L’immeuble du 49, boulevard Royal, domine toujours le plus grand chantier du centre-ville. Au stade actuel de l’avancée des travaux, même si les deux propriétaires récalcitrants décidaient de vendre leurs appartements, l’immeuble ne serait probablement pas détruit avant que le Royal-Hamilius ne sorte de terre.
Dans un pays dont l’ADN est particulièrement rationnel, il n’est toutefois pas complètement exclu de tomber sur un petit coin où le surréalisme est roi. Ici, le petit coin en question n’est rien de moins que le cœur de la capitale : le chantier Royal-Hamilius.
Il y a là un sacré paradoxe. Ce projet immobilier est l’un des plus grands que le pays ait connu. Il comptera certainement parmi ceux dont l’impact pour la vie de la capitale sera le plus important. Conçu par le bureau d’un des plus grands architectes contemporains (Norman Foster), soutenu par le plus grand fonds souverain du monde, celui d’Abu Dhabi (ADIA), ce ne sont pas les gages de sérieux qui manquent.
Mais au milieu du chantier, fier comme un Artaban tout de même passablement décati, l’immeuble du n° 49, boulevard Royal reste debout, stoïque. Comme si de rien n’était.
« C’est une histoire qui remonte à longtemps… », souffle Raphaël van der Vleugen, le directeur de Codic, promoteur du grand projet. Dès l’origine du projet, en fait. Lorsque la Ville, alors aux mains de Paul Helminger, a décidé de lancer ce programme, elle a commencé à acheter les bâtiments qui lui manquaient. Le 49 en faisait donc partie.
Constatant déjà qu’il serait compliqué de convaincre l’ensemble de la copropriété, la capitale imposait par précaution aux 70 participants du concours d’inclure une alternative dans leurs plans : il fallait donc imaginer le futur Royal-Hamilius avec ou sans le 49. Lorsque Codic remportait la mise en octobre 2010, il était déjà clair que les irréductibles poseraient problèmes.
« Nous avons pourtant pris les devants, assure Raphaël van der Vleugen. Nous sommes allés trouver tous les propriétaires, chacun deux fois, et séparément .» L’objectif étant de récupérer l’ensemble des 18 appartements, « notre offre était traduite en options ».
Dès le départ, trois propriétaires acceptent l’offre. D’autres ont refusé en attendant une contre-proposition et les deux derniers ne sont jamais revenus. « L’une de ces personnes nous a directement envoyé son avocat et l’autre n’a jamais répondu. Ils ont donc refusé toute négociation .» Le refus n’est donc pas motivé par l’appât du gain, mais par une question de principe. Sans surprise, ce sont ces deux personnes qui, aujourd’hui, bloquent le futur de tout l’immeuble. Comble de l’ironie, aucun d’eux n’habite au 49 !
«De gros problèmes de sécurité»
Devant l’impossibilité d’acquérir l’ensemble des logements, Codic n’a pas levé les options d’achat des propriétaires ayant donné leur accord. Le chantier est donc lancé selon le plan alternatif. « Notre priorité, c’est de construire, assène le promoteur. Nous avons des engagements à tenir envers la Ville, les investisseurs et les futurs locataires que sont l’Inno, Delhaize et la Fnac .» La première ouverture prévue est celle du Department Store, qui devrait avoir lieu au printemps 2018. Le dossier du 49 est donc mis de côté.
Mais en cas de retournement de situation, serait-il imaginable que le 49 soit réintégré aujourd’hui au projet? « Ce serait difficile, estime Raphaël van der Vleugen. Nous avons pris des mesures conservatoires pour protéger l’intégrité de l’immeuble, avec notamment des ancrages sur les pignons latéraux et arrière.
En contrebas, nous sommes sur la roche. Commencer maintenant la démolition alors que le gros-œuvre se poursuit à côté, cela poserait de gros problèmes de sécurité. » Sans compter que l’on ne sait pas exactement ce qu’il y a dans le 49… « Il faudrait réaliser un état des lieux. Qui sait si on ne trouverait pas de l’amiante, par exemple », s’interroge-t-il.
Bref, quoi qu’il puisse arriver, récupérer le 49 pour l’intégrer dans le grand projet est aujourd’hui pratiquement exclu. Surtout pour une question de timing, comme l’explique le directeur de Codic : « Il y aurait d’abord le temps de l’étude, puis la redéfinition du calendrier… cela risquerait de mettre un frein au développement des travaux .» Et, compte tenu des sommes investies, le temps est compté.
Ce constat ne signifie toutefois pas que le 49 fera bande à part ad vitam æternam. S’il paraît acquis que l’ouverture du Royal-Hamilius se fera sans lui, l’immeuble pourrait rejoindre le programme plus tard. « Il serait plus facile de l’associer une fois que le Royal-Hamilius sera construit, avance Raphaël van der Vleugen. Tout est mis en place pour qu’un 49 bis s’intègre dans le corps de la construction. » La fin de l’histoire n’est peut-être pas pour tout de suite…
Erwan Nonet
Histoire simplement ridicule! Mais le problème n’est pas nouveau au Luxembourg; combien de morceaux d’autoroute ont du être deviés à cause d’un agriculteur qui ne voulait pas ceder une de ses nombreuses parcelles de terrain? Dans les autres pays de l’UE, cela est interdit pas la loi, car ça va contre l’intêret géneral du pays, mais au Luxembourg, les abus de minorités sont fréquents!
Monsieur,
Avant de juger et donner votre avis , prennez au moins la peine de vous informer.
L’agriculteur dont vous parlez avec en un premier temps – par respect pour l’intérêt général – cédé ses terrains pour faire une autoroute.
Suite à cette cession au prix du terrain non constructible , le tracé d l’autoriute a été changé . Les terrains cédé ont été convertis en terrain constructible et commercialisés à prix d’or. Lorsque l’agriculteur a été solicité une deuxième fois pour céder d’autres terrains pour le nouveau tracé, il a demandé que lui soit rendu son premier terrain entretemps sans intérêt pour l’autoroute . Il a essuié un refus, d’autre se sont fait un sacré bénéfice sur son dos. Il ne voulait pas être le dindon de la farce une deuxième fois et a fait valoir ses droits. Il est décédé , ses enfants ont continué la bataille, à juste titre.
S’il est vrai qu’au bd Royal, une première proposition de la commune était correcte , les propositions suivantes étaient ridicules au point d’être injurieuses ( échange d’un apartement en pleine propriété existant contre un nouvel apartement en bail emphytéotique 3x plus cher ,
différence à payer par le propriétaire actuel)
Maintenant la situation est inextricable étant donné que deux copropriétaires se braquent.
En plus , au bd Royal , il n’est pas question d’intérêt public mais bel et bien d’une très grosse opération commerciale , propriété d’un fonds souverain d’Abou Dhabi ( ADIA A buou Dhabi Investment Autority) . À la fin du Bail emphytéotique , le tout revient à la Ville de Luxembourg . Le bâtiment 49 seul reste en pleine propriété. Un ravalement de la façade et l’immeuble sera très bien , avec de beaux apartements avec terrasses sur le bd Royal.
Bravo M.de Bourcy
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