Corsets, tromblons, masques à gaz et machines à vapeur : Jules Verne était de retour au Fond-de-Gras ce week-end ! La convention steampunk a une nouvelle fois créé un univers onirique au parc industriel et ferroviaire.
« Bonjour, je me présente, je me nomme Antoine Jolivet. Je suis le Grand Locomoteur de la Très Officieuse Société vaporiste belge », nous déclare le susnommé, frisotant d’un doigt malicieux sa moustache. Bigre, voilà un drôle de gus. On dirait un colon belge tout droit sorti de Tintin au Congo, mais quelque chose ne colle pas. Il porte sur son chapeau des lunettes aux étranges rouages. Et il discute avec une demoiselle qui semble à cheval entre l’époque victorienne et un monde rétrofuturiste…
Pas de doute, nous voilà accueilli au Fond-de-Gras par des adeptes du steampunk ! «En effet, mon ami. Nous vivons dans un autre monde, une uchronie dans laquelle la vapeur (steam) est restée la principale source d’énergie.» Sans ces cochonneries de pétrole et produits synthétiques, aurait pu ajouter notre Grand Locomoteur belge.
Et le plat pays compte-t-il beaucoup de ses semblables ? «Hélas, non, on est encore trop peu nombreux. C’est pourquoi nous adorons ce lieu. Je viens depuis la première convention, il y a six ans. Et dès le début, la sauce a pris, grâce à la communauté steampunk allemande, qui fait des choses remarquables. Mais je dois dire que ce lieu a un potentiel incroyable, et il faut souligner le travail de Frédéric Humbel. C’est une des rares conventions steampunk où on n’a pas l’impression d’être une marchandise ou des faire-valoir. Ici, on est cordialement invités, comme des hôtes de marque.»
Un compliment qui fera certainement plaisir à Frédéric Humbel, le coordinateur général du parc industriel et ferroviaire du Fond-de-Gras, qui a su amener l’univers de Jules Vernes dans ce lieu historiquement lié à la révolution industrielle du pays. Et le succès l’atteste : de 600 participants en 2010, la convention est passée à près de 7 000 aujourd’hui. La qualité s’est améliorée, elle aussi : les costumes (ne dites pas déguisements !) deviennent de plus en plus détaillés et perfectionnés.
[vc_column][TS_VCSC_Lightbox_Gallery lightbox_size= »large » content_images= »102905,102906,102907,102908,102909,102910,102911,102912,102913,102914,102915,102916,102917,102918,102919,102920,102921,102922″ content_images_titles= »Photos Editpress/Tania Feller » content_style= »NivoSlider » nivo_effect= »fade » lightbox_effect= »simpleFade » el_file1= » »][/TS_VCSC_Lightbox_Gallery][/vc_column]«Les femmes étaient belles à cette époque»
On croise des tromblons customisés, des veuves noires futuristes et de blanches ombrelles recouvertes de rouages… Chapeaux melon, cylindres, queues-de-pie, corsets, dentelles et cuirs, bois et cuivre : les codes steampunk sont respectés. Et si on se régale avec ces splendides costumes faits main, on s’amuse aussi avec des animations en tout genre, depuis le carrousel jusqu’au faiseur d’éclair et aux bonimenteurs.
À l’intérieur d’un hall industriel reconverti en salle d’exposition, des gentlemen marinés à la sauce steampunk nous proposent ainsi un défi «so British» : le test du thé. Assis à table, face à face, les adversaires doivent tremper les deux tiers d’un biscuit anglais – «ils ne sont pas bons, mais c’est la tradition», rigole l’arbitre – dans le thé, puis tenir le biscuit à la vertical le plus longtemps possible, sans qu’il ne s’effondre. Il faut tout le flegme d’un Londonien de la Belle Époque pour ne pas trembler…
On s’arrête ensuite au stand d’une passionnée de mode, au nom sulfureux : Mandragora. «Je suis modiste de métier, et chapelière de plaisir», explique cette Française expatriée en Belgique, à Charleroi. «Je suis passionnée par l’époque 1900, les chapeaux en particulier. Les femmes étaient belles à cette époque, il y avait une élégance, même dans le port de tête…»
On l’aura compris, ici, on fait dans l’artisanal : «Pour les peaux ou les plumes, par exemple, je travaille avec des taxidermistes anglais. Pas question de mettre de la camelote !»
Clément, 7 ans, est venu de Villerupt avec ses parents. «J’adore les gros pistolets futuristes. J’ai même vu une tête de mort télécommandée», s’enthousiasme le garçon. «Ils n’auraient pas pu trouver meilleur endroit», découvre Denis, son père. Le cadre industriel est génial. Avec le train à vapeur qui arrive à la gare, on se sent complètement hors du temps…» À 20 000 lieues du XXIe siècle !
Romain Van Dyck