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Metz : verbalisée trois fois malgré sa carte handicapée


"On m’a expliqué qu’il y avait tellement de fausses cartes PMR que les agents avaient la consigne de verbaliser quand même en cas de doute. C’est aberrant !", s'emporte Ginette Leonetti. (photo RL/Anthony Picoré)

Une automobiliste messine est titulaire d’une carte PMR qui lui donne le droit de stationner partout, sans payer. Et pourtant, elle a reçu trois forfaits post-stationnement sur son pare-brise, à côté de la carte ! La Ville reconnaît qu’il y a un problème et en appelle à un changement national.

Rue Mozart en septembre. Rue de Salis en décembre. Et rue de Guise, en mars. En quelques mois, Ginette Leonetti, habitante de Maizières-lès-Metz, a été verbalisée trois fois. Trois forfaits poststationnement (FPS), payés plein pot, avant de pouvoir faire une réclamation pour prouver son bon droit. « Pour le dernier, je suis allée tout de suite à la Maison du stationnement. Je ne voulais pas payer la minoration de 15 euros. Deux jours de suite, on m’a dit de revenir parce que la responsable n’était pas là. Du coup, l’agent m’a dit que je n’étais plus dans les délais. J’ai dû payer 30 euros. Ça m’a mise hors de moi. »

Pourtant, grâce à sa carte Mobilité inclusion, Ginette Leonetti peut se garer sur toutes les places de stationnement de France, gratuitement, comme le prévoit la loi. Même en dehors des places réservées aux personnes handicapées.

Ginette Leonetti a fait des Recours administratifs préalables obligatoires. Elle n’a encore pas de nouvelles. En tout, cela représente donc des avances d’amendes de 90 euros. « Il faut que ça s’arrête ! On m’a expliqué qu’il y avait tellement de fausses cartes PMR que les agents avaient la consigne de verbaliser quand même en cas de doute. C’est aberrant ! »

30% de fraude

Ginette Leonetti et son époux se questionnent : « Il y a sûrement des gens qui ne font pas valoir leur droit. Ils paient sans rien dire. Est-ce une manière de récupérer de l’argent ? »

Guy Cambianica, adjoint à la Mobilité, reconnaît « travailler sur le sujet ». Chiffres à l’appui, l’élu estime qu’il y aurait 30% de fausses cartes PMR en circulation. « Il n’est bien évidemment pas question d’embêter les personnes à mobilité réduite. Mais la fraude potentielle est trop importante. On peut acheter des cartes sur Internet. Certaines personnes pensent, de bonne foi, qu’une simple photocopie peut suffire. Mais c’est faux. Si les cartes sont illisibles ou mal placées, nous demandons effectivement aux agents de verbaliser. Ensuite, le doute profitera toujours à l’usager. » Mais pour faire reconnaître son droit, il doit d’abord s’acquitter du montant du FPS, avant un remboursement parfois très long.

Ginette Leonetti demande si un système de contrôle ne pourrait pas être mis en place, grâce au numéro figurant sur la carte. Impossible, selon l’élu. La Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) est formellement contre ce fichage indirect des personnes handicapées. « Nous avons fait remonter le dossier. Nous demandons qu’un système soit trouvé pour rendre les cartes infalsifiables », insiste Guy Cambianica qui tempère néanmoins : en 2018 à Metz, 800 000 contrôles ont été effectués ; un peu moins de 80 000 FPS ont été édités pour mauvais stationnement.

Lisa Lagrange (Le Républicain Lorrain)

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