Lors d’un sommet qui a réuni les responsables de la Grande Région, la recherche de solutions communes en cas de nouvelle crise sanitaire a été évoquée.
Fermetures de frontières, classement de pays en zone rouge à haut risque, obligation de tests même pour certains frontaliers… La crise due à la pandémie de coronavirus a laissé des traces dans la Grande Région. Au plus fort de la crise, les barrières installées le long de la frontière allemande ont provoqué consternation et incompréhension. L’amitié et l’entraide entre les habitants de la Grande Région auraient donc leurs limites en cas de risque sanitaire ou en cas de problème majeur ?
Cette période noire a été évoquée jeudi, lors d’un sommet des exécutifs du Sommet de la Grande Région qui s’est déroulé en visioconférence. Eh oui, la pandémie n’est toujours pas terminée. La ministre à la Grande Région Corinne Cahen a participé à ce rendez-vous qui a vu aussi la participation de Clément Beaune, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes. Concernant la crise sanitaire, les exécutifs ont souligné «la qualité de la concertation politique et technique entre partenaires de la Grande Région, qui permet de fournir aux travailleurs frontaliers et aux habitants de la Grande Région circulant régulièrement d’un pays à l’autre, une information fiable sur les dispositions sanitaires en vigueur sur chaque versant et les garanties apportées à la libre circulation dans les zones frontalières», selon le communiqué du ministère à la Grande Région. Après ce moment d’autosatisfaction, les exécutifs ont validé la production d’ici la fin de la présidence française du Conseil de l’Union européenne d’un rapport intermédiaire sur la gestion de crises dans les régions frontalières.
Des principes face à la réalité
En s’appuyant sur des retours d’expérience partagés, de premières recommandations à destination des niveaux régional, national et européen seront formulées. Les exécutifs ont également rappelé les principes partagés auxquels ils demeurent attachés et qui devraient guider l’établissement de recommandations pour une gestion améliorée de crises sanitaires futures. Voici ces principes : solidarité entre territoires partenaires, approfondissement des coopérations transfrontalières en matière de santé publique, sécurisation de la libre circulation des travailleurs frontaliers et des habitants des zones frontalières, adaptation aux spécificités des bassins de vie transfrontaliers des mesures définies et mises en œuvre par les États membres et les institutions européennes, dans l’esprit d’un «cross-border check». Espérons que ce «cross-border check» ne se transformera pas en passeport officiel pour avoir le droit de passer une frontière au sein même de l’Union européenne. Sinon, la construction de notre union en prendra un rude coup.
Ces initiatives doivent bien sûr encore être clarifiées, mais il faut se préparer au plus vite, car, comme nous l’avons dit, la pandémie n’a pas forcément permis de rassembler tous les habitants de la Grande Région pour surmonter, ensemble, cette épreuve. Certes, il y a eu des accueils de patients de part et d’autre de la frontière, il y a eu aussi l’avion militaire A400M qui a pu se poser au Findel pour embarquer des malades lorrains vers d’autres régions françaises, mais certaines scènes ont laissé un goût amer aux habitants. Les habitants ont connu la fermeture physique des frontières, des attestations à n’en plus finir pour passer d’un pays à l’autre, des règles changeantes, une peur pour le Luxembourg de voir une partie du personnel soignant frontalier réquisitionné dans leur pays au début de la crise, une suspicion pour les habitants venant de l’autre côté de la frontière… Bref, l’image d’unité de notre Grande Région a été quelque peu écornée et les relations entre ses habitants bousculées.
Ce rapport intermédiaire permettra-t-il d’éviter la panique et un certain repli sur soi en cas de nouvelle crise ? Nous verrons bien ! Le document mettra du temps à être élaboré en tout cas. Le ministère à la Grande Région indique qu’il pourra donner lieu à un approfondissement et un suivi opérationnel sous présidence rhénan-palatine du Sommet des exécutifs de la Grande Région en 2023/2024.