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Smart privilégie l’accord individuel pour passer aux 39h


Depuis 1997, la Smart Fortwo est produite sur le site de Hambach, près de Sarreguemines. Le sera-t-elle encore vingt ans après ? (photo Thierry Nicolas)

Pour revenir de façon provisoire aux 39 heures, Smart France souhaite que son accord d’entreprise passe par la procédure individuelle. Si 75 % des avenants aux contrats de travail ne reviennent pas signés, la menace plane.

Depuis le 14 juin, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), Smart France défend son projet d’entreprise, intitulé Pacte 2020, qui vise à augmenter la compétitivité du site de Hambach (Moselle). Un pacte reposant sur quatre axes : une augmentation de la performance industrielle, une amélioration de la qualité, une diminution des coûts logistiques et surtout une réduction du coût du travail horaire de 6 %.

Pour optimiser ses coûts salariaux, Smart a prévu un passage progressif et temporaire aux 39 H en accordant des contreparties salariales et en garantissant l’emploi jusqu’en 2020. Lors d’une consultation interne, le personnel a validé ce dispositif à 56 % : 74 % des employés, techniciens, agents de maîtrise et cadres ont dit oui, 61 % des ouvriers ont voté non. Notifié vendredi, cet accord a été signé par la CFTC et par la CFE-CGC. Majoritaires au sein de Smart avec 53 % de représentativité syndicale, la CGT et la CFDT ont fait valoir lundi leur droit d’opposition après plusieurs mois de négociations.

Silence de cathédrale

Depuis, la direction avait annoncé qu’elle proposerait une alternative pour sortir de cette situation de blocage. Elle l’a fait en deux temps, lors du comité central d’entreprise de mardi et hier lors d’un forum qui a rassemblé l’ensemble du personnel. Un rendez-vous crucial et sous haute tension, d’autant plus qu’Annette Winkler, PDG de Smart, s’y est invitée aux côtés de Joakim Betker, directeur général.

Le ton grave, dans un silence de cathédrale, ils ont décliné leur plan B pour réussir le passage aux 37 H dès le 1er janvier 2016, aux 39 H en 2017, 2018 et 2019, le retour à 37 H en 2020 et aux 35 H en 2021. D’ici 2018, Daimler doit se prononcer sur le « relookage » de la Fortwo et valider ainsi la prolongation de sa durée de vie sur le site est-mosellan.

Pour Smart France, accepter la réorganisation du temps de travail proposée permettrait d’envoyer un signal fort au directoire. Après avoir évoqué la situation économique, le retard du lancement de la Fortwo en Chine et aux Etats-Unis, les deux dirigeants ont annoncé la fin des NAO. La négociation collective ayant échoué, Smart privilégie désormais la négociation individuelle. Pour passer aux 39 H, une mesure unilatérale sera proposée à chaque salarié : signer un avenant au contrat de travail à compter du 10 décembre.

Sur le fond, il reprendra l’ensemble des dispositions prévues au Pacte 2020 (prime de 120€ brut/mois, prime de 1 000 € versée début 2016 et 2017), mais l’embauche de 50 intérimaires et l’augmentation générale de 0,25 % n’en font plus partie.

Un projet sera transmis aux salariés dès aujourd’hui et ils auront jusqu’au 8 décembre pour l’examiner avant un nouveau CCE programmé le lendemain. Le personnel pourra renvoyer l’avenant définitif jusqu’au 18 décembre. Si, à cette date, 75 % des contrats n’ont pas été retournés signés, Joakim Betker a annoncé devant le CCE de mardi que « la direction sera contrainte d’étudier une alternative industrielle à la production de la Fortwo sur le site de Hambach ».

À l’approche de Noël, le constructeur automobile ne semble pas disposé à faire de cadeaux. Une annonce qui en a abasourdi plus d’un lorsqu’elle a été exprimée avec une certaine dramaturgie hier. Plus que jamais, les 800 salariés ont la pression.

Fabien Siegwart (Le Républicain lorrain)

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