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Belval : le numérique, c’est aussi pour les filles !


En 2018 les femmes n'occupaient que 14,5 % des emplois de ce secteur, selon les chiffres du MEGA. (Photo : MEGA)

Dans le cadre de la journée internationale des Droits des femmes placée sur le thème «Lëtz go equal in digital», des élèves du lycée Bel-Val ont découvert les activités d’expertes en informatique.

C’est quoi une fintech ? Quelles sont les trois choses les plus intéressantes dans votre métier? Quelles études faut-il suivre pour l’exercer ? C’est quoi la journée type d’un expert en informatique ? Que veut dire «ethical hacker» ? Voici quelques-unes des questions qu’ont posées la cinquantaine d’élèves des classes de 3e et de 4e du lycée Bel-Val, jeudi, à des expertes en informatique venues participer à un atelier d’information et de sensibilisation au sein de leur établissement.

Dans le cadre de la journée internationale des Droits des femmes, le 8 mars, placée cette année par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes (MEGA) sur le thème «Lëtz go equal in digital», les élèves du lycée Bel-Val ont en effet pu découvrir les activités du monde numérique mais aussi réfléchir sur la place des femmes dans ce domaine. «On savait que les métiers du numérique étaient plutôt masculins, mais les chiffres nous ont choqués», ont réagi Fabio, Kai, Lia, Arijan et Tiago, lorsqu’ils ont appris qu’en 2018 les femmes n’occupaient que 14,5 % des emplois de ce secteur, selon les chiffres du MEGA.

Par petits groupes, les élèves, âgés de 16 à 19 ans, ont pu prendre conscience des difficultés rencontrées par les femmes dans ce secteur grâce à la présence de «mentors», uniquement féminines. Parmi elles, Valérie Ballouhey-Dauphin, directrice de Post Finance, accompagnée de trois expertes en informatique de Post. «Pour nous, c’est essentiel de stimuler l’intérêt des jeunes pour les métiers du domaine ICT (NDLR : technologies de l’information et de la communication), mais aussi de comprendre comment ils perçoivent ce domaine», a-t-elle expliqué.

«Les filles se freinent»

Pour les représentantes de Post, l’ouverture de ces métiers traditionnellement masculins aux filles permet surtout d’accroître le vivier de compétences. «On ne stigmatise pas les filles, le genre. On cherche des compétences et des expériences. Être un homme ou une femme n’est pas un critère», souligne Valérie Ballouhey-Dauphin, qui note cependant que «les filles sont intéressées, mais elles sont plus réservées. Certaines sont déjà dans le domaine des mathématiques, mais elles ne font pas encore directement le lien avec le domaine informatique.»

Les stéréotypes ont en effet encore la dent dure. Parfois du côté des entreprises, comme le souligne Astrid Schuller, la directrice du lycée Bel-Val : «Dans notre établissement, nous avons par exemple des formations liées aux métiers de l’automobile. Les filles qui s’intéressent à ces métiers ont des difficultés à trouver une entreprise de formation, car certaines entreprises ne sont parfois pas équipées pour accueillir des femmes : elles n’ont pas un vestiaire séparé.» Sans compter les inégalités en matière de salaire ou de perspectives de carrière, un fait bien réel, confirmé et relaté par les différentes mentors présentes, et qui a fait réagir les élèves, à l’instar d’Arijan : «Ce n’est pas normal en 2020!»

Mais parfois ce sont les femmes elles-mêmes qui se mettent des barrières, a assuré Marina Guérin-Jabbour, cheffe du Digital Innovation Hub à Luxinnovation. «Avant ce poste, j’ai travaillé 27 ans dans une grande entreprise d’informatique en tant qu’ingénieure en microélectronique. Nous n’avons toujours été que très peu de femmes. Il y a une petite évolution, mais cela ne concerne que certains domaines de l’IT, comme développeur software par exemple. Ce n’est pas toujours la faute de l’employeur ou des hommes, c’est parfois le résultat d’un héritage culturel. Les filles se freinent. Ainsi une élève, qui ne savait pas exactement ce qu’était coder, a tout de suite réagi en disant « ah ce n’est pas pour moi, je n’y comprends rien ».»

Des élèves enthousiastes

C’est là tout l’enjeu de ce type de rencontre : faire tomber les barrières, celles qui empêchent d’appréhender un métier, mais aussi celles qui empêchent la société d’évoluer.
«Il est important de montrer grâce à des personnes modèles que le secteur du numérique est intéressant pour les filles. Ce secteur présente un énorme potentiel pour l’emploi et l’économie. Il s’agit d’éviter que les opportunités professionnelles reviennent uniquement au sexe masculin», a commenté Taina Bofferding, la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, qui s’est rendue au lycée Bel-Val avant de participer à la conférence organisée l’après-midi avec des responsables de start-up.

«Si nous continuons à fragmenter les professions dans des catégories féminines et masculines, les jeunes risquent d’être influencés par ces stéréotypes et de ne pas faire de leurs véritables passions et vocations leur métier», a-t-elle ajouté.

Des échanges qui semblent avoir porté leurs fruits. Les élèves sont ressortis enthousiastes de cet atelier. «C’était concret, on a pu découvrir des métiers», s’est réjoui Arijan. «J’ai trouvé cela très intéressant d’écouter leur expérience en tant que femmes, car peut-être qu’un jour je me trouverai dans cette situation où je me sentirai en minorité», a ajouté Lia.

Karine Guillaume, qui enseigne au lycée technique de Lallange, avait accueilli ce type de rendez-vous dans son établissement l’an passé et l’impact a été très positif. «On compte quelques filles qui n’envisageaient pas du tout les études scientifiques et qui se sont finalement orientées dans ce domaine.»

Le lycée Bel-Val pourrait en tout cas réitérer l’expérience. «Je suis toujours partante pour faire des projets comme celui-là. C’est important, a déclaré Astrid Schuller. Moi-même je travaille dans un domaine typiquement masculin en fait : il n’y a que six directrices de lycée, sur un total de 37 ! Donc ce sujet m’intéresse personnellement.»

Tatiana Salvan

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