Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
S’il fallait raconter la Jeunesse d’Esch à travers une figure, ça serait bien lui : Gilbert Simonelli est décédé ce jeudi. Tout un club pleure l’un de ses plus grands talents gâchés, en même temps qu’une figure du club jadis ouvrier.
«Simonelli c’était tout noir ou tout blanc, très tranché, comme la couleur du maillot », raconte Guy Van Hulle. Le supporter infatigable de la Jeunesse, moustache la plus connue d’Esch-sur-Alzette, a le cœur lourd ce jeudi. Comme tous les fans des Bianconeri, il sait qu’un bout de l’histoire du club vient de partir. « Il a appris à jouer au foot place du Brill, sous les platanes, quand on avait encore le droit d’y jouer. Ou alors rue Nelson-Mandela, tous ces coins du Esch de notre enfance. » Ouvrier eschois puis syndicaliste, Gilbert Simonelli représente « l’esprit club » de la Jeunesse : l’équipe d’en bas, des Terres-Rouges, et la passion toute transalpine du foot.
« Au milieu des années 60, il était l’un des meilleurs jeunes milieu offensif du pays, estime Guy Van Hulle. Il n’a pas percé dans l’équipe pro pour des raisons de santé, son genou je crois. Il y a toujours eu une forme d’amertume par rapport à ça, l’idée d’un talent gâché. Mais il est resté très attaché à son club : c’était une passion infaillible, c’était sanguin. Gilbert était un « ultra » avant l’heure ! »
Très engagé à gauche en politique, Gilbert Simonelli avait sa signature dans le journal communiste luxembourgeois du Zeitung.
Longtemps, il a refusé de prendre des responsabilités dans le club. « Il était toujours dans l’opposition, en politique comme dans le foot, sourit Guy Van Hulle. Un jour je lui ai dit :’pourquoi tu ne cherches pas à changer le club de l’intérieur ?’ Il m’avait répondu : ‘moi leurs réunions de comité, je reste une heure dedans, je ressors fâché avec tout le monde !’ » Ne jamais dire « fontaine je ne boirai pas de ton eau » : Gilbert Simonelli avait fini par occuper un poste de responsable au sein de la commission des jeunes.
Hubert Gamelon
