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Thionville, terminus pour la Chine


Une simulation, en image de synthèse, de ce que pourrait être le futur Europort, sur les anciens terrains d'ArcelorMittal. (photo DR)

L’Europort de Thionville a été choisi pour servir de terminal ferroviaire à une ligne en provenance de Chine. De quoi donner au site un essor important. Sa situation stratégique et son aspect trimodal (eau, fer et route) ont joué en sa faveur. Le premier train pourrait partir de Chine dès cet été.

Il attendait une locomotive pour prendre son essor. L’Europort Thionville la tient, au sens propre comme au figuré. Daniel Perlati, président du syndicat mixte Europort, Gérard Leonardi et Jean-Charles Louis, tous deux vice-présidents, ont annoncé, mardi, que le site avait été choisi pour devenir le terminal d’une ligne ferroviaire reliant la Chine à l’Europe de l’Ouest. Un dossier en négociation depuis un an mais gardé secret, jusqu’à mardi. «Il y avait beaucoup de concurrence pour accueillir ce projet : Lyon, Grenoble ou des sites de la Grande Région», glisse Jean-Charles Louis. Mais c’est Thionville qui l’a finalement emporté grâce à sa situation stratégique. Et à son aspect trimodal (eau, fer, route).

Le début de cette ligne ferroviaire existe depuis avril 2013. Elle relie Chengdu (au centre de la Chine) à Lodz, en Pologne, via le Kazakhstan, la Russie et la Biélorussie à raison d’un train de 40 à 60 conteneurs par semaine. Une deuxième liaison hebdomadaire est envisagée d’ici à la fin de l’année. À la tête d’Eurasia Express Bridge, un groupement d’entreprises, Sofiane Rachedi, 41 ans, originaire du sud de la France, est l’armateur de cette liaison fret. Il souhaite aller plus loin. D’où la création de deux nouveaux terminaux. L’un à Riga, en Lettonie, pour alimenter l’Europe du Nord. L’autre à Thionville, pour l’Europe de l’Ouest.

Deux mille emplois à terme

La ligne ferroviaire se dit trois fois plus rapide que le bateau, avec un temps de transit de moins de 15 jours. Mais elle est aussi deux fois plus chère. Elisana, une société spécialisée dans le transport international installée à Yutz, constitue déjà l’un des opérateurs de cette ligne. Pour 7 millions d’euros d’investissement, Sofiane Rachedi s’engage à racheter le terrain où sera implanté le terminal, sur l’ancien parc à fonte, en bordure de la gare fret d’Uckange. Il y installera un portique de chargement et déchargement, une plateforme de stockage des conteneurs et une route de circulation. À la clé, 50 à 60 emplois.

Mais le syndicat mixte voit bien au-delà pour les 2 000 hectares de l’Europort sur lesquels 2 000 emplois à terme sont espérés. Ses responsables assurent être déjà en contact avancé avec plusieurs sociétés de logistiques et des industriels spécialisés dans l’assemblage de composants chinois. À Lodz, Sofiane Rachedi a ainsi implanté plusieurs de ses sociétés autour du terminal comme YHF Logistics, qui propose un bouquet de prestations allant du stockage au traitement des marchandises. Ou Compal Europe, un sous-traitant électronique qui assure l’assemblage de composants informatiques pour HP et Dell.

Le premier train pourrait partir dès cet été. Peut-être même avant que le terminal ne soit achevé. Surprise : alors que 90 % du trafic va pour l’instant de la Chine vers l’Europe, cette première liaison pourrait s’opérer en sens inverse. Un chargement agroalimentaire à destination de l’empire du Milieu est actuellement en préparation.

Dernière précision, qui a son importance, ce projet est totalement déconnecté de TerraLorraine. Ce qui ne manquera pas de rassurer les observateurs qui voient depuis bientôt trois ans le terrain d’Illange jouer les mornes plaines.

Philippe Marque (Le Républicain lorrain)

 

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