Inter-Actions, spécialisée dans l’aide en matière de surendettement, ouvre une permanence dans la Forge du Sud. Susana Canaria explique sa mission.
Parmi les gens qui franchissent la porte de son bureau, «il y a de tout : ceux qui pleurent, ceux qui nient leur responsabilité, ceux qui se sentent fautifs à jamais». Quoi qu’il en soit, la situation est déjà «bien dégradée». Susana écoute, ne porte pas de jugement et rassure : «À chaque problème, une solution !» Même quand les dettes atteignent des montants vertigineux… «En moyenne, aujourd’hui, 100 000 euros.»
Susana Canaria travaille depuis dix ans dans l’aide en matière de surendettement. Elle intervient gratuitement dans tout le sud du pays, au nom de l’ASBL Inter-Actions, implantée à Esch-sur-Alzette. «Nous sommes subventionnés, glisse-t-elle. Tous nos services sont donc gratuits.» Il «suffit» d’être une personne privée. À Inter-Actions, Susana Canaria a vu les cas de surendettement exploser : +29,5 % entre 2004 et 2014. «Le vrai tournant remonte à la fin des années 90, précise-t-elle. On peut identifier trois facteurs : l’augmentation des divorces, la hausse des prix de l’immobilier et, enfin, la facilité de la consommation.»
Divorce et loyers, le cocktail explosif
Sur l’immobilier, l’experte prend un contrepied. «On dit souvent que les prix pénalisent les primo-accédants. C’est vrai. Mais en réalité, les personnes les plus touchées sont celles qui n’arrivent plus à rembourser leur prêt.» La réponse simpliste consiste à dire : «ils n’ont qu’à vendre.» Pas évident pour les achats récents, réalisés au prix fort. Impossible, surtout, quand on a une famille à héberger… «La part du revenu immobilisé pour l’habitat est devenue telle au Luxembourg que de nombreuses familles ne mettent plus de côté. Résultat, au moindre pépin, il est difficile de se retourner.» Le «pépin» en question s’appelle souvent «divorce». «Au lieu d’un loyer, il y en a deux, alors que les autres dépenses restent constantes.» Le cocktail est explosif. Inter-Actions s’occupe exclusivement du sud du pays. À Luxembourg et dans le Nord, les surendettés doivent se tourner vers la Ligue médico-sociale. «Le Sud n’est pas plus touché, précise Susana Canaria. En revanche, nous avons affaire à des nationalités plus diverses, donc, à des gens potentiellement moins informés.»
Le désendettement prend plusieurs mois, voire plusieurs années. «Les gens attendent trop», déplore Susana. Quoi qu’il en soit, un travail de fond est possible pour chaque cas. «Nous définissons un budget, nous négocions avec les créanciers, nous cherchons des solutions réalistes. Nous ne faisons pas à la place de, mais avec nos interlocuteurs.» Dans le pire des cas, une cure drastique peut être envisagée : la procédure de règlement collectif des dettes. «En gros, le débiteur va pouvoir dire à ses créanciers : nous allons regrouper les dettes, toutes ne seront pas payées, mais j’ai sept ans pour en rembourser un maximum.» C’est une renaissance inespérée.
Hubert Gamelon
Dès le mois de novembre
Les permanences d’aide en matière de surendettement se tiendront à la Maison sociale de Dudelange (27, rue du Commerce) chaque premier vendredi du mois, de 9h30 à 11h30, et chaque troisième lundi du mois, de 13h30 à 15h30. Pas besoin de prendre de rendez-vous.
À Esch-sur-Alzette, Inter-Actions se trouve à un angle de la place de l’Hôtel-de-ville, au 1, rue Helen-Buchholtz. Service gratuit !
Ligne directe : 54 77 24 22.