Les gilets jaunes de Saint-Avold ont mis au point un jeu de fléchettes avec pour cibles le président Macron, mais aussi des députés du secteur. Suscitant de vives réactions.
L’événement était annoncé comme une grande kermesse gratuite, avec barbecue géant, jeux pour enfants et la projection à la tombée de la nuit du film J’veux du soleil de François Ruffin. Dimanche dernier, à leur QG de Saint-Avold, les gilets jaunes avaient imaginé une foule de surprises pour divertir le public. Ils ont rejoué des scènes d’affrontements avec les CRS, ont mimé l’action des Black Blocs, ou encore ont présenté au public la manière d’intervenir des Street medics.
Et pour les enfants, un jeu de fléchettes avait été conçu. L’objectif : viser les photos de certains élus. Avec, entre autres, celles du président Emmanuel Macron, du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, de Carlos Ghosn ou encore des députés Hélène Zannier (7e circonscription) et Christophe Arend (6e circonscription).
« Incitation à la haine »
« C’est lamentable, je suis choquée », affirme Hélène Zannier : « C’est de l’incitation à la haine et à la violence pénalement répréhensible. » Un avis non partagé par Juan Estevez, l’un des porte-parole du mouvement : « Il ne faut pas voir de haine là-dedans, c’est un jeu pour les enfants. Et ils ont joué aux fléchettes sans savoir qui étaient les cibles. Certes, c’est un peu maladroit, mais il ne faut pas voir le mal là-dedans. La vraie violence, c’est celle que les Français vivent au quotidien. »
Le leader des gilets jaunes cite le cas récent de cette mère et ses deux enfants qui viennent d’être expulsés de leur logement à Seingbouse et, sur les réseaux sociaux, il interpelle Hélène Zannier : « La députée s’offusque dans une grande litanie que sa photo soit la cible d’un jeu… Elle est où la vraie violence ? En 2019, en France, des familles se retrouvent à la rue. Des hommes, des femmes font les poubelles pour se nourrir. Des personnes qui travaillent dorment dans leur voiture faute de logement ou de pouvoir payer un loyer. »
« Quel message pour les enfants ? »
Juan Estevez poursuit sa démonstration : « Toute cette répression policière pendant nos manifestations. Toutes ces gueules cassées, ces mains et pieds arrachés, ces éborgnés, ces matraqués… » Interpellant la parlementaire : « Vous avez été élue pour nous servir et non nous asservir. »
Sur les réseaux sociaux, le coup de gueule d’Hélène Zannier a suscité un grand nombre de réactions. Richard Lioger, député de la 3e circonscription et candidat à la mairie de Metz, écrit : « le fascisme n’est jamais loin du populisme : total soutien. »
Ce à quoi Roland Bastian ajoute : « Et quel message font passer des prétendus adultes responsables en inculquant à des enfants cet irrespect d’un mandat électif ? Comment ces enfants pourront-ils s’insérer dans une démocratie ? Je crains qu’avec de telles bases, ils n’aient d’autre avenir que les ronds points. »
Romuald Ponzoni (Le Républicain Lorrain)