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Allemagne : le Luxembourg plébiscité pour ses investissements dans le rail


Plus aucun train ne circule sur la ligne 50. (Photo d'archives : LQ).

Le gouvernement luxembourgeois prend un certain plaisir à diffuser une étude réalisée par l’alliance du lobbying pro-rail en Allemagne, où le Luxembourg apparaît comme le pays le plus vertueux du classement pour sa priorité donnée aux rails. Ce qui est incontestable, même si le pays partait de loin avec son retard sur les infrastructures.

Luxembourg, pays de la « bagnole » ? Pas que. Du train aussi, notamment depuis le gros travail effectué par François Bausch, entré au gouvernement comme ministre du Développement durable et des Infrastructures en 2013, pour refaire un retard considérable en termes d’infrastructures, par rapport à une mauvaise anticipation de la croissance de la population du pays, et du nombre de frontaliers.

Le rapport rendu par l’Allianz pro Schiene place le Grand-Duché en tête de différents indicateurs favorables au développement du train. Retenons pour l’exemple :

  1. Investissements publics en faveur du rail, en euros et par habitants en 2019

tableau 1

       2. Comparaison des investissements publics train / voiture en 2019, dans les infrastructures (maintenance, nouvelles constructions et expansion)

priorité investissement tab 2

Par ces tableaux,  l’Allianz pro Schiene veut montrer que l’Allemagne apparaît à la traîne par rapport à des pays « locomotives », si l’on ose le jeu de mots, comme le Luxembourg ou l’Autriche.

Habitants, mais frontaliers ?

Nous exprimons depuis le Luxembourg toutefois deux bémols par rapport à ces louanges  :

• Il ne faut pas oublier que dans les « investissements par habitant », il y a aussi l’investissement pour les frontaliers concernant le rail. Ces derniers, grands usagers du train, restent malgré tout sur une qualité de service public assez dégradée : sous-dimensionnement de l’axe Metz-Luxembourg et Arlon-Luxembourg, problème récurrent de retards, rénovation du nœud stratégique de Bettembourg encore a réaliser, concurrence du fret qui bouscule le jeu des horaires, deux graves accidents survenus dans la décennie etc. D’un point de vue statistique, les frontaliers comptent pour 47% de la main d’oeuvre total du pays. S’ils ne sont pas « habitants », ils vivent dans le pays la journée et cotisent au budget national d’investissement via leurs impôts. La présence des frontaliers, ainsi que le fait d’une Grande-Région fortement intégrée, biaisent les chiffres dans de nombreux autres domaines. L’exemple le plus classique restant la consommation soi-disante excessive de pastis des Luxembourgeois, alors que cette boisson est très vendue aux pompes aux frontières.

• Les CFL ne subiront pas d’ouverture à la concurrence comme le prévoit l’Union Européenne pour les autres pays membres, par une dérogation justifiée par la petite taille du réseau. Pourtant, le train luxembourgeois pourra se lancer sur la concurrence ouverte sur d’autres marchés, comme en France par exemple. Tout cela incite à mettre le paquet sur son réseau pour éventuellement pouvoir mieux l’étendre ailleurs.

Quoiqu’il en soit, les investissements massifs sont indéniables et la demande est là : le nombre de voyageurs a progressé de 85 % au Grand-Duché entre 2003 et 2019 !

Le mot d’ordre de François Bausch reste clair pour les prochaines années : « En tant que moyen de transport de masse, le rail doit jouer un rôle central dans la future stratégie de mobilité de notre société », a déclaré le ministre luxembourgeois des transports à l’association.

Hubert Gamelon

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