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Un lieu, une histoire : le pavillon « source Kind » de Mondorf


Le pavillon "source Kind", dans la seconde moitié du XIXe siècle. (Photos Domaine thermal de Mondorf-les-Bains)

À l’entrée du parc thermal de Mondorf-les-Bains, le pavillon moderne en acier et en verre symbolise à lui seul ce qui a fait la notoriété de la cité depuis le milieu du XIXe siècle : le sel d’abord et les ailes ensuite.

Le pavillon «source Kind» qui accueille le visiteur à l’entrée du parc thermal de Mondorf-les-Bains a eu plusieurs vies. Il abrite depuis quatre ans le musée de l’Aviation après avoir été remarquablement rénové en 2000 par les architectes Nico Steinmetz et Arnaud De Meyer. Ce travail a d’ailleurs été couronné du premier prix de la rénovation pour les constructions en acier en 2004. À lui seul, ce pavillon symbolise tout ce qui a fait la notoriété de la localité et raconte son histoire, des entrailles de la terre jusqu’au plus haut des cieux. Une histoire qui trouve son origine à 736 mètres sous nos pieds et dont un chef porion du nom de Karl Gotthelf Kind a écrit les premières lignes par le plus grand des hasards.

Quand il décide d’entreprendre des forages dans le sol mondorfois, en 1846, c’est pour y trouver du sel gemme, un sel marin fossilisé dans la roche, également dénommé halite. Il y avait alors urgence pour les Luxembourgeois de trouver une solution locale tant les taxes que leur imposaient les Hollandais sur ce produit étaient fortes. Le Duché venait peut-être d’être élevé au rang de Grand-Duché et attribué à Guillaume Ier des Pays-Bas, il se retrouvait au passage héritier de taxes exorbitantes si bien que pour saler son jambon, l’éleveur devait se saigner aux quatre veines.

Le forage de sel, au milieu des années 1840.

Le forage de sel, au milieu des années 1840.

Et du sel, Karl Gotthelf Kind en a cherché en vain sur le territoire luxembourgeois à partir de 1836. Des forages à Cessange, à Echternach et sur la rive droite de la Moselle à Besch-sous-Perl ne furent qu’échecs successifs. Mondorf apparaissait comme la dernière chance pour le chef porion saxon. Il débarqua le 17 juin 1841 avec sa technique acquise au fil des expériences. La présence de sel était manifeste dès les 100 premiers mètres de profondeur. Le forage devait donc se poursuivre. À 460 mètres, on découvre une première source minéralisée puis une seconde.

Mais ce n’est pas ce que cherche Kind. Il veut trouver du sel gemme et pénètre plus profondément les entrailles de la terre jusqu’à atteindre les 730 mètres, cinq ans après le début du forage, un record européen ! Il aurait sans doute poursuivi si le matériel avait tenu. Mais son trépan à chute libre, qu’il avait inventé et qui porte son nom, a cédé dans le dévonien sans jamais avoir croisé de sel gemme. En revanche, les sources qui ont jailli sur son chemin allaient radicalement changer l’histoire de Mondorf qui devenait la seule et unique station balnéaire du pays grâce aux propriétés curatives de son eau minérale.

L’industriel fou d’avion

Dès 1847, un an après l’arrêt du forage, la «Société des Bains de Mondorf» ouvrait un établissement thermal sous l’impulsion du notaire Ledure qui avait senti le bon filon. Sans cesse modernisée, la station balnéaire allait bientôt accueillir une construction digne de son époque à l’entrée du parc avec le pavillon «source Kind» qui symbolise encore aujourd’hui la naissance du thermalisme luxembourgeois. On doit ce bâtiment en verre et en acier à l’architecte Constant Gillardin qui l’a érigé en 1963. Le visiteur pouvait y pénétrer et se servir un verre d’eau salée qui jaillissait d’une grande vasque en pierre posée au centre du bâtiment.

Puis, il y a eu les avions. Ce même pavillon, rénové au début des années 2000, abrite le Fligermusee (musée de l’Aviation) depuis quatre ans qui symbolise aussi l’histoire mondorfoise, grâce à l’industriel luxembourgeois Charles Bettendorf propriétaire de la société des eaux minérales de Mondorf-les-Bains. Il avait acquis en novembre 1909 le premier avion faisant son apparition au Luxembourg, un appareil Voisin avec un moteur Antoinette.

Le pavillon aujourd'hui, après rénovation par les architectes Steinmetz et De Meyer.

Le pavillon aujourd’hui, après rénovation par les architectes Steinmetz et De Meyer.

C’est dans l’actuelle rue Dr-Klein à Mondorf-les-Bains, qui n’était alors que de vastes prairies, que les premiers essais de vol ont été réalisés en 1910 par Jacques Wiesenbach. Cet espace, propriété de Charles Bettendorf, allait accueillir cette même année 1910, du 5 au 12 juin, le premier meeting aérien que connut le Grand-Duché, entièrement organisé et sponsorisé par le riche industriel. Mondorf-les-Bains allait devenir le berceau de l’aviation luxembourgeoise.

Le pavillon «source Kind» n’offre plus de sel mais des ailes. Tout un symbole, de la terre jusqu’au ciel.

Geneviève Montaigu

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