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La Lorraine manque de leadership


Premier étage de la fusée, avant les régionales en fin d’année, le scrutin départemental promet d’accélérer la recomposition du paysage politique lorrain, désormais tripolaire.

On les croyait condamnés. Manuel Valls avait annoncé leur suppression à l’horizon 2021. Finalement, les départements sortiront confortés par la réforme territoriale. Sacré paradoxe au vu de l’abstention qui devrait renforcer, dimanche, les rangs du premier parti de France.

En Lorraine, onze élus de plus siégeront dans les quatre conseils départementaux  : 168  conseillers départementaux pour 157  sortants (27  binômes en Moselle, 23  en Meurthe-et-Moselle, 17  en Meuse, 17  dans les Vosges). Soit l’autre paradoxe d’une réforme censée générer des économies. C’est que l’exigence de parité homme-femme a mué le scrutin uninominal en un scrutin binominal. Avec deux élus sur un même territoire. Le pari est osé. D’autant qu’on ne connaît toujours pas le détail du partage des compétences entre département et région.

Scénario noir

Sur le fond, la bérézina attendue pour le PS offrira nombre de départements à la droite  : trente à quarante au niveau national. En ALCA (Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne), Mathieu Klein (Meurthe-et-Moselle) permettra-t-il à la gauche de sauver le seul exécutif départemental dirigé par le PS? À 39  ans, le successeur de Michel Dinet incarne l’une des rares figures émergentes d’un personnel politique lorrain en mal de renouvellement. Mais la partie s’annonce ardue pour les représentants d’une majorité présidentielle en passe de perdre toutes les élections intermédiaires.

A contrario, la succession ouverte de Christian Poncelet devrait enfin donner à la droite vosgienne l’occasion d’injecter du sang neuf dans les rouages. À moins qu’elle ne réveille les sempiternelles querelles fratricides, dont Poncelet avait bien failli faire les frais en 2011. Reste qu’en renforçant leur poids dans les assemblées, UMP et UDI conserveront en Lorraine les manettes d’au moins trois départements sur quatre. Confirmant l’emprise sur le jeu politique régional amorcé lors des municipales.

Troisième tour

En mars 2014, la gauche avait dû faire son deuil de Saint-Dié, Thionville, Bar-le-Duc, Commercy, Ligny-en-Barrois, Florange, Hayange… Un contexte dans lequel Metz (tout comme Verdun, Longwy, Forbach…) faisait figure de rescapée. Cette fois encore, le curseur se déplacera vers la droite. Avec pour corollaire l’inexorable montée en puissance du Front national. Déplaçant les enjeux sur cette partie de l’échiquier. Scrutin après scrutin, la tectonique des plaques profite à la formation lepéniste qui parvient à ancrer ses élus, notamment en Moselle et en Meuse.

Les 73  sièges de conseillers municipaux acquis l’an dernier pourraient bien n’être qu’un avant-goût d’une implantation plus payante. Le FN espère remporter au moins une dizaine de cantons. Et, qui sait, peser sur l’issue du «troisième tour», lors de l’élection des présidents. Le scénario noir tant redouté à droite.

Mais c’est bien pour la gauche que l’horizon se bouche. Au point de lui faire craindre un véritable chemin de croix lors des régionales, en fin d’année. Chef de file en ALCA pour les socialistes, Jean-Pierre Masseret va devoir, s’il veut conjurer le mauvais sort, démontrer une autre capacité de mobilisation que celle déployée sur le dossier Vandières. Le rendez-vous pourrait, à l’inverse, offrir un nouveau tremplin au FN. D’autant que, des trois chefs de file identifiés (Philippe Richert pour l’UMP), la prime à la surface médiatique revient, sans conteste… à Florian Philippot.

Xavier Brouet (Le Républicain Lorrain)

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