Des perruches, perroquets, tortues, mais aussi un iguane et un pogona… À Dudelange, à côté des renards et des hérissons, le Centre de soins pour la faune sauvage se voit aussi confier des espèces exotiques.
La petite perruche orange et vert est amenée sur la table de travail où la vétérinaire Lena Schenk s’apprête à lui faire passer des contrôles de base destinés à vérifier son sexe et détecter la présence de parasites. Les plumes se soulèvent légèrement, trahissant le stress du volatile tandis que la vétérinaire prélève un peu de sang et quelques plumes.
Prendre en charge des animaux exotiques est devenu une routine au Centre de soins pour la faune sauvage de Dudelange, au départ destiné à recueillir et soigner les espèces indigènes du Luxembourg, tels que les renards, les chevreuils, les hérissons. Mais depuis quelques années maintenant, de nouvelles espèces ont fait leur apparition au milieu des enclos et des volières : perroquets, tortues terrestres et aquatiques, serpents et même un iguane et un pogona. «C’est devenu une nécessité, car il n’y a pas de structure pour ce type d’animaux au Grand-Duché, au même titre que les asiles pour les chiens et les chats. Et de plus en plus de gens détiennent des NAC, des nouveaux animaux de compagnie», explique Jill Gaasch, soigneuse au centre. «Comme les gens nous connaissent, c’est donc vers nous qu’ils se tournent lorsqu’ils trouvent ce type d’animal ou veulent s’en séparer. Une procédure est en cours pour obtenir un agrément officiel.»
Si certains propriétaires s’occupent très bien de leurs bêtes, d’autres en effet n’ont pas pris la mesure des responsabilités qui leur incombaient du fait de la possession de telles espèces. Résultat : certains animaux s’échappent (c’est notamment le cas des perruches lorsque le propriétaire manque de vigilance et laisse volière, cage ou fenêtres ouvertes), d’autres sont directement confiés aux équipes de Dudelange, car leurs maîtres ne peuvent ou ne veulent plus s’en occuper.
«Certaines espèces sont extrêmement difficiles à garder, en raison de leurs besoins très spécifiques, comme les serpents, qui ont besoin d’un terrarium avec une certaine température, un certain taux d’humidité, une alimentation particulière, etc. D’autres espèces peuvent atteindre un âge très avancé, comme les perroquets, qui peuvent vivre 60 à 70 ans, ou les tortues terrestres, jusqu’à 80 ans ! Si vous acquérez un tel animal, en principe, vous devriez donc demander à vos enfants ou petits-enfants si eux aussi sont prêts à le garder !», souligne Jill Gaasch, qui enjoint aux futurs propriétaires de se poser cette question, quel que soit l’animal, exotique ou non, avant de craquer : «Est-ce que je veux et je peux m’occuper de cet animal pendant des dizaines d’années ?»
Une question indispensable à se poser et des renseignements complets sur l’espèce à prendre pour ne pas finir par abandonner l’animal, comme certains le font face à l’ampleur de la tâche qui a été sous-estimée, parfois même purement et simplement en pleine nature. Un acte délétère, aussi bien pour l’animal que pour la faune indigène, signale la soigneuse : «La plupart des espèces exotiques ne supportent pas les températures hivernales d’ici. Les abandonner dans la nature, c’est les conduire à une mort certaine. D’autres peuvent causer de grands dégâts pour notre faune indigène, comme les tortues de Floride, désormais considérées comme une espèce invasive au Luxembourg et dans les pays voisins.»
Ces tortues aquatiques, qui se trouvaient facilement en magasin et peuvent vivre une trentaine d’années et peser jusqu’à 3 kg pour 28 cm, ont été bien trop souvent abandonnées dans les étangs et cours d’eau de la région. Sauf qu’elles sont omnivores et n’hésitent pas à se régaler, en sus des algues et autres végétaux, d’insectes, d’œufs d’autres espèces, de petits poissons et d’amphibiens. Elles peuvent en outre être porteuses de parasites néfastes pour les tortues indigènes, mais aussi de maladies transmissibles à l’homme, comme la salmonellose, signale le ministère de l’Environnement dans son Plan d’action pour espèces exotiques envahissantes au Grand-Duché de Luxembourg de 2013. «Elles supportent les hivers d’ici et on soupçonne même qu’elles sont désormais capables de se reproduire chez nous», précise Jill Gaasch.
Un centre de passage
Jill Gaasch, équipée de gants en kevlar, nous présente alors Julio, dit «le petit monstre», un bébé iguane d’Amérique du Sud au caractère bien trempé, trouvé par une promeneuse in extremis en forêt en plein cœur de l’hiver. «S’il n’avait pas été trouvé, il n’aurait probablement pas survécu. Il ne pesait plus que 400 g», indique la soigneuse. Mais il ne faut pas se fier aux couleurs chatoyantes de ce petit macho, «c’est un mâle très agressif», aux griffes acérées, doté d’une puissante queue qui fouette violemment dès qu’il se sent en danger. «À la fin de sa croissance, il mesurera autour de deux mètres et pèsera six kilos», prévient la vétérinaire Lena Schenk.
Julio devrait prochainement trouver une place dans un zoo ou un parc animalier. Car le centre n’a pas vocation à garder les animaux. Il n’est en rien un parc animalier, mais «une étape intermédiaire», rappelle Jill Gaasch. Si les animaux peuvent être envoyés n’importe où dans le monde, les centres d’accueil des pays voisins (France, Belgique, Allemagne) sont privilégiés afin de leur éviter trop de trajet. Les équipes de Dudelange attendent en général quatre semaines environ que le propriétaire se manifeste pour récupérer son animal avant de chercher à le placer. Mais «dans la plupart des cas, personne ne se présente», déplore Jill Gaasch.
Toutefois, pour pouvoir être placés en toute légalité, les animaux exotiques (qui, contrairement aux espèces sauvages, n’ont pas vocation à être relâchés) doivent disposer de papiers d’identité : le permis CITES, qui découle de la convention de Washington sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, entrée en vigueur en 1975.
Or la plupart de ces animaux n’en possèdent pas, y compris ceux qui n’ont pas été abandonnés en pleine nature : «Par exemple, les gens peuvent avoir acquis des perroquets avant que le CITES ne soit mis en place. Beaucoup de vendeurs n’informent pas non plus les acheteurs de cet impératif, même si les propriétaires devraient se renseigner d’eux-mêmes.» Le centre de soins doit donc faire une demande de papiers auprès de l’Inspection vétérinaire avant de pouvoir s’en séparer.
Certains animaux peuvent aussi être adoptés par des particuliers (ce n’est plus le cas des tortues de Floride, car invasives), mais sous certaines conditions très strictes. Par exemple, pour se voir confier perroquets ou perruches, il faut posséder une volière suffisamment grande, et non pas seulement une cage. En outre, comme ces animaux sont très sociaux, les individus ne sont pas donnés seuls, mais en couple, à moins que le futur propriétaire n’ait déjà d’autres individus. «Ces animaux ont besoin de la compagnie de leurs congénères. Les en priver, c’est une forme de maltraitance», rappelle Jill Gaasch.
Tatiana Salvan
Des animaux saisis par la justice
Il arrive parfois que le Centre de soins pour la faune sauvage de Dudelange se voit confier des animaux saisis par la justice. «Cela n’arrive pas souvent, il n‘y a eu que deux saisies ces deux dernières années, et elles ne sont généralement pas très impressionnantes en termes de nombre ou de type d’animaux», tempère la soigneuse Jill Gaasch. Exception faite de cette saisie record survenue en 2018 : pas moins de 252 reptiles, dont 123 venimeux, ont été retrouvés dans l’appartement d’un homme à Esch-sur-Alzette. Le centre a récupéré les bêtes inoffensives, mais pas les scorpions et serpents venimeux, qui ont été confiés à un centre spécialisé à Munich.
Bonjour très beau centre je suis un grand passionné de perroquets déclarer a la faune sauvage de la Meuse en France je regarderai pour adapter un perroquets j en possède 9 merci Mr colnat