Luxembourg : ils ne veulent plus de voitures dans la rue du Fossé

L’ASBL ProVelo (anciennement Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ) veut définitivement faire interdire le transit de voitures privées dans le «Gruef» et demande une entrevue avec la bourgmestre Polfer.

La phase test, faisant de la rue du Fossé (dite «Gruef») une artère interdite à la circulation motorisée (exception faite des bus, des véhicules de police et de secours, des véhicules de livraison, des commerçants du «Stater Maart» du Knuedler…), est saluée à l’unanimité par l’ASBL ProVelo. En effet, le reclassement provisoire de cette rue en «zone piétonne» est apprécié par beaucoup, dont les 1 400 membres de l’association.

Cela dit, cette situation, qui court depuis le mois d’août et qui a été prolongée jusqu’à la fin de ce mois-ci, «doit restée telle quelle», selon la présidente, Monique Goldschmit.

«On veut une réunion avec Mme Polfer !»

«En ce sens» , poursuit Monique Goldschmit, «nous voulons désormais une décision permanente, afin d’interdire définitivement le trafic motorisé privé. Or la Ville est en train de se pencher sur ‘une zone de rencontre’ (et non ‘une zone piétonne’), mais on n’en veut pas car une ‘zone de rencontre’ reviendrait à autoriser à nouveau le trafic motorisé privé. Nous revendiquons une zone piétonne pour la mobilité active, dans laquelle ne pourront circuler que cyclistes et piétons et les véhicules motorisés qui auraient une autorisation.»

D’un autre côté, force est de constater que nombre d’automobilistes ne respectent pas les restrictions liées à la phase test : «Je crois que certains automobilistes ne voient pas les panneaux de signalisation, ou qu’ils ne comprennent pas le code de la route, car ils continuent à emprunter la rue du Fossé, lorsqu’il n’y a pas de contrôles. Certains ralentissent, observent les panneaux, mais continuent et s’engagent tout de même dans le Gruef. Donc, si l’on souhaite une réelle interdiction aux voitures privées, il faut qu’un agent communal soit en permanence sur les lieux. Il y a aussi l’option d’un poteau amovible qui serait installé à l’entrée de la rue du Fossé (face à la librairie Ernster), afin de permettre aux véhicules autorisés de pouvoir emprunter la rue du Fossé : cette solution serait bien plus dissuasive que de simples panneaux d’avertissement.»

Par ailleurs, Monique Goldschmit dit attendre avec impatience une entrevue avec la bourgmestre de la capitale, Lydie Polfer : «Les politiciens sont au courant, mais nous essayons, depuis des mois, d’avoir une réunion avec la Ville de Luxembourg, mais on obtient toujours la même réponse : ‘on reviendra vers vous pour organiser une réunion’, et celle-ci n’a pas lieu. Certes, la dernière entrevue que nous avons eue avec la Ville date du mois d’août 2019, mais en attendant, la Ville ne nous reçoit pas. Quant à tous nos courriers que nous lui avons adressés, nous attendons de 3 à 4 mois avant d’avoir une réponse qui n’est pas concrète… alors nous renvoyons des lettres et courriers, en espérant à chaque fois avoir des réponses à nos questions. Nous voulons et nous attendons impatiemment une réunion avec Madame Polfer, car il faut que la Ville prenne une décision !»

De manière générale, Monique Goldschmit explique ne pas comprendre cette attitude car, selon elle, «la Ville devrait normalement se rendre compte que la mobilité douce apaise la ville, augmente la qualité de vie. Je pense que Madame la bourgmestre devrait mettre cette question tout en haut de son agenda politique. Après une phase d’essai, il serait logique d’essayer d’aller plus loin», conclut-t-elle.

«La police contrôle quand elle n’a rien d’autre à faire»

Parmi les 1 400 membres de l’association ProVelo/Lëtzebuerger VëlosInitiativ, il y a un certain Paul Ruppert, «membre depuis une éternité» , et venu apporter son soutien.

«Les cyclistes ont besoin de pistes cyclables sur lesquelles ils se sentent sûrs et à l’aise. Rendre le Gruef en piétonnier ne serait pas seulement bénéfique pour les cyclistes, mais aussi pour la ville, ses commerçants, ses habitants et pour toutes les personnes qui s’y promènent. Nous souhaitons que les responsables (politiques) reconnaissent que tout le monde serait gagnant à miser sur une autre mobilité. Car il faut donner la priorité à la mobilité active et interdire au maximum les voitures en ville.»

Avant, pour lui, de préciser le fond de sa pensée : «Si l’on fait quelque chose, il faut clairement indiquer ce que l’on veut faire ! Au cours de cette phase test, la rue du Fossé a été décrétée comme étant une zone piétonne, mais on a quand même laissé circuler les voitures. Et j’ai personnellement vécu cette situation, à vélo : j’ai croisé une voiture privée qui devançait de 50 mètres une voiture de police, elle-même suivie d’une autre voiture privée. Je l’ai fait remarquer à la police en ces termes : ‘La rue du Fossé est-elle toujours bloquée aux voitures ? Y a-t-il des contrôles ?’ Les agents de police m’ont répondu : ‘Oui, normalement elle est bloquée, et si nous n’avons rien d’autre à faire, nous effectuons des contrôles’… On ne peut pas régler la circulation de cette façon ! Soit on communique de façon claire, et l’on réserve la rue aux piétons et aux cyclistes, sinon on fait de la politique qui n’ose pas se confronter aux personnes qui sont contre ce projet. On ne résout pas de problèmes ainsi; au contraire, on aggrave la situation, car il y aura des accidents. Les automobilistes n’ont pas besoin du Gruef, car il y a assez de routes autour de la Ville, et puis il y a le tunnel du Saint-Esprit…De plus, on a toujours dit que le Gruef a séparé les habitants de la ville; alors qui les a séparés ? Eh bien, ce sont les voitures des particuliers ! Alors, éliminons cette séparation une bonne fois pour toutes !», s’exclame Paul Ruppert.

Claude Damiani