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Au Kirchberg, l’Europe s’agrandit…


Au pied des deux tours dorées, les travaux de fondation sont déjà bien entamés. (Photo Isabella Finzi)

La construction du plus haut bâtiment du Grand-Duché vient de débuter : il s’agira de la troisième tour de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). En pleine crise du Brexit, le timing est piquant !

Si le ciel au-dessus de l’Europe peine à se départir de ce gris triste depuis que la Grande-Bretagne a décidé de tourner le dos au drapeau étoilé, lundi au Kirchberg, on se frottait plutôt les mains. C’est qu’à deux pas de l’immense chantier du nouveau bâtiment Konrad-Adenauer, un nouveau programme immobilier est en train de se concrétiser : la troisième tour de la Cour de justice de l’Union européenne est en train de sortir de terre.

L’édifice de 30 étages promet d’être spectaculaire. Composé de deux volumes décalés (un noir – le plus haut –, et un reprenant la couleur des deux autres tours), il culminera à 120 mètres de haut, soit quinze mètres de plus que les deux tours mordorées. Il s’agira du bâtiment le plus haut du pays et «probablement du seul endroit au monde où l’on peut contempler quatre pays !», a lancé le président de la CJUE, Koen Lenaerts.

Cette tour, comme les deux autres, est le fruit du travail de l’architecte français Dominique Perrault. Le tout nouveau membre de l’Académie des Beaux-Arts est notamment l’auteur de la Bibliothèque nationale de France.

«De la place pour les Écossais et les Irlandais !»

«Il est difficile d’imaginer qu’en 1952, tout le personnel de la Cour de justice logeait en un seul lieu dans le centre-ville, la Villa Vauban !», rappelait Koen Lenaerts. Depuis, l’Europe a changé de dimension et les besoins en personnel ont explosé, nécessitant la mise en route de grands travaux de construction. «Encore aujourd’hui, 800 collègues restent à l’extérieur des tours, souligne Koen Lenaerts. Grâce à la troisième tour, nous serons tous réunis. Cela nous procurera un gain d’efficacité et des contacts facilités entre les différents services.»

François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures, notait que le maître d’ouvrage serait l’État luxembourgeois puisque la Chambre des députés a adopté à l’unanimité la loi dédiée le 14 décembre 2015. Le Grand-Duché préfinance les travaux que remboursera l’Union européenne. Le coût de ce grand chantier est de 168,7 millions d’euros. La mise en service de l’immeuble est prévue pour 2019 alors que la fin effective des travaux est attendue pour décembre 2020.

Évidemment, lundi, dans ce temple du droit européen, la question du Brexit était dans toutes les têtes. «Au moment où un peuple désire se retirer de l’Union européenne, c’est une onde de choc qui traverse la maison, a avoué Koen Lenaerts. Mais la pose de cette première pierre réaffirme notre foi en la stabilité de nos institutions.» En aparté, François Bausch répondait lui sur le ton de l’humour à la question de savoir si la troisième tour était bien nécessaire alors que les Britanniques allaient bientôt quitter la CJUE : «Bien sûr, il faudra de la place pour accueillir les Écossais et les Nord-Irlandais !»

Erwan Nonet

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