Cette année, pas de Schueberfouer à Luxembourg, mais plus d’une quinzaine de kermesses dans différents quartiers de la capitale. La ville doit vivre cet été.
L’administration communale, ses services et partenaires ont mis en place une série d’attractions qui permettront aux citadins et aux visiteurs de s’occuper et de se divertir sous certaines conditions. Le respect des mesures sanitaires est primordial pour la bourgmestre Lydie Polfer qui rappelle que ce n’est pas parce que l’état de crise est arrivé à son terme que le Covid-19 a disparu. Les personnes qui profiteront des différentes attractions proposées devront se conduire de manière responsable et se tenir aux règles. Des équipes de surveillance encadreront les différentes attractions pour veiller à leur respect.
Le programme des réjouissances commence ce samedi par la mise en service d’une grande roue de 50 mètres et de 36 nacelles à la Kinnekswiss qui opérera ses tout premiers voyages. Elle tournera de 11 h à 22 h jusqu’au 13 septembre. Les places seront vendues à 6 euros par personne, 4 euros pour les moins de dix ans et 20 euros pour les groupes d’au moins quatre personnes. Six mille billets gratuits seront distribués tout l’été dans la capitale. Ce que l’administration appelle un «lounge» sera installé aux abords de la grande roue.
«On ne va pas s’ennuyer à Luxembourg-Ville cet été», promet Lydie Polfer. En effet, seize kermesses vont être implantées dans les quartiers de la capitale du 18 juillet au 13 septembre. Le concept est inédit et permet de soutenir les forains privés de Schueberfouer. Soixante-douze attractions seront réparties entre le centre-ville et les quartiers de Bonnevoie (place Jeanne-d’Arc), Eich (parc Laval), Hollerich (parc de Merl), Cessange (place de Roedgen), Gare (rue de Strasbourg), Merl (place Thorn) et Limpertsberg (place Auguste-Laurent). Les enfants pourront goûter au plaisir des autos tamponneuses ou de la pêche aux canards, s’étourdir sur les manèges ou gagner des prix en tirant à la carabine de 11 h à 22 h. L’utilisation des manèges sera gratuite. Ce ne sera pas le cas des jeux faisant gagner des lots, de l’alimentation et des boissons ainsi que des stands de vente qui seront payants.
Dans le même esprit, Street Animation proposera aux visiteurs et aux citadins de s’essayer à diverses attractions foraines dans les rues piétonnes de la capitale comme au croisement des rues Aldringen et Grand-Rue ou au Piquet, dans le parc de la Villa Vauban, au Roude Pëtz ou au square Jan-Palach. Des attractions, un village gastronomique avec «lounge» et des camelots s’installeront tout l’été place de la Constitution dans le cadre d’un concept intitulé Summer bei der Gëlle Fra.
«Un cocktail estival alléchant»
Du côté de la place du Théâtre, la Ville mise pour une deuxième année consécutive sur le concept de Theaterplage. La place est transformée en plage avec un bac à sable, des jeux et des transats dans une ambiance colorée. Des plats et des boissons y sont également servis.
Malgré la menace du virus qui plane, la Ville et la Cinémathèque conservent plus que jamais leur concept de cinéma en extérieur. Après la place du palais, la cour des Capucins et les Rotondes, ce cinéma s’installe au Glacis. «Cela s’appelle Cinéma au Glacis – Drive & Walk-in. Ce n’est pas un hasard. C’est censé être un festival de cinéma et pas nécessairement un festival automobile», souligne Claude Bertemes, le directeur de la Cinémathèque. «Les gens peuvent y venir sur roues ou à pied.» L’espace du Glacis réservé à cette attraction pourra accueillir 130 voitures et 27 «loges» de quatre personnes pendant seize séances de cinéma du 17 juillet au 1er août vers 21 h 30. «Le concept de drive-in n’est pas une solution de dernière minute pour nous, il va bien avec la Cinémathèque. Il reflète l’histoire du cinéma dans les années 1950 et 1960, indique Claude Bertemes. Son aspect vintage colle à l’ADN d’une cinémathèque.» La programmation sera «un cocktail estival alléchant» composé de grands classiques du cinéma, de films familiaux, de films cultes, de films pour les filles ou encore de films récents. Les places doivent être réservées sur luxembourg-ticket.lu. Leur prix est de 10 euros par voiture ou par «loge».
Un «Drive-In Food Village», à proximité, accessible à pied et en voiture, proposera toutes les spécialités culinaires typiques des fêtes foraines, de la pomme d’amour au «gebackene Fësch» jusqu’au 13 septembre.
Enfin, une édition du Glacismaart aura lieu le 16 août de 10 h à 17 h et le dimanche 2 août auront lieu un Konscht am Gronn et un vide-grenier sur la place Guillaume-II. Une brocante aura lieu le 8 août dans la Grand-Rue, la rue Aldringen et au Piquet.
La fête sera folle à Luxembourg, mais sans alcool. La Ville a décidé de ne pas servir d’alcool sur le site des différentes attractions proposées tout au long de l’été pour ne pas encourager les dérives et pour faire en sorte que les règles sanitaires soient bel et bien respectées. Car si la Ville a choisi d’organiser petites kermesses et autres activités à des endroits différents, c’est certes pour égayer la ville et ramener la vie dans les quartiers après le confinement, mais avant tout pour éviter les rassemblements trop importants en un seul et même endroit.
Plus d’informations sur les différentes attractions et les endroits où les trouver ainsi que sur les films diffusés sur summer.vdl.lu.
Sophie Kieffer
«Un salaire fixe, c’est nouveau pour nous»
Privés de Schueberfouer, les forains acceptent avec plaisir le projet de kermesses malgré quelques incompréhensions et remous au début de sa mise en place. Soixante-douze forains mettront leur savoir-faire au service de la Ville de Luxembourg et de ses administrés cet été. Les demandes de participation adressées à l’office des fêtes, foires et marchés étaient nombreuses et toutes n’ont pu être retenues. En raison de la crise du Covid-19, kermesses traditionnelles et fêtes foraines ont été annulées, empêchant les forains de travailler. En proposant ces petites kermesses de quartier, la Ville de Luxembourg a voulu les soutenir. «Ce n’est pas la Fouer», a martelé la bourgmestre Lydie Polfer, mais c’est mieux que rien.
«Nous avons pris contact avec l’association des forains. Au début des transactions, il y a eu une sorte de malaise, car les modalités de rémunération pour ces deux mois n’étaient pas claires, notamment quand la décision a été prise de rendre les attractions gratuites», explique l’échevin Patrick Goldschmidt. «C’était important pour nous afin qu’il n’y ait pas de disputes entre les forains sur la question des emplacements. (…) L’idée de base était de se demander comment aider les forains luxembourgeois comme nous avons aidé les commerçants. (…) Les rémunérations ont été fixées en interne. Au départ, ce n’était pas clair si ces rémunérations étaient pour toute la durée de l’action ou par mois. C’était par mois.»
Certains forains ont trouvé au début des négociations que les sommes proposées étaient trop faibles par rapport aux frais engendrés par leurs attractions ou aux coûts de fonctionnement. «S’ils avaient jugé notre offre insuffisante, nous n’aurions pas eu autant de demandes de leur part», poursuit l’échevin.
«Nous n’avons plus travaillé depuis le 24 décembre de l’an passé, indique le président des forains, Charles Hary. Nous sommes heureux de cette initiative, mais regrettons que les forains qui exploitent des grands restaurants ne puissent en être. (…) Nous allons recevoir un salaire fixe, ce qui est nouveau pour nous. Nous n’avons jamais encore connu pareille situation, nous allons devoir faire avec de notre mieux et nous remercions la Ville de nous proposer cette solution.»