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Diekirch : l’appel au secours pour se reloger de Narcisse Dovenon


L'incendie a eu lieu le 16 juin et a ravagé l'appartement situé rue de Stavelot. (Capture d'écran : Facebook Diaspo Afrolux)

Après l’incendie de son appartement, une famille originaire du Bénin éprouvait toutes les peines du monde à retrouver un logement. Un appel au secours a tout arrangé.

Narcisse Dovenon a retroussé ses manches et franchi le Rubicon. Mardi matin à 6 h, il se décidait à poster sur Facebook une vidéo dans laquelle il expliquait sa situation peu enviable depuis l’incendie de son appartement à Diekirch, le 16 juin, où il résidait avec son épouse et leurs trois enfants de 13, 10 et 6 ans.

Relogé dans un hôtel de Diekirch depuis la date du sinistre, il cherche en vain à retrouver un toit, mais le premier marché de l’immobilier ne semble pas vouloir de lui et de sa famille. Originaire du Bénin, Narcisse affirme que des agences lui ont clairement fait comprendre que sa couleur de peau posait un problème aux bailleurs. «Ma femme et moi avons tous les deux un CDI, nous gagnons notre vie correctement et nous ne sommes pas des cas sociaux», précise le père de famille. Mais depuis qu’il se retrouve acculé et forcé de retrouver un logement, il mesure toute la difficulté de la tâche.

L’assurance du bailleur cesse de payer l’hôtel à partir de ce mercredi et la famille Dovenon se voit mal payer quelque 190 euros par nuitée. Certes, c’est difficile pour tout le monde de se loger dans le pays et un rapide coup d’œil sur les offres à Diekirch suffit à se rendre compte de la pénurie de logements dans la localité du Nord. «Nous sommes prêts à aller n’importe où ! La distance ne nous effraie pas et nous sommes prêts à changer les enfants d’école du moment qu’ils restent scolarisés à l’école publique luxembourgeoise», déclare le père de famille qui se déplace tous les jours de Diekirch à Dudelange pour prendre son poste de bibliothécaire au Centre de documentation sur les migrations humaines (CDMH).

Un message largement partagé

Mardi matin, son message sur la page Diaspo Afrolux qu’il administre a été largement partagé. «J’ai quelque 4 000 abonnés et je me suis dit que cela pouvait servir, mais je ne m’attendais pas à ce que le bourgmestre de Diekirch intervienne sur la page», se réjouit quand même Narcisse, qui commençait à désespérer.

«Je viens d’apprendre toute cette situation ce matin», se défend Claude Haagen, député-maire de Diekirch. Le message de Narcisse ne lui a pas échappé, d’autant que certains internautes lui ont demandé des comptes. «La commune reloge les personnes concernées par ce genre de sinistre et suite à cet incendie nous avons dû reloger neuf personnes. Comme nous n’avons pas de logement communal disponible, nous relogeons les familles à l’hôtel et nous regardons avec les assurances pour savoir qui prend les frais en charge», explique Claude Haagen.

Dans le cas de Narcisse, c’est une banque propriétaire de l’immeuble sinistré et qui en occupe le rez-de-chaussée qui a pris les choses en main. Mardi matin, elle ignorait que son assurance arrêtait le paiement de la facture d’hôtel et découvrait, elle aussi, le désespoir de Narcisse. Finalement, la famille a pu rester à l’hôtel, la commune prenant le relais pour payer les frais occasionnés. Quant à l’assurance de la famille sinistrée, elle prend en charge les loyers dus au bailleur, selon Narcisse.

La commune de Diekirch, qui compte une cinquantaine de logements sociaux, n’en dispose pas de libres. «Quand il faut reloger une ou plusieurs familles d’urgence, nous nous tournons vers les hôtels, mais nous ne pouvons pas nous permettre de garder un appartement vide toute l’année et qui servirait uniquement à des relogements temporaires», explique encore Claude Haagen.

Une solution trouvée

«J’ai eu beaucoup de messages. J’ai envoyé une dizaine de dossiers à des agences qui m’ont contacté en retour», se réjouit finalement Narcisse qui a tout perdu dans cet incendie. Il doit avoir des rendez-vous pour visiter des appartements et parmi les messages en réaction à son post, des agents immobiliers se sont proposés de l’aider.

Narcisse, qui se plaignait d’être victime de racisme, avait sans doute raison. Mais l’aide spontanée offerte par des dizaines de personnes vient tempérer ce jugement. «Le Luxembourg est un des pays les plus ouverts, mais le racisme y est rampant. Cependant, pour avoir vécu en Allemagne et en France, je dois avouer que le Luxembourg est beaucoup plus accueillant et je l’ai écrit dans mon dernier ouvrage», dit-il.

Eh oui, Narcisse Dovenon est un écrivain qui a déjà une demi-douzaine d’ouvrages à son actif dans lesquels il raconte son parcours ou celui d’autres immigrés. Après son baccalauréat, Narcisse Dovenon quitte le Bénin pour faire des études de langue allemande à Berlin, suivi d’études en sciences de l’information à la Fachhochschule de Potsdam. Son diplôme en poche il part pour la France, à Paris. Il travaille dans différentes institutions et passe en 2010 son master en «Métiers de la culture, archives» En 2013, il arrive au Luxembourg et travaille à ce jour au Centre de documentation sur les migrations humaines à Dudelange.

Geneviève Montaigu

L’incendie avait fait des dégâts

La famille cherche aujourd'hui un nouveau logement.

La famille cherche aujourd’hui un nouveau logement. (Photo : DR)

Les pompiers étaient intervenus en nombre le 16 juin dernier à Diekirch en raison d’un incendie dans une résidence à appartements. La rue de Stavelot avait été barrée pour permettre l’intervention des secours. Trois corps de sapeurs-pompiers avaient été mobilisés pour éteindre l’incendie, qui s’était déclenché au premier étage. Selon le rapport du CGDIS, sept personnes avaient été transportées pour un contrôle à l’hôpital et neuf personnes en tout devaient être relogées.

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