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Violences conjugales : des victimes au masculin


Le service InfoMann aide les hommes victimes de violences conjugales. Ou plus simplement en crise dans leur couple. (photo Alain Rischard)

InfoMann, situé à Bonnevoie, aide les hommes en souffrance depuis 2012. Entre autres problèmes : les violences exercées par leur femme. Ces cas restent toutefois beaucoup plus rares.

Oui, les violences contre les hommes existent. Elles restent minoritaires. Autour de 10% des plaintes dans les problèmes de couple au Luxembourg. Mais la réalité est là. Les associations de terrain le constatent aussi : «Concernant notre public, les violences subies par les hommes augmentent», explique Francis Spautz, responsable du service infoMann (ASBL actTogether).

La structure, créée en 2012, assiste les hommes en situation de détresse, que ce soit dans leur couple ou dans leur vie d’une façon globale. «C’est un problème que nous décelons rarement au premier rendez-vous, poursuit le psychologue. La plupart des hommes voient la violence comme un résultat secondaire. Ils ne vont pas dire : elle en est venue aux mains. Ils vont plutôt glisser, au détour d’une conversation : d’ailleurs la dernière fois, elle m’a jeté des assiettes.» Cette tendance à minimiser n’aide pas à dégager un constat net.

«Tous types d’aides confondus,nous recevons 200 clients par an, calcule Francis Spautz. Je n’ai vu qu’une fois un homme me parler explicitement de violence. Et encore, c’était par mail.» Dans les autres cas, la violence exercée par les femmes paraît toujours moins grave. Il n’y a pas d’œil au beurre noir ou de traces de coups insupportables. «On est plutôt sur des objets jetés, parfois dangereux, comme des couteaux», décrit Francis Spautz. Mais rien qui n’alerte comme des coups directs.

Une violence indirecte mais réelle

Pour éviter que la situation dérape, dans les cas les plus critiques, infoMann peut mettre des studios à la disposition du conjoint pour quelques mois. «Nous n’avons que cinq places, tempère Francis Spautz. Et encore une fois, il n’y a pas que des problèmes de violence, il s’agit plus souvent de divorce douloureux.» L’association met en revanche en place tout son savoir-faire pour aider les victimes : assistante sociale, rendez-vous avec le psychologue, aiguillage vers les institutions compétentes…

Malgré sa caractéristique première, accueillir les hommes, infoMann ne verse pas dans le sectarisme. Sur ses plaquettes, l’association précise qu’elle œuvre «pour la promotion du bien-être des hommes et des femmes.» Pourquoi s’être lancée dans une telle spécialisation alors ? «La société est partie du principe que les hommes ont moins besoin d’écoute. C’est évidemment faux.» Est-ce que ce ne sont pas les hommes eux-mêmes qui ont changé ? Allez, osons la caricature… Figure patriarcale hier, papa poule et mari aimant (ou voulant aimer) aujourd’hui ? «Non, je ne pense pas, analyse Francis Spautz. C’est comme l’argument du milieu social, ça ne tient pas. J’ai des ouvriers qui viennent avec la peinture encore fraîche sur les chaussures et qui expriment une sensibilité très forte.»

Quoi qu’il en soit, pour s’assurer que l’égalité entre les sexes compte à l’avenir, infoMann réalise tout un travail de prévention avec les jeunes. Plus de 500 ados ont ainsi participé à des groupes de parole organisés par la structure en 2016.

Hubert Gamelon

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