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« CREAMISU » : un lieu de partage pour les sans-abri


Ce matin, avait lieu l'inauguration des nouveaux locaux situés rue Irmine à Luxembourg. Photo : Alain Rischard

Jeudi matin, l’heure était à la fête dans les nouveaux locaux de l’espace de création «CREAMISU», de Caritas Luxembourg. Ce lieu, dédié aux personnes sans-abri ou vivant dans une grande précarité, a vocation à leur permettre de s’échapper de leur quotidien, à travers l’expression artistique de tous genres : musique, peinture, bricolage ou encore couture.

C’est à la suite d’une énième «grosse dispute» avec ses parents, que Stéphane, 20 ans, a été «mis à la porte» de chez lui. Le jeune homme, déscolarisé à l’âge de 16 ans, n’a pas eu la vie facile mais cherche chaque jour une manière de se «reconstruire», aujourd’hui, avant peut-être un jour de «reprendre le contact», avec ses parents. Malgré son très jeune âge, il a notamment vécu dans la rue, avant d’être logé dans un foyer.

«C’était une période difficile», raconte-t-il, se souvenant toujours avoir eu la chance de «trouver des personnes de confiance», sur son chemin. D’abord un éducateur, avec qui il est toujours en contact, puis à la Croix-Rouge, où il a entendu parler du CREAMISU. Et c’est bien là, que le jeune homme se sent le mieux.

«Je viens parfois seulement pour discuter, dit-il, car je me sens écouté ici». Stéphane ici est en confiance. Nathalie Scheer, éducatrice, connait son histoire, sait par quoi il est passé. «Je peux parler de tout, ici», répète-t-il. Et il n’est pour autant pas qu’un jeune qui a perdu ses repères. Il est aussi musicien, à ses heures perdues, et manie même le bois, pour créer des instruments. C’est d’ailleurs bien plus jeune qu’il a appris à faire du djembé, «dans l’internat dans lequel j’étudiais, en Belgique», précise-t-il.

Ce n’est donc par par hasard, s’il joue désormais régulièrement avec les artistes qui animent les ateliers de musique du CREAMISU. «Il y règne une bonne ambiance, ici, je m’y sens bien», dit-il, alors même que les sons des djembé et cajon (instruments à percussion venus d’Afrique et du Pérou) résonnent dans la pièce dédiée à l’atelier musique. Dans cette pièce, tous les jeudis, le musicien Fili donne ses cours de percussions, de guitare «et même de piano». L’homme, vient chaque semaine pour initier les personnes sans-abri fréquentant le lieu. «Ça les fait sortir de leur quotidien, dit-il. Ils se sentent mieux, ils pensent moins à leurs problèmes et du coup, ça me fait aussi du bien».

Environ 15 personnes par jour

Comme Stéphane, ce sont en moyenne 15 personnes par jour qui passent désormais la porte des nouveaux locaux du CREAMISU, autrefois installé au Centre Ulysse. «Mais cela devrait augmenter, car nous ne sommes là que depuis le mois de février», explique Pit Bouché, président de Caritas, accueil et solidarité.

Pour lui, comme pour Andreas Vogt, directeur, «ce lieu d’échange a surtout le rôle important de sortir ces personnes de la monotonie, de construire des objectifs, d’avoir le sens de la satisfaction. Pour se reconstruire, il ne suffit pas d’avoir un toit au dessus de sa tête, même si c’est important».

Qu’en est-il de l’avis du voisinage ? «Nous n’avons pas été mal reçu», assure le directeur. «Nous comptons même faire le tour du voisinage pour inciter les gens à nous aider», poursuit Pit Bouché.

Toute l’année, les salariés et bénévoles de l’espace de création organiseront des événements ponctuels, en intérieur comme à l’extérieur quand le temps le permettra. En attendant, le centre est ouvert à tous ceux qui le souhaitent quasiment tous les jours. Les horaires d’ouvertures et plannings d’activités sont postés sur le compte Facebook tous les mois.

Sarah Melis

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