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Menacé, le cheval ardennais revit à Munshausen


Il faut les voir transporter les grumes comme des fétus de paille, franchissant obstacles et dénivelés... (photo Isabella Finzi)

Robuste, écologique et originaire de nos régions, le cheval ardennais, longtemps menacé, reprend du poil de la bête! Il était à l’honneur dimanche à Munshausen, dans le nord du pays.

Transporter des tonnes de bois sur des terrains accidentés ne leur fait pas peur : les chevaux ardennais ont de nombreux talents, y compris celui d’évoquer d’«heureux souvenirs» au ministre de l’Agriculture!

« Vous savez, je suis issu d’une famille qui avait des chevaux ardennais », nous confie Fernand Etgen.  » D’ailleurs, mon père a toujours dit que c’est à cause de moi que notre famille en a eu, car quand j’étais petit j’en réclamais. Je montais dessus pour aller faire des balades… Ce sont de beaux souvenirs d’enfance. »

Le ministre de l’Agriculture était présent dimanche au «Dag vum Ardennerpäerd», la journée du cheval Ardennais, dans le charmant village de Munshausen (près de Clervaux). Un évènement important  : « Cela met en valeur une fois par an le cheval ardennais, cette race locale qui est menacée, et qui conserve pourtant une grande utilité dans l’agriculture. »

Originaire de la région, d’où son nom, ce cheval est une force de la nature. Puissant, endurant, il a longtemps constitué le «poids lourd» des forêts et des champs, accomplissant les travaux agricoles les plus éprouvants. L’arrivée des tracteurs et de leurs chevaux moteurs a failli sonner le glas de cette race, qui connaît heureusement un regain d’intérêt.

En témoignent les démonstrations de débardage qui accueillent les visiteurs. Là, des Ardennais emportent sans ciller une poutre que quatre hommes peineraient à traîner. Guidés de main de maître, les chevaux empilent les grumes, franchissent des obstacles avec précision… Impressionnant!

Transporter des tonnes de grumes ne lui fait rien, alors une carriole! (photo I.Finzi)

Transporter des tonnes de grumes ne lui fait rien, alors une carriole! (photo I.Finzi)

Un mastodonte qui demande du temps!

Un peu plus loin, on rencontre le Belge Pierre Rondia dans son atelier. Maréchal-ferrant depuis 15  ans, « cavalier depuis toujours », ce solide gaillard est en train de ferrer un mastodonte de près de 800  kg. « Je suis engagé à temps plein pour m’occuper de la douzaine de chevaux du village. Je ne ferre que les chevaux d’ici, cela suffit à me donner du travail quotidiennement. Le ferrage d’un cheval de trait, par exemple, ça demande près de deux heures. C’est un métier difficile, mais passionnant. » On n’en doute pas, il suffit de voir sa chemise trempée!

Il faut dire que dimanche le mercure nous faisait une «caniculite» aiguë, le mercure dépassant allègrement les 30°C. De quoi tanner le cuir des hommes comme des chevaux.

Dans un pré, Jean-Marc s’amuse justement à arroser deux magnifiques chevaux… « Ce sont des chevaux robustes qui peuvent atteindre 500, 600  kg, des Tinker, ou Irish Cob .» Jean-Marc participe pour la première fois à cet évènement. « Mon but est de montrer que ce sont de très bons chevaux de trait, très sociables, notamment pour les voyages en calèche. »

Il est juste gêné de devoir les laisser dans un petit enclos en plein cagnard. « Les chevaux, ils doivent pouvoir bouger, ils ont besoin d’espace, et les laisser ici pour moi, c’est limite. Les gens qui laissent leurs chevaux enfermés tout le temps, après, il ne faut pas qu’ils s’étonnent s’ils tombent malades! »

Le secrétaire d'État au Développement durable, Camille Gira (à g.), était dans son élément... (photo I.F.)

Le secrétaire d’État au Développement durable, Camille Gira (à g.), était dans son élément… (photo I.F.)

Cette journée n’était pas uniquement consacrée aux chevaux. On pouvait aussi croiser des ateliers de l’administration de la Nature et des Forêts, qui proposaient aux enfants de réaliser de la nourriture pour les oiseaux ou des maisons à insectes, ou encore un stand du lycée technique d’Ettelbruck, où l’énergie verte était à l’honneur.

300 km grâce aux «chevaux» électriques

L’enseignant Alain Weiler présentait ainsi l’e-lectrike solar  : « Notre projet a démarré en 2011, le but était de créer le premier tricycle alimenté par un panneau solaire. »

Et cette invention est plus qu’un bricolage de lycéen  : du 16 au 19  juillet 2014, leur e-lectrike solar a parcouru 300km, d’Ettelbruck jusqu’à Coblence en Allemagne! De quoi prouver que « cette distance peut être parcourue en majeure partie grâce à l’énergie solaire, et en diminuant les émissions de CO2 ». Le «cheval» électrique a en effet ceci de commun avec l’Ardennais qu’il nous rapproche d’une mobilité plus douce!

Romain Van Dyck

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