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À Luxembourg, des sans-abri «ont retrouvé leur dignité»


Sans abri et souffrant de problèmes cardiaques, Gheorghe a pu «(se) protéger du virus» à l'hôtel grâce à Médecins du Monde. (photo Médecins du Monde)

Depuis le 20 avril, Médecins du Monde a décidé de confiner des sans-abri atteints de maladies chroniques dans un hôtel. Les bienfaits sont flagrants.

Vendredi, il est environ 11 h quand Stéphanie Gardini arrive à l’hôtel Ibis, situé à deux pas de l’aéroport du Findel. L’assistante sociale de Médecins du Monde frappe à la porte d’une chambre du 1er étage. Marcel, la soixantaine, ouvre. «Bonjour, comment allez-vous aujourd’hui ?», demande Stéphanie Gardini. «Très bien, merci, merci», répond Marcel, dont on devine le sourire sous son masque. Souffrant d’un handicap à une jambe, Marcel vit à l’hôtel depuis quelques semaines grâce à Médecins du Monde.

«Depuis le début de la crise du Covid-19, la prise en charge des sans-abri est assurée par la Wanteraktioun et Abrisud, explique Stéphanie Gardini. Mais ces structures, où les gens sont hébergés dans des dortoirs à plusieurs, ne sont pas adaptées aux personnes souffrant de maladies chroniques. Elles représentent même un danger. Il fallait trouver une solution pour les confiner et les protéger avant qu’ils ne soient infectés par le Covid-19 car le virus est très dangereux pour eux.» L’idée de mettre en place un hébergement à l’hôtel en faveur des sans-abri souffrant de maladies chroniques est émise dès le début de la crise sanitaire chez Médecins du Monde.

«Nous avons mis en place cette action uniquement grâce aux dons, souligne l’assistante sociale de Médecins du Monde. Le choix des patients a été fait par un médecin. Nous avons établi un budget pour dix personnes, mais nous n’avons pas réussi à joindre tout le monde parce que pendant cette période il est très difficile pour les sans-abri d’avoir les moyens de recharger leur téléphone. Nous avons contacté plusieurs hôtels et l’hôtel Ibis de l’aéroport nous a tout de suite dit oui et a même accepté de nous offrir une semaine d’hébergement.»

« Ici, c’est une autre vie »

Et depuis le 20 avril, cinq sans-abri ayant un handicap, souffrant de diabète ou d’une maladie cardiaque sont confinés à l’hôtel grâce à Médecins du Monde et suivis socialement, médicalement et psychologiquement. «Ils étaient six à un moment, note Stéphanie Gardini, mais le monsieur souffrait de bronchite chronique, son état était alarmant. Il avait besoin d’être mis sous oxygène. La Haus Omega a accepté de le prendre en charge.»

Pour l’assistante sociale, cette action est une réussite. «Chez chacun, le changement a été spectaculaire, affirme-t-elle. Ici, ils se sentent en sécurité, ils mangent trois repas par jour, ils peuvent se laver… Physiquement, ça se voit qu’ils vont mieux. Ils ont retrouvé une dignité et des perspectives.»

Marcel confirme : «La vie dans la rue est trop dure pour moi avec ma jambe. Ici, c’est une autre vie. Grâce à la chambre, aux vêtements, à madame Stéphanie, au docteur… aujourd’hui, je vais bien.» Gheorghe (63 ans), souffrant de problèmes cardiaques, complète : «Avant, j’étais pendant cinq mois à la WAK. Ce n’était pas bon pour moi, je suis un peu tombé en dépression. Ici, j’ai pu me reposer, reprendre des forces et me protéger du virus.»

«J’ai un peu peur de l’après»

Mais le mardi 2 juin, ils devront quitter l’hôtel Ibis de l’aéroport du Findel car Médecins du Monde n’aura, à cette date, plus de budget pour continuer cette action. Gheorghe, ingénieur mécanique dans l’outillage de construction, se dit «prêt à aller travailler». De son côté, Marcel aimerait aussi travailler, mais avoue «ne pas savoir ce qui va se passer après». «J’ai un peu peur, dit-il, parce qu’avec ma jambe j’ai besoin d’aide.»

Et Stéphanie Gardini ne sait pas non plus ce qu’il se passera pour eux à partir du 2 juin : «Le virus n’est pas parti. Il reste dangereux pour ces personnes, qui doivent être isolées pour ne pas l’attraper. Si ces sans-abri retournent dans la rue, ils vont prendre un risque. Il est essentiel de trouver une solution pour eux et c’est ce que nous essayons de faire. L’idéal serait par exemple de trouver des locaux pour continuer à les encadrer dans une maison en colocation. Ce sont des personnes courageuses, qui ont travaillé et eu des imprévus qui peuvent arriver à tout le monde. Elles méritent notre tolérance et notre soutien.»

Guillaume Chassaing

Sur le terrain pendant la crise

Depuis le début de la crise du Covid-19, Médecins du Monde n’a pas cessé d’être sur le terrain auprès des personnes en précarité. L’association sans but lucratif, reconnue d’utilité publique, assure ses permanences médicales à Bonnevoie (30, Dernier Sol; les lundis de 10 h à 12 h; les mercredis de 17 h à 19 h et les vendredis de 10 h à 12 h) et à Esch-sur-Alzette (5, rue d’Audun; les jeudis de 10 h à 12 h).

La prise de rendez-vous pour les consultations médicales se fait au 661 145 675.

Les assistants sociaux de Médecins du Monde sont joignables au 671 145 677 les lundis (de 10 h à 12 h), mardis (de 10 h à 12 h), mercredis (de 10 h à 12  et de 17 h à 19 h), jeudis (de 10 h à 12 h) et vendredis (de 10 h à 12 h). Et un psychologue est joignable au 671 145 679 les mercredis de 12 h à 14 h.

medecinsdumonde.lu

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