Enfin ! Ça n’est pas trop tôt ! Il était temps ! Les terrasses des cafés ont rouvert et les rues de la capitale se sont instantanément remplies de vie.
Le centre-ville de Luxembourg a repris des couleurs avec l’ouverture des terrasses de café et de restaurants mercredi, faisant paraître le confinement comme un mauvais rêve. Un premier pas vers le redémarrage complet du secteur, vendredi. Les citadins les plus matinaux ont pris les terrasses d’assaut dès leur ouverture en ce jour de marché. Les rues grouillaient de monde et de bruit, comme cela a toujours été le cas au printemps dans la capitale.
Exception faite des masques qui ramènent à la réalité du temps. La vie reprend, mais le Covid-19 plane toujours. D’où l’objectif du secteur de l’Horeca qui consiste à allier sécurité et convivialité. Un guide de bonnes pratiques a été établi et un label «Safe to Serve», déjà remis à une soixantaine d’établissements, a été créé. Les représentants du secteur jugent que le label ne sera pas difficile à obtenir si les clients et les patrons d’établissements retrouvent la confiance.
Fabriccio, qui savoure un expresso bien serré à une terrasse occupée à bonne distance par quatre autres clients, raconte : «J’aime prendre un café le matin avant d’aller au travail ou le soir avant de rentrer. Cette habitude quotidienne m’avait manqué. Je revis. Le personnel veille à ce que les distances soient respectées.» Pas question de discuter de trop près avec les occupants de la table voisine même si on les connaît. Les tables ont été espacées et les terrasses agrandies là où s’était possible. Le ministère de l’Intérieur a fait parvenir une circulaire aux communes pour les encourager à permettre aux établissements d’agrandir l’espace dédié aux terrasses afin d’accueillir plus de clients.
«Retourner travailler va être difficile !»
Au café Beim Renert, au Knuedler (où avait lieu mercredi matin la conférence de presse donnée par le ministre des Classes moyennes et du Tourisme, l’Horesca et la Chambre de commerce), on alterne entre tables pour quatre et parois en plexiglas. Les places sont chères et des tables sont déjà réservées pour la pause de midi. L’accès à l’intérieur du café est interdit sauf pour se rendre au petit coin. Les clients sont détendus et ont le sourire. «L’air de rien, cela fait un bien fou de pouvoir revenir ici, de revoir du monde. J’avais mis un panneau à la fenêtre de chez moi indiquant les heures auxquelles j’étais disponible pour discuter avec les personnes qui en avaient besoin. Discuter en terrasse, c’est quand même plus sympa!», lance Bob, un quinquagénaire de la capitale, en faisant signe à deux personnes revenant du marché.
Un serveur nettoie les tables disposées devant une pizzeria. «J’ai hâte de pouvoir reprendre le travail, de retrouver les clients. Certains m’ont vraiment manqué. Ça a été long, mais le secteur n’est pas sorti de l’auberge uniquement parce qu’il peut retravailler», estime-t-il. «On constatera les dégâts réels du confinement dans quelques semaines.» Pourtant, pour les représentants du secteur, mettre sur pause l’activité pendant plus de deux mois était le bon moyen pour venir à bout de la situation.
«L’autorisation d’ouvrir les terrasses aurait déjà pu être donnée il y a deux semaines», pense quant à lui Steve. «Il fait si beau depuis le début du confinement et l’envie de s’installer à l’extérieur pour profiter d’une boisson fraîche était vive. Je sais que ce n’est pas très solidaire, mais je suis allé en Allemagne boire une bière pour retrouver ce plaisir. Ça fait un peu alcoolique!» L’homme et ses amis rigolent de bon cœur. «Retourner travailler va être difficile», conclut un de ses amis en sortant son téléphone pour immortaliser ce moment.
Les réseaux sociaux débordaient de photographies d’apéritifs, de collations et de cafés pris au soleil ou sous un parasol. Rares sont ceux qui ne se sont pas précipités à la terrasse du café le plus proche pour mettre en pratique une des activités les plus agréables de la belle saison.
De retour dans mon quartier, une voisine me lance : «On va sur la terrasse de l’auberge de jeunesse tout à l’heure. Tu nous rejoins ?»
Sophie Kieffer
[vc_row][vc_column][vc_gallery type= »nivo » interval= »3″ images= »285813,285814,285815,285816,285817,285818,285819,285820,285821,285822,285823,285824″ img_size= »large »][/vc_column][/vc_row]La Moselle s’en réjouit
Sur la Moselle, cette réouverture des terrasses et des bars à vin était attendue par beaucoup de vignerons. Vinsmoselle, notamment, commençait à s’impatienter : «Enfin une bonne nouvelle!», souffle le directeur de la coopérative, Patrick Berg. «Nous allons ouvrir vendredi toutes nos vinothèques (NDLR : Remerschen, Wellenstein, Wormeldange, Grevenmacher et Luxembourg) et nos escales (NDLR : les bars à vin de Wellenstein et Wormeldange)», anticipe-t-il. La logistique n’est pas insurmontable et les aménagements seront finalement assez minimes, «les tables n’étaient déjà pas les unes sur les autres auparavant et nous n’aurons qu’à les espacer un peu plus pour respecter les distances de sécurité, ce qui réduira légèrement le nombre de clients». Finalement, la question qui reste en suspens, c’est le plexiglas dont on ne sait pas s’il arrivera à temps, «nous en avons commandé il y a trois semaines et malgré le fait que les prix aient quadruplé, on ne sait pas quand on le recevra…».
Plusieurs vignerons qui ont la chance de profiter d’une terrasse ont accueilli leurs premiers clients dès hier. Jean-Marc Schlink (domaine Schlink à Machtum) ou Jeff Konsbrück (Winery Jeff Konsbrück, à Ahn) sont de ceux-là. «J’ai pas mal d’espace à l’extérieur et il n’y a aucun souci pour que tout le monde puisse boire un verre dans de bonnes conditions, surtout avec ce beau temps!», apprécie ce dernier.
Erwan Nonet