Luxembourg : une tour de 50 étages sera construite sur la place Guillaume II

Face au manque de logements dans la capitale, une tour d’une cinquantaine d’étages (250 mètres de hauteur) sera construite d’ici 2020 au centre de la place Guillaume II, à Luxembourg-Ville, a annoncé ce vendredi le gouvernement. Un centre commercial occuperait tout le rez-de chaussée.

« Notre territoire national ne peut pas s’agrandir et s’installer sur la Lune n’est pas encore possible. Nous devons donc utiliser intelligemment l’espace disponible », avait déclaré le secrétaire d’État Développement durable et aux Infrastructures, Camille Gira, lors d’une conférence de presse le 24 février dernier. Gagner de la hauteur, c’est le nouveau credo de l’exécutif.

Dans cette logique de densification urbaine, le gouvernement a décidé de ne pas perdre de temps : le ministre François Bausch a annoncé ce vendredi qu’un appel à projets allait être lancé pour donner naissance, « d’ici 2020 », à « une tour d’une cinquantaine d’étages » sur la place Guillaume-II.

« L’édifice grimpera à 250 mètres de hauteur. L’objectif est de créer 600 logements, qui pourront accueillir entre 2500 et 3000 habitants. Cela ne résoudra pas la pénurie, mais c’est une première pierre et un symbole fort que nous souhaitons adresser aux promoteurs et aux collectivités du pays. Oui, le Grand-Duché a besoin de gratte-ciels pour poursuivre son développement, et peu importe le lieu », explique François Bausch, alors que la population luxembourgeoise pourrait dépasser le million d’habitants à l’horizon 2060, selon un récent rapport de la Commission européenne.

« Ça rentre tout juste, mais ça rentre »

Le ministre des Infrastructures justifie le choix de cet emplacement au cœur de la capitale : « Ce n’est pas à Troisvierges ou à Remich qu’il y a des besoins. Comme les propriétaires privés font tous de la spéculation avec leurs terrains, l’État n’a pas d’autre choix que d’utiliser le rare foncier public qui lui reste. En largeur, ça rentre tout juste, mais ça rentre. En plus, la situation centrale de la place Guillaume-II est idéale. Le parking du Knuedler comptera bientôt 350 places supplémentaires, elles pourront être attribuées aux futurs locataires. La mixité sera favorisée, le centre-ville n’appartient pas qu’aux personnes riches. »

« Un coup de fouet au centre-ville »

Le gouvernement entend aussi saisir l’occasion pour « créer une synergie » avec le projet Royal-Hamilius : « Tout le rez-de-chaussée de la tour sera réservé à un grand centre commercial, qui accueillera les dernières enseignes encore absentes au Grand-Duché. Cela donnera un sacré coup de fouet au centre-ville », poursuit François Bausch.

« Le phare du Luxembourg »

Les motivations sont aussi touristiques et directement en phase avec la stratégie de « nation branding » initiée par le gouvernement. Au dernier étage, un restaurant panoramique « permettra de jouir d’une vue exceptionnelle sur la ville », se félicite le ministre. « Un concours d’architecture sera lancé, et le cahier des charges sera clair : nous voulons une structure originale et moderne. Ce bâtiment doit devenir le nouveau phare du Luxembourg, un joyau reconnu à l’échelle internationale. Car il faut cesser la langue de bois : ce n’est pas avec nos châteaux que nous allons doper la fréquentation touristique. »

Une coopération avec le Qatar, qui a édifié l’Aspire Tower à 300 mètres de hauteur, est même envisagée. « Ce partenariat nous aiderait à devenir un hub européen pour la finance islamique », confie-t-on au ministère des Finances.

Le gouvernement entend enfin donner à ce projet une touche de solidarité en réservant deux étages à l’accueil des demandeurs d’asile. « Il n’y a pas de raison qu’ils soient tous logés dans des conteneurs. Aussi, nous réfléchissons à l’idée d’attribuer d’office la nationalité luxembourgeoise à tous les locataires, sans aucun test de langue, car ils participeront de fait au rayonnement du pays », affirme encore le ministre du Développement durable.

« Construire vite et bien »

Face aux voix qui s’élèvent déjà pour dénoncer le projet, notamment du côté des commerçants qui craignent encore d’interminables travaux, François Bausch rassure : « Le prestataire devra construire vite et bien. Il sera rémunéré en conséquence. Les syndicats nous ont déjà dit qu’ils n’étaient pas opposés à une nouvelle taxe sur les salaires pour financer ce supplément, ils savent que c’est pour le bien du pays. Ils sont bien conscients que nous ne pouvons pas taxer davantage la place financière. Si le projet était mené au Kirchberg, ou s’il intégrait des bureaux pour les banques, ce serait peut-être différent. »

Il ne s’agira que d’une première étape : le gouvernement a déjà prévu un emplacement pour une éventuelle seconde tour, juste à côté. Vous avez dit Ground Zero ?

Le Quotidien / S.A.