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Avec Lynn Cosyn, le dessin est une fête…


Lynn à son bureau d'illustratrice. Un vaste espace où se mêlent feutres, gouaches et instruments numériques. (photos et affiches DR/Lynn Cosyn)

Dans la série «Mon bureau c’est…», rencontre avec Lynn Cosyn. L’illustratrice luxembourgeoise, qui vit entre la capitale et l’Allemagne, bosse dans un environnement hypercréatif. Et quel talent, vraiment !

Son bureau est un «vaste foutoir bien rangé». N’y voyez aucune contradiction. «J’ai assemblé deux grandes tables, décrit Lynn. D’un côté, mon matériel numérique, de l’autre, mes peintures… Il me faut toute cette place pour être à l’aise !»

Née pour créer, jamais dans une case, toujours à l’affût d’une idée : Lynn Cosyn est une illustratrice talentueuse. À 31 ans, elle s’émancipe enfin dans son boulot, avec des gros clients à la clef, comme le magazine américain Wonderfilled, pour qui elle a dessiné le plan de Luxembourg le plus cool du monde. «J’ai une formation en architecture, raconte-t-elle. Après mes études à Aix-la-Chapelle, j’ai bossé dans un bureau quelques années. Mais j’étais déprimée le soir, mon boulot était trop technique.»

L'affiche de la Schueberfouer 2017, c'est elle !

L’affiche de la Schueberfouer 2017, c’est elle !

Une reconversion courageuse

Lynn plaque tout en 2015 et part en voyage au Vietnam, pour faire un break. «J’ai été conquise par l’art de la récupération des Vietnamiens. Leur quotidien exprime toujours la beauté.» Quand elle revient, elle crée un blog dédié à cet art du «Do it yourself». «Mais les gens se sont surtout mis à aimer les couleurs de mon blog, mes dessins et ma mise en page… c’est comme ça que je suis devenue illustratrice.»

Lynn a toujours dessiné, elle a un don pour ça. «J’ai appris seule à l’adolescence», explique-t-elle. Dans le cadre de sa reconversion professionnelle, Lynn a suivi des formations pendant un an. Aujourd’hui, le travail paye. L’Union des commerçants de Luxembourg, la Ville et quelques entreprises privées lui font régulièrement confiance. Son dernier gros coup ? L’affiche de la Schueberfouer 2017 ! «Ça m’a vraiment réjouie de remporter ce concours, explique-t-elle. J’ai repensé à mes souvenirs d’enfant sur la Schueberfouer, j’ai mis ces émotions sur le papier.»

Des fans collectionnent ses affiches !

Lynn évolue dans un univers de douceurs et de narrations. Ses affiches sont à l’opposé de l’agression publicitaire habituelle. Des dizaines de petits personnages peuplent ses dessins : l’observateur peut rester un long moment face à l’œuvre, comme face à un paysage. «Je n’aime pas mettre l’observateur dans une case. Je n’oblige personne à regarder quelque chose, je ne jette pas un message tout fait. J’aime quand mes publicités restent ouvertes.»

Cet esthétisme différent plaît. Du coup, les commerçants de la Ville se sont retrouvés face à un phénomène inattendu : certains habitants collectionnent les affiches de Lynn ! «Je reçois régulièrement des mails aussi, sourit Lynn. Je suis flattée que l’on veuille garder mes affiches…»

Une carte touristique réalisée pour le magazine américain "Wonderfilled".

Une carte touristique réalisée pour le magazine américain « Wonderfilled ».

Artiste libre

La jeune femme voudrait lancer un volet «shop» sur son site en ligne, mais ça sera pour plus tard. Car pour le moment, Lynn a du pain sur la planche. Ou plutôt, des mines en graphite et des centaines de gouaches sur son bureau! «Je me mets au travail vers 8h et j’essaye de m’arrêter vers 18h, quand mon copain revient.» Ce n’est pas toujours facile de lâcher les crayons… Toutefois, la création de l’affiche n’est qu’une partie du travail. «Je passe du temps à échanger sur les désirs des clients. Je suis dans un métier où il faut vraiment être à l’écoute.»

Sur son bureau, Lynn respire la fraîcheur d’une artiste libre. «J’aime particulièrement les gouaches. Je bouquine pas mal de livres sur l’art des mélanges. La finesse des couleurs est incroyable, j’aime quand j’atteins enfin la nuance de gouache désirée.» Son grand bureau lui permet d’étaler tous ses croquis. «Je travaille beaucoup de détails de mes affiches à part, précise Lynn. Des personnages, des objets, une situation…» Seule derrière sa lampe, Lynn laisse sa main tatouée d’une plume se balader sur le papier. «Je me sens bien dans mon travail désormais», glisse Lynn. Sans jamais se défaire de son sourire rayonnant, comme chacune de ses affiches finalement.

Hubert Gamelon

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