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Les toxicomanes vieillissent au Luxembourg


L'accompagnement des toxicomanes âgés doit être adapté à leur situation. (Photo : Archives LQ)

À l’heure du bilan de l’année écoulée, les équipes de Jugend- an Drogenhëllef mettent l’accent sur la nouvelle problématique qu’est le vieillissement des toxicomanes.

Les overdoses diminuent d’année en année grâce aux différentes politiques sanitaires et sociales mises en place depuis 25 ans. Les échanges de seringues, les salles de consommation, les structures d’accueil et les programmes de substitution aident le toxicomane dans sa dépendance aux drogues. «Toutes ces mesures permettent souvent de stabiliser le toxicomane», explique le directeur de la fondation Jugend-an Drogenhëllef (JDH), Jean-Nico Pierre.

Ces politiques ont pour conséquence le vieillissement des toxicomanes, un phénomène observé partout en Europe et décrit par le directeur comme une «problématique nouvelle». «Il s’avère que ces toxicomanes vieillissants présentent des caractéristiques, tant au niveau psychique que somatique, qui les rapprochent beaucoup plus de personnes non consommatrices de drogues âgées de 65 ans et plus que de leur catégorie d’âge intrinsèque», poursuit le directeur.

Un congrès européen à Luxembourg en juin

Ce vieillissement des toxicomanes a conduit la JDH à entamer des actions l’année dernière, car leur prise en charge révèle deux problèmes majeurs. En premier lieu, les objectifs de substitution diffèrent pour un jeune qui vient de commencer à se droguer et pour un consommateur qui a déjà vingt-cinq ans de toxicomanie derrière lui. Héberger un trentenaire en «relative bonne santé et qui travaille» ne demande pas autant d’énergie qu’héberger un quinquagénaire «qui cumule les ennuis de santé graves et invalidants».

Ensuite, le réseau d’aide non spécialisée «déjà submergé de travail», selon Jean-Nico Pierre, ne peut prendre en charge ces clients vieillissants. «Qui n’a jamais essayé de trouver un lit pour un toxicomane de 45 ans incapable de vivre seul, malade et au bout du rouleau pourra peut-être difficilement comprendre les difficultés rencontrées. Peu importe que ce lit soit demandé dans un hôpital, une maison de retraite ou une structure d’hébergement», explique pour sa part Hervé Hick, responsable du service «Les Niches», l’hébergement encadré.

Ce problème du vieillissement sera d’ailleurs le thème d’un congrès européen qui se tiendra les 11 et 12 juin prochain à Luxembourg. «Avec des partenaires suisses et hollandais, nous avons commencé à avoir des échanges tant sur les besoins de ces toxicomanes plus âgés que sur les moyens nécessaires à une prise en charge performante», informe le directeur. Le projet, intitulé «Sucht im Alter» a établi que d’autres pays avaient pris quelques longueurs d’avance sur le Luxembourg alors que la JDH travaille déjà avec ce public dans le cadre de ses logements accompagnés. Le congrès aura comme objectif aussi une sensibilisation au niveau européen.

Pour sa part, la JDH mène un projet pilote à travers une maison communautaire destinée à héberger cinq personnes âgées de 40 ans et plus. La Villa Armand les accueille mais tout restait à inventer. «Nous appuyant sur un règlement d’ordre interne assez précis, nous avons dû apprendre un nouveau métier, nous remettant souvent en cause, navigant entre une certaine tolérance et l’obligation de garantir à chacun un havre de paix et de sécurité», explique Hervé Hick.

Au terme de cette première année de fonctionnement, les pensionnaires, dont l’âge moyen est de 48 ans, ont tous exprimé leur satisfaction de ne plus vivre seuls, mais avec l’équipe de la JDH, ils ont dû tout inventer et consacrer quelque 300 heures de travail dans la villa Armand. Mais d’ici quelques années, il s’agira de voir si cette structure restera adaptée pour ces mêmes «clients», plus âgés et donc plus malades.

En attendant, le modèle de la Villa Armand a fait ses preuves et peut être facilement reproduit dans d’autres maisons. Si les moyens suivent.

Geneviève Montaigu

La JDH lance un appel aux dons sur son site, www.jdh.lu

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