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Differdange a le blues, tant mieux !


Remo Cavallini improvise un blues dans le hall de la Stadhaus de Differdange, en attendant les élèves. (Photo François Aussems)

La commune accueille une école de blues depuis maintenant onze ans. Le succès est incontestable. Remo Cavallini, l’un des cadres, explique l’intérêt.

Comme est-il tombé dans le blues ? Remo Cavallini avait 13 ans quand il a acheté sa première guitare. «Jimi Hendrix me fascinait, je le regardais comme un extraterrestre.» Et puis, il y avait le papa, travailleur à l’ARBED. «Moi, j’aimais le blues pour la musique, lui pour l’âme de l’usine.» Vingt ans après, le Differdangeois «en connaît un rayon sur la guitare, peut-être pas autant que Jimi, c’est sûr», lâche-t-il dans un grand rire. Mais le voilà auréolé d’une double casquette : leader de son groupe, le Remo Cavallini blues Band, et professeur à l’école de blues de Differdange.

Les sessions se déroulent deux fois par mois dans la Stadthaus,avec un morceau appris à chaque fois. (Photo Hubert Gamelon)

Les sessions se déroulent deux fois par mois dans la Stadhaus. (Photo Hubert Gamelon)

«Le concept est né il y a onze ans. L’école de blues attire 120 musiciens chaque année. Des Luxembourgeois, mais aussi des Français et des Belges. Il faut dire que notre pédagogie relève de l’inédit.» Jouer en groupe directement, peu importe le niveau, travailler par petits ateliers, jouer du blues sans se ruiner (50 euros l’année) et, surtout, jouer du blues devant un public, «lors des jams [improvisations], mentionne Remo, et même en ouverture du festival blues Express !».

Voici les lignes du succès. «N’importe qui peut venir à l’école de blues, explique Remo. Ça se passe dans la grande salle de l’école de musique deux fois par mois. Le blues, c’est comme le foot : tu rencontres des mecs qui jouent dans la rue, tu leur demandes si tu peux jouer et tu finis par aimer.»

Retour aux racines, donc, pour cette musique qui, par définition, est née en dehors des conventions. «Le blues a vu le jour dans le sud des États-Unis, il vit dans le sud du Luxembourg aujourd’hui !», plaisante Remo. Concrètement, l’école de blues s’organise autour de quelques disciplines phares : la guitare, la basse, la batterie, l’harmonica, les cuivres et bien sûr, le chant.

Trois heures pour un morceau

«Les sessions durent trois heures, explique Remo. La première heure, nous décryptons un morceau ensemble. La deuxième heure, nous travaillons par ateliers de niveau et d’instrument : les guitares ensemble, les débutants ensemble, etc. La dernière heure, tout le monde joue le morceau.» Et ça marche. «Vous n’imaginez pas le plaisir que prennent les élèves à jouer un vrai morceau, souligne Remo. Ils ont toujours l’impression que la musique est inaccessible. C’est faux : jouer en groupe consiste à trouver sa place, chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.» Évidemment, «le solo qui déchire le ciel», tel Steve Ray Vaughan jouant The Sky Is Crying, est réservé aux experts. «Mais en jouant avec plus forts que soi, on progresse vite», note Remo.

Largement subventionné par la commune de Differdange, l’école de blues s’inscrit dans un idéal musical. On y voit des jeunots comme des grands-pères débarquer avec une guitare en bandoulière, des musiciens de toutes classes sociales qui ne se posent pas d’autre question que celle du morceau à venir. Un esprit est né de cette aventure. Des formations musicales solides aussi, tels les Coal Street MinOrs. «De nombreux groupes se forment ici, glisse Remo. Une fois qu’ils connaissent les rudiments de l’harmonica ou de la guitare, c’est parti, les élèves volent de leurs propres ailes !» On the road again

Hubert Gamelon

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