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Les vignes de Moselle ont retrouvé du jus


L'état sanitaire dans les rangs est excellent. Les raisins et les feuilles sont en pleine santé. (photo Erwan Nonet)

Après une série de millésimes compliqués, la confiance est cette fois de rigueur sur la Moselle. Les raisins sont bien formés, la vigne en parfait état… Les feux sont au vert !

Pourrait-on aller jusqu’à dire que le terrible départ est oublié ? Non, car les températures glaciales de la fin avril (-7,5°C au sol à Grevenmacher le 20 avril) ont causé des dommages irréparables. «Chez nous, les vignes les plus touchées produiront 30% de raisins en moins et nous nous attendons à une production inférieure de 20% en moyenne sur nos 12 hectares», explique Claude Scheuren (domaine Kohll-Leuck, à Ehnen).

Mais depuis l’épisode polaire survenu lorsque les bourgeons sortaient, au pire moment, tout est rentré dans l’ordre. «La floraison s’est déroulée par temps sec et elle a donc été très belle», souligne le vigneron. Et ensuite, le grand soleil et la chaleur ont permis aux grappes de se développer parfaitement. «Les raisins qui sont là sont très beaux», confirme Claude Scheuren.

L’indication est d’importance puisque dès que les raisins sont bien formés, ils ne craignent plus les maladies. L’année dernière, une bonne partie de la récolte avait été décimée par Peronospora qui avait anéanti des vignes entières dès le printemps. Cette fois, ce ne sera pas le cas. «Nous pulvériserons une dernière fois à la fin de la semaine prochaine et nous serons dès lors définitivement tranquilles», explique-t-il. Il ne restera donc plus au raisin qu’à mûrir à point, ce qui est en très bonne voie.

Effeuillage, rognage et désherbage

Car la plante, avec le temps qu’il fait actuellement, croît à une vitesse effrénée. Soleil vigoureux, pluies intermittentes… le cocktail est idéal ! «La vigne pousse très vite et il faut la remettre dans les fils. C’est beaucoup de travail !» Bien fixer les sarments dans les fils de fer est nécessaire, car les bois sont trop fins pour porter seuls le poids des grappes. «Il s’agit d’un moment délicat parce que l’on ne peut pas être partout en même temps et qu’il faut définir les vignes à travailler en priorité. Si les bois ne sont pas fixés, qu’ils sont trop hauts et que le vent se lève, ils peuvent casser et la branche est perdue.» Au domaine, les deux dernières semaines ont été vouées à cette tâche et il faudra y retourner vite si le temps se maintient.

La semaine prochaine, elle, sera dédiée à l’effeuillage. «Certains domaines choisissent d’enlever les feuilles autour des grappes uniquement du côté situé à l’ombre, mais nous, nous le faisons des deux côtés», détaille Claude Scheuren. L’effeuillage se pratique à la machine, mais il est nécessaire de finir le travail à la main. Cette pratique permet d’aérer la végétation qui sèche plus rapidement après les pluies, ce qui freine l’ardeur des maladies qui se développent dans l’humidité. Autre intérêt, l’effeuillage côté soleil permet d’habituer le raisin à ses rayons. «Lorsque les grains sont exposés dès le début, la peau s’épaissit et ils sont plus résistants», affirme-t-il. L’année dernière, un soleil trop généreux avait même brûlé certaines grappes juste avant les vendanges. Un risque qui ne devrait pas exister cette année car ce que la plante n’aime pas, ce sont les changements de temps brutaux.

« Le stress est derrière nous »

Autre travail d’été, le rognage, qui consiste à couper les sarments qui dépassent du fil. Il est nécessaire de renouveler l’opération toutes les trois semaines environ.

Enfin, Claude Scheuren ajoute une tâche : le désherbage entre les rangs qui, au domaine Kohll-Leuck, est aujourd’hui réalisé mécaniquement. «Nous avons investi il y a trois ans dans une machine qui nous permet de ne plus utiliser de désherbant chimique, ce qui est une très bonne chose. Cela entre dans notre politique d’une viticulture raisonnée.» Passer au bio n’est pas au programme, mais l’utilisation des produits de synthèse est réduite au strict nécessaire.

Désormais, «la grosse période de stress est derrière nous», souffle le vigneron. Le printemps s’est admirablement passé et la vigne est désormais très bien lancée. Le risque des maladies cryptogamiques (mildiou…) est écarté, d’autant que le champignon n’aime pas du tout les grosses chaleurs. En ce début de mois de juillet, la confiance est donc de mise. «Les raisins sont beaux, on part sur une belle qualité», se félicite Claude Scheuren. Après un millésime 2016 compliqué, une récolte jolie et facile (si l’on oublie le gel tardif) sera appréciée à sa juste valeur par les vignerons de la Moselle.

Erwan Nonet

Des vendanges dès la première semaine de septembre ?

Serge Fischer, qui dirige le service viticulture de l’Institut viti-vinicole, confirme les impressions de Claude Scheuren. Il va même plus loin en avançant un départ possible des vendanges pour la semaine du 4 septembre pour «certaines vignes précoces, bien orientées et qui portent peu de grappes».

Le rivaner est le cépage qui sera sûrement récolté en premier. «La floraison s’est très bien passée, les rendements seront limités à cause du gel et la météo est jusque- là parfaite avec de la chaleur et un peu de pluie : tout est en place pour une maturation des raisins très précoce.»

On parle tout de même là d’une bonne quinzaine de jours d’avance sur une année normale.

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