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Heisdorf : une maison pour les réfugiées et les migrantes


C'est une structure orientée vers les femmes qui ouvre à Heisdorf (Photo : Alain Rischard).

La fondation Caritas Luxembourg a inauguré mercredi la maison baptisée «Le Temps des femmes», un lieu d’échange et d’apprentissage pour les femmes réfugiées ou migrantes.

Exit les pupitres et le matériel scolaire qui meublaient la maison à deux étages au cœur du domaine des Sœurs de la doctrine chrétienne à Heisdorf. Voilà désormais ici et là des fauteuils et des canapés, une grande table surmontée d’un miroir faisant office de coiffeuse, des machines à coudre et des paniers débordant de pelotes de laine et autres tissus. Le tableau blanc est lui resté, toujours ponctué de phrases en français.
Après avoir accueilli les classes passerelles, ces cours dispensés à de jeunes demandeurs de protection internationale trop âgés pour intégrer le système scolaire (jusqu’à ce que l’Éducation nationale les prenne finalement en charge), le bâtiment, qui fut aussi jadis un dortoir, est officiellement devenu hier «Le Temps des femmes», une maison entièrement dédiée aux femmes réfugiées ou migrantes.
Une initiative née du constat fait par la fondation Caritas, via ses différentes actions sociales, que les femmes réfugiées ou migrantes se retrouvaient souvent complètement isolées et livrées à elles-mêmes.

«C’est un groupe vulnérable, qui a souvent vécu des traumatismes de guerre ou connu la violence dans leur pays ou sur leur chemin vers l’Europe. Certaines sont même venues seules, sans mari ni enfant. Il s’agit donc ici avant tout de leur montrer qu’elles ne sont pas seules», insiste la présidente de Caritas Luxembourg, Marie-Josée Jacobs.

Un lieu de vie chaleureux (Photo : Alain Rischard).

Un lieu de vie chaleureux (Photo : Alain Rischard).

Rompre l’isolement

Cette maison des femmes sera donc pour toutes celles qui le souhaitent, qu’elles soient hébergées en foyer ou non, l’occasion de trouver un peu de répit, de s’occuper, d’apprendre les langues du pays mais aussi et surtout de parler et d’échanger entre elles ou avec les bénévoles.
La structure, ouverte les lundis, mercredis et vendredis après-midi, et les mardis et jeudis matin, proposera à ces femmes différentes activités telles que de la couture, de la cuisine, de la peinture, du yoga…
Ce lieu qui permettra d’échanger autour des différences culturelles et traditions de chacune, pourra aussi avoir pour vocation d’apaiser les éventuels conflits liés à ces différences, comme le souhaite Marie-Josée Jacobs. «Dans leurs pays d’origine, il y a parfois des affrontements entre tribus rivales. Au Luxembourg, pays multiculturel, on peut découvrir que vivre ensemble malgré les différences est une richesse. Dans cette maison, les femmes pourront aussi se rendre compte que les problèmes (de viol, de violences) sont souvent les mêmes pour bon nombre de femmes réfugiées ou migrantes, quel que soit le pays d’où elles viennent.»

Un relais vers les institutions

Une assistante sociale, Tatiana Chambert, sera tous les jours présente au sein de la structure pour les accompagner et les écouter. Elle sera accompagnée de trois autres bénévoles, dont une psychologue. «Nous souhaitons répondre aux demandes des femmes elles-mêmes, à leurs besoins spécifiques. On veut qu’elles s’approprient cette maison», explique Tatiana Chambert, qui signale que les volontaires bénévoles sont les bienvenus.
En parallèle des activités proposées, Caritas a l’intention d’organiser des rendez-vous avec des professionnels, notamment des sages-femmes ou des personnes qui pourront expliquer le système éducatif luxembourgeois, afin de faciliter l’intégration des femmes réfugiées ou migrantes, mais aussi et surtout de répondre à leurs préoccupations spécifiques en tant que femmes et mères.
«Caritas pourra les guider dans leurs souhaits d’apprentissage et de développement personnel et professionnel», résume Marie-Josée Jacobs. «Cela permettra aussi de créer des ponts vers les institutions qui pourraient les aider au mieux, telles que des organismes de formation, des services sociaux ou juridiques, de santé, comme le Planning familial, etc.»
L’initiative semble en tout cas ravir les principales concernées. Elles étaient une dizaine à participer à l’inauguration, parmi lesquelles Meaza, 36 ans, et Feuen, 24 ans, toutes deux originaires d’Érythrée. «On va venir toutes les semaines, c’est une belle opportunité pour parler avec les gens et apprendre le français.»

Tatiana Salvan

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