –1,1 million en 2015– a été au coeur des débats, et les scores exceptionnels de l’AFD dans les trois régions (entre 12 et 24%) montrent l’étendue de la fronde. Mais de hauts responsables ont exclu dès dimanche soir que la chancelière change de ligne, elle qui refuse de plafonner le nombre de réfugiés accueillis en Allemagne.

« Comme avant » ?

«Nous avons une ligne claire sur la politique concernant les réfugiés et nous la gardons», a prévenu Sigmar Gabriel, vice-chancelier et patron des sociaux-démocrates (SPD) partenaires de la coalition gouvernementale de Mme Merkel.

Le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, a reconnu «des temps difficiles» mais a dit «ne pas attendre» de volte-face de la chancelière. «Qui à la CDU voudrait et pourrait l’y contraindre ?», s’interroge le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais pour le patron de la CSU Horst Seehofer, l’allié bavarois de la CDU qui s’oppose à la politique migratoire de Mme Merkel, «la réponse» à un tel résultat «ne peut pas être: on continue comme avant». Dans la presse, les commentaires s’accordaient sur le «bouleversement» créé par la percée de l’AFD et la claque infligée aux grands partis, mais peinaient à en tirer les leçons pour Angela Merkel qui, incontournable, ne voit pas son mandat menacé.

«En tant que chef de parti», elle a certes subi «une défaite retentissante», constatait Bild, mais «sa position dans la crise des réfugiés n’a pas été sanctionnée» puisque les Verts dans le Bade-Wurtemberg et le SPD en Rhénanie-Palatinat ont gagné avec la même ligne. Le Tagesspiegel partage cette analyse, rappelant que si la politique des réfugiés divise l’Allemagne, «les votes (dans les régions) ont d’autres déterminants», notamment locaux. L’envolée de l’AFD, qui a multiplié les dérapages verbaux antimigrants, met cependant tout le monde d’accord et constitue un scénario inédit depuis 1945 dans un pays toujours en quête d’exemplarité morale après l’horreur nazie.

Merkel fragilisée dans l’UE

Le résultat est d’autant moins réjouissant pour le gouvernement en place que le SPD prend l’eau aussi. S’il gagne en Rhénanie-Palatinat, il est à moins de 15% dans les deux autres régions et se fait doubler par les populistes. Pour le Tagesspiegel, le principe même des grands partis «est sur la sellette», le SPD subissant «une catastrophe structurelle» et la CDU traversant une crise «aiguë». La débâcle électorale ne devrait par ailleurs pas faciliter la position de Mme Merkel à l’échelle européenne où son refus de verrouiller l’Union européenne face à l’afflux des réfugiés, notamment de Syriens fuyant la guerre, est décrié par nombre d’Etats membres.

La chancelière pousse pour des solutions d’accueil à l’échelle européenne et un accord controversé entre la Turquie et l’UE en cours de négociations avant un sommet les 17 et 18 mars. Elle a ainsi critiqué les pays de la route des Balkans menant les migrants vers l’Europe du Nord pour avoir fermé leurs frontières, laissant des dizaines de milliers de personnes coincées en Grèce dans des conditions jugées abominables. Pourtant, de hauts responsables allemands, dont le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière, se sont félicités de cette fermeture qui a entraîné une baisse de 33% des arrivées en Allemagne entre janvier et février.

Pour certains, la chancelière doit reconnaître cette réalité. «Elle profite plus que tout autre de la fermeture des frontières (…) Merkel doit s’expliquer, et après ces élections plus que jamais», note le quotidien bavarois Nürnberger Nachrichten.

Le Quotidien/AFP

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