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Esch-sur-Alzette lance un cri du cœur


Vu le contexte international, Esch-sur-Alzette a dévoilé un thème complètement inédit pour sa candidature à la capitale européenne de la culture 2022 : l'amour. (illustration AFP)

Le thème de la candidature à la capitale européenne de la culture, «l’amour», a été dévoilé vendredi. Il casse les codes et peut surprendre. Mais justement, c’est le but !

Esch-sur-Alzette, capitale européenne de la culture en 2022 ? La candidature aboutira ou non. Mais le thème est désormais choisi… On vous le donne en mille : «l’amour». Oui, chers habitants du sud du Luxembourg – car tout le bassin minier est concerné : l’amour avec un grand A, ou celui d’un frère, ou celui de Jim Morrison dans ses concerts, ou de Niagara à la plage si ça vous chante, mais l’amour bon sang !

Surprenant comme choix ? « Peut-être, mais j’ai envie de me laisser séduire », glisse le facétieux Zénon Bernard, représentant du groupe communiste au conseil communal.

Ce choix inattendu a convaincu toute l’assemblée. Car les conseillers culturels du dossier ont su le vendre. «Le sujet paraît simpliste , a lancé Emmanuel Vinchon, l’un des artisans de la réussite de Mons 2015. Tout le monde pensait que le Sud insisterait sur sa culture industrielle. Mais nous ne voulons pas regarder en arrière. L’amour est d’une actualité primordiale : comment puis-je aimer ma ville, ma région ? Comment puis-je la faire aimer aux autres ? La culture est ce trait d’union entre les peuples.»

« Gagner dix ans de notoriété »

Et comme on parle bien de capitale européenne de la culture, tout colle ! Pour l’échevin Jean Tonnar, très impliqué dans le dossier, « le thème est ouvert, fédérateur, il me plaît ». Surtout, sa légèreté ne doit pas masquer le travail considérable qu’il reste à faire pour valider le dossier. « Ne parlons pas d’Esch-2022 comme si c’était validé , a insisté Jean Tonnar. Je n’aime pas les visions hypothétiques. Nous déposons le dossier le 23 mai, nous sommes auditionnés le 14 juin par un jury européen, et nous serons auditionnés une deuxième fois en 2017. La sélection est exigeante, vous le voyez. »

Mais déjà, la commune et le syndicat ProSud ont reçu des soutiens précieux. Celui de Martine Aubry en personne, qui souhaite à Esch-sur-Alzette de « gagner dix ans de notoriété d’un coup » comme Lille a pu le faire. Un point important, sachant que la cité du Nord est l’exemple même de capitale européenne réussie.

Soutien du côté frontalier aussi, avec le Pays-Haut et le Val d’Alzette. Soutien de presque tout le sud du Luxembourg enfin, coéquipiers de l’aventure sur un pied d’égalité. À l’exception de Kayl et Käerjeng, qui se sont retirés du dossier. « J’ai bon espoir de les voir revenir », a expliqué l’élu CSV de la Métropole du fer, André Zwally. L’ancien footballeur a employé la métaphore sportive pour développer. « C’est normal qu’il y ait des dissensions, comme dans toute équipe. Differdange a dit : Nous avions eu l’idée en premier ! Käerjeng et Kayl doutent de l’utilité d’un tel investissement… mais c’est bien, autant se parler franchement maintenant. Ce qui est important, c’est d’arriver unis aux auditions. » Qui dureront deux fois 45 minutes, comme un match.

Dans un autre registre, Jean Tonnar a incité les citoyens à « rester libres de leur envie d’agir. Il y aura des comités populaires et professionnels pour soutenir la candidature. Chacun peut y participer, peu importe son lieu de résidence, peu importe la volonté de son bourgmestre. » Un appel du pied très clair aux habitants de Kayl et Käerjeng.

Concerts en plein air, milliers de fans…

Ce grand projet d’amour est désormais lancé : on esquisse déjà six expositions d’envergure internationale rien qu’à Esch-sur-Alzette, ainsi que des concerts en plein air avec des jauges de plus de 3 000 personnes. Sans compter la création d’un «pôle expérimental fort», probablement sur les friches d’Esch-Schifflange.

Mais revenons sur terre, des études concrètes restent à préciser. « Nous chiffrons le coût de l’aventure autour de 60 millions d’euros, a rappelé André Zwally. L’État a annoncé une participation à hauteur de 67 %, alors qu’il avait investi 80 % pour Luxembourg en 2007… Il faut obtenir plus d’aides .» La question de l’apport du côté français, « du moins pour les partenaires de premier plan », est aussi à définir.

Enfin, il ne faudra pas attendre la capitale européenne de la culture pour changer son image. Un âpre débat autour de l’éternel «problème» de la désertification des commerçants dans la rue du Brill a suivi le conseil.

Hubert Gamelon

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