Accueil | Dossiers | Forte chaleur et inondations : l’été 2016 n’a pas fini de se répéter au Luxembourg

Forte chaleur et inondations : l’été 2016 n’a pas fini de se répéter au Luxembourg


Les phénomènes orageux qui ont touché le Grand-Duché cet été risquent d'être plus fréquents et plus brutaux au fil des ans à cause du réchauffement climatique. (photo archives LQ)

Le Luxembourg a connu une saison estivale particulièrement agitée entre inondations et fortes chaleurs. Une situation qui devrait se répéter selon le Luxembourg Institute of Science and Technology.

À cause du réchauffement planétaire, les phénomènes climatiques marquants (vagues de chaleur, fortes pluies, orages violents, tempêtes…) devraient être plus longs, plus fréquents.

Mercredi, les températures étaient encore particulièrement élevées pour la saison. Avec environ 30 °C à l’ombre sur tout le pays, la période estivale a décidé de jouer les prolongations! Comme un fait exprès, ces températures commencent à baisser à partir de ce jeudi, jour de la rentrée des classes. En fin de semaine, elles tourneront autour de 20 °C et la pluie est même attendue! Attention, des orages pourront même toucher localement le pays demain, selon les météorologistes de MeteoLux.

L’été météorologique s’est terminé le 1er septembre. Petit rappel : il avait commencé le 1er juin. Les spécialistes de la station du Findel, dans leur bilan, ont estimé que cet été avait été «légèrement trop chaud, modérément ensoleillé et très arrosé». Parmi les faits marquants, il y a bien sûr les violents orages qui se sont abattus notamment dans le sud du pays le 7 juin (à Sanem, Bettembourg et dans le Réiserbann, entre autres) et surtout ceux qui ont touché le centre et l’est du pays les 21 et 22 juillet.

En août, MeteoLux a aussi déclenché une alerte orange pour avis de grande chaleur du mercredi 24 au samedi 27! La température maximale absolue de cet été a été enregistrée le 26 août avec 34,9 °C, il s’agit d’un record historique jamais atteint durant la dernière décade du mois d’août à la station météorologique de Findel et ce depuis le début des enregistrements en 1947.

Toutes ces données ont été scrutées également par les spécialistes du Luxembourg Institute of Science and Technology. Parmi eux, Ivonne Trebs, chercheuse dans le domaine du climat et de l’environnement. L’institut a aussi diffusé son propre compte rendu sur cet été pour le moins agité. Par exemple, la station météo de Remich a enregistré une pluviométrie supérieure de 11 % par rapport à la moyenne décennale 2001-2010. Vous voulez encore des anomalies? Dans le même registre, la station du Findel a enregistré une hausse des précipitations de 27 % par rapport à cette moyenne, celle d’Ettelbruck 19 % et celle d’Echternach 49 %.

«Les pluies torrentielles que nous avons connues cette année ont été, pour une grande majorité d’entre elles, limitées à des aires géographiques restreintes, explique la chercheuse. Ce type de phénomène local est très difficile à prévoir sur la base des modèles météorologiques. À l’avenir, les scénarios climatiques prévoient à l’échelle mondiale une augmentation de la fréquence de ces épisodes de fortes pluies.

Le Luxembourg Institut of Science and Technology (LIST) a lancé une étude pour savoir si ce sera le cas aussi plus particulièrement au niveau du Grand-Duché.»

Des phénomènes violents plus fréquents

«Les premières évaluations du LIST montrent que le pays a connu une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes ces dernières années», précise Ivonne Trebs. La chercheuse rappelle néanmoins qu’il faut des données sur de très longues périodes (des décennies) pour confirmer une véritable tendance.

Mais cette augmentation des épisodes de précipitations très intenses qui se dessine au fil des relevés météos peut être attribuée au réchauffement climatique. Le phénomène naturel climatique El Niño, qui a touché l’océan Pacifique cette année, n’a pas eu d’incidence forte sur la situation au Luxembourg cet été. «El Niño a une très faible influence sur la météo au Luxembourg,  confirme Ivonne Trebs. Le phénomène provoque de fortes pluies dans le sud des États-Unis et de fortes sécheresses en Australie et en Indonésie. En Europe et au Luxembourg, l’influence d’El Niño est donc très faible par rapport à d’autres régions du monde. Il peut néanmoins provoquer localement des phénomènes convectifs provoquant de très fortes pluies.»

Le réchauffement climatique, désigné «coupable principal» pour les perturbations chez nous, risque-t-il alors de provoquer une multiplication des phénomènes météorologiques violents, même au Grand-Duché?

La chercheuse du LIST dresse un triste constat : «Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il est très vraisemblable que dans le futur, et dans de nombreux pays, les vagues de chaleur soient plus fortes et longues et que les épisodes de fortes pluies deviennent plus longs et intensifs. Les prévisions actuelles concernant le climat ces prochaines années montrent qu’il y aura très vraisemblablement une hausse du nombre de records au niveau météorologique! La COP21 à Paris a été une étape importante effectuée par la communauté internationale pour réduire les émissions de CO2. À l’avenir, la hausse des températures ne pourra être limitée que si tous les pays engagent des mesures appropriées ou des stratégies adéquates pour réduire ces émissions.»

Et ça, ce n’est pas gagné…

Laurent Duraisin

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.