Après deux récentes attaques de brebis à Etalle, près de la frontière luxembourgeoise, le loup refait débat dans la Province de Luxembourg. Pourrait-il s’y réinstaller ?
Mi-septembre, deux attaques de loups sur des brebis à Etalle ont relancé le débat enflammé de la présence de ce super-prédateur dans la région belge, comme le relatent nos confrères de l’Avenir. Avec ses défenseurs et détracteurs, il ne fait plus de doute que le loup est susceptible de se réinstaller dans ces contrées, et qu’il faudra apprendre à partager ce territoire qui un temps fut aussi le sien. Mais comment cohabiter ?
Le loup a disparu des contrées belges fin du 19e siècle, éradiqué par l’homme sans pitié. Absent plus d’un siècle, il est réapparu en Belgique en 2016, en province de Luxembourg, avec une attaque de moutons sur le Plateau des Tailles, en Ardenne. Depuis, il fait des apparitions de manière sporadique, et seuls 3 individus sont considérés comme établis de manière permanente en Wallonie.
« Il faut savoir avant tout que le loup est revenu naturellement, il n’a pas été réintroduit comme certains le disent, insiste Mikaël George, président du GT Loup Natagora. Il a toujours été présent en Europe ; malgré l’éradication, quelques populations ont survécu. Elles se dispersent et se développent à nouveau. »
Une cohabitation possible
Dans d’autres pays d’Europe, la cohabitation a été rendue possible par de nombreuses mesures qui ont porté leurs fruits. « C’est notre priorité, nous travaillons avec les éleveurs et entendons leurs inquiétudes, qui sont légitimes. Mais il faut savoir aussi qu’actuellement, le principal problème des attaques ne provient pas de loups, mais de chiens ! Cela, on n’en parle jamais. Du reste, on ne saura empêcher son retour. On ne va tout de même pas l’éradiquer comme au 19e siècle ! »
Si la plupart des personnes impactées par ce super-prédateur (chasseurs, éleveurs…) ne sont pas, comme on pourrait le croire, pour son éradication, ils ont besoin de moyens pour s’en protéger. Une aide que Natagora veut fournir, à travers la « Wolf Fencing Team » lancée en collaboration avec Natuurpunt et le WWF pour aider concrètement les éleveurs et agriculteurs et répondre au défi de cette cohabitation à venir.
« C’est un animal sauvage qui a toujours été présent en Europe. Il faut arrêter de penser en termes de frontières, qui sont une invention humaine. Le loup les traverse pour aller s’installer là où il a de l’espace et surtout de la nourriture. »
La province de Luxembourg, la plus verte du pays, est donc une candidate idéale. « On ne l’a jamais caché comme en France, où cela a posé problème. Actuellement, nous n’avons en province que des loups dispersants, mais nos forêts, très giboyeuses, sont idéales. Il est difficile de prédire son retour, c’est un animal sauvage qui nous surprend encore. Mais il semble inéluctable. Nous pouvons y faire face et cohabiter, il suffit de s’en donner les moyens et de travailler ensemble dans l’intérêt de tous. »