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Anouk Bastian et Léa Linster, quel mariage !


Anouk et Mathis Bastian, ainsi que leur conjoint (e), entourent Léa Linster qui a brillamment relevé le défi. (Photo : Isabella Finzi)

Anouk Bastian et Léa Linster ont mis leurs talents en commun pour offrir un dîner d’exception où de vieux millésimes du domaine ont été sublimés par les mets servis.

Les habitudes ont la vie dure. Au Grand-Duché, on boit les vins jeunes. Trouver des crus de plus de cinq ans est une gageure. L’expérience mise en scène par Anouk Bastian et Léa Linster a montré que c’était une grande erreur. Bien faits, les vins luxembourgeois peuvent vieillir divinement.

Il y a quelque temps, Anouk Bastian se lançait dans une grande opération : réaliser l’état des lieux de la cave familiale. «Il y avait beaucoup de bouteilles, mais on n’avait pas vraiment le décompte… alors je me suis lancée!», raconte-t-elle. La voilà donc à dresser un inventaire qui, évidemment, fait saliver lorsque l’on connaît la qualité des vins du domaine et le perfectionnisme de son père, Mathis, qui a su créer un style épuré particulièrement intéressant.

Puisque établir des listes sèches n’a pas vraiment de sens, Anouk Bastian a également dégusté ces vins pour voir ce qu’ils valaient aujourd’hui. Et c’est en constatant que beaucoup d’entre eux avaient encore une sacrée tenue qu’elle s’est dit qu’il fallait les partager. «C’est un trésor de cave qui, finalement, est très rare, souligne-t-elle. Peut-être que certains clients ont encore quelques-unes de ces bouteilles chez eux, mais il ne doit plus en rester beaucoup aujourd’hui…» Parce que le vin n’est véritablement bon que lorsqu’il est partagé en bonne compagnie, elle a donc mis sur pied un repas exceptionnel pour les faire découvrir à quelques privilégiés, clients et amateurs.

Les années glissent sur l’auxerrois

Il y a une semaine, c’est au restaurant de Léa Linster, à Frisange, que ces vieux cols ont été ouverts. La vigneronne et la célèbre chef se sont rencontrées à deux reprises pour concocter le menu dans lequel les mets accompagneront au mieux les caractéristiques des crus sélectionnés.

Si l’intégralité du repas était de très, très haute volée, peut-être que l’alliance la plus spectaculaire était celle proposée dès l’entrée. Le plat préparé par Léa Linster était en lui-même une pure merveille à tous les niveaux : visuel, olfactif et gustatif. L’assiette offrait un foie de canard poêlé aux fraises et à l’estragon. Il fallait voir le morceau de foie cuit à perfection trôner sur ces fraises coupées en quartiers, cuites dans une réduction de balsamique et parfumées à l’estragon, une touche étonnante mais absolument convaincante!

Pour accompagner cette merveille, c’est un Auxerrois Domaine et tradition millésimé 1999 (!) qui était servi. Le poids des années lui a apporté une nouvelle dimension. Ses inhabituelles notes d’abricot sec étaient tout à fait épatantes et se combinaient avec une harmonie parfaite, chaque élément soulignant subtilement l’autre.

«L’auxerrois est l’un de nos cépages qui passent le mieux les années, avance Anouk Bastian. Malheureusement, au Luxembourg, on le boit trop souvent très jeune…» Max von Kunow, le vigneron allemand (Weingut von Hövel, à Konz) qui signe avec Léa Linster des cuvées transfrontalières (LMEAAX), abonde dans son sens. «Au Luxembourg, l’auxerrois est formidable!, s’enflamme-t-il. Il offre des expressions uniques!»

On ne détaillera pas tout le repas, mais le Riesling Domaine et tradition 2007 ou l’Auxerrois (encore lui!) vendange tardive 2003 étaient tout aussi divins. Si vous avez une cave, vous savez désormais avec quoi la remplir!

Erwan Nonet

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