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Transfrontalier : «codéveloppement» ne veut pas dire «accord gagnant»


Les 108 000 frontaliers lorrains abondent au budget de l'état luxembourgeois en centaines de millions d'euros chaque année, par leur impôt à la source. Mais l'argent ne redescend dans leur zone de vie qu'au compte-goutte, comme par exemple via le P+R de Metzange, in fine essentiellement financé par les intercos françaises, avec l'argent de contribuables non-frontaliers. (photo : Pierre Heckler / RL).

 Une note de l’agence d’urbanisme Lorraine Nord conclut que le codéveloppement  proposé par le Luxembourg à la France n’est pas un «accord gagnant-gagnant».

Il y a quelques semaines, une note de l’agence d’urbanisme Lorraine Nord (Agape) a fait réagir les élus du Pays-Haut. En s’appuyant sur l’exemple du P+R de Metzange, elle analysait le cofinancement de projets entre la France et le Luxembourg. «Le coût du projet, 6,3 millions d’euros, est majoritairement supporté par la France : soit 3,4 millions d’euros d’investissement au départ, plus 1,4 million d’euros pour la prise en charge de la totalité du fonctionnement […]. Alors que les recettes générées, c’est-à-dire les externalités positives comme les impôts, les cotisations, les taxes, etc. des 750 usagers de ce P+R, des frontaliers, reviendront au Grand-Duché.»

Conclusion : «C’est un investissement réalisé au bénéfice du développement économique luxembourgeois, qui leur rapportera 154 millions d’euros sur dix ans, et coûtera 4,8millions d’euros à la France.» Pour l’Agape, «le cofinancement de projets est donc un codéveloppement contre-productif. Alors que la compensation financière serait un accord réellement gagnant-gagnant, avec, sur dix ans, un coût pour le Luxembourg de 12 millions d’euros mais un solde positif de 144 millions d’euros».

«Thionville et Longwy, des communes pauvres»

De quoi faire réagir le député Xavier Paluszkiewiecz, député de la circonscription. «C’est un rapport qui arrange bien les défenseurs de la compensation financière, alors que d’autres études montrent que le codéveloppement peut avoir des bons côtés. Le problème, c’est que peu de personnes, côté lorrain, proposent des projets au Luxembourg pour mobiliser son enveloppe de 120 millions d’euros. On n’a même pas utilisé 20 % de cette somme! On ne pourra donc conclure que le codéveloppement est négatif que si on essaie ce système jusqu’au bout. Ceci dit, j’ai conscience que cet argent ne suffira pas pour les enjeux de demain. Nos voisins devraient augmenter de manière significative leur participation.»

Alain Casoni, conseiller départemental de Meurthe-et-Moselle, ne sait pas «de quelles études le député parle. Celles-ci doivent être secrètes alors que celles de l’Agape, entre autres, sont publiques et accessibles à tous». L’ancien maire de Villerupt souhaite également «mettre en perspective» les 120 millions d’euros de l’enveloppe luxembourgeoise «sur dix ans, 2018-2028», «avec les 33,7 milliards d’euros que la France, via ses externalités positives et le travail, les impôts comme les taxes, apportera au budget du Grand-Duché sur la même période. L’étude Climaxion classe des communes comme Thionville et Longwy en communes pauvres (comme plus de 30 % des communes du territoire de Longwy et plus de 42 % des communes du territoire de Briey). Comment s’étonner dans de telles conditions qu’elles hésitent ou ne soient pas en capacité d’investir sur de nouveaux projets et solliciter une enveloppe dont, il faut le rappeler, le Luxembourg exige que son utilisation réponde d’abord à ses intérêts, comme en témoignent les quelques projets qu’ils ont décidé d’accompagner?» Avant de conclure : «Un décret nous montre que les 120 millions d’euros sont réduits à 10 millions d’euros (et toujours sur dix ans), déduction faite des 110 millions d’euros fléchés sur des infrastructures ferroviaires. Après le P+R de Metzange et celui de Longwy, soit 5,1 millions d’euros au total, il ne restera que 4,9 millions d’euros aux 2 000 communes frontalières.»

S. B. (Le Républicain lorrain)

Le lien vers la note est à retrouver ici.

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