Hayange : le maire FN distribue quatre cartons rouges

Le maire Front national de Hayange a interdit à quatre personnes d’assister aux trois prochains conseils.

Alors qu’il était candidat à la mairie de Hayange, Fabien Engelmann avait promis de revoir les missions de la police municipale. Depuis son élection, les agents sont, en tous les cas, mobilisés et bien visibles à chaque conseil municipal.

Entre les supporters du maire Front national (FN) et ses détracteurs, l’assemblée est devenue un grand spectacle symbole des divisions de la ville, où le premier magistrat a le plus grand mal à faire régner l’ordre. Le dernier conseil municipal, au mois d’avril, n’a pas échappé à la règle  : apostrophes du public, insultes, doigts d’honneur… L’affaire s’est réglée par l’évacuation manu militari de quatre spectateurs. Les petites polémiques sur l’avenir de la fontaine repeinte en bleue ou la disparition du passage Diekirch (ville luxembourgeoise ayant refusé le jumelage avec Hayange) ont, une fois de plus, éclipsé tout débat de fond alors que les élus devaient, ce soir-là, adopter le budget.

Décidé, « à ne plus prendre des gants contre les fauteurs de troubles », Fabien Engelmann a trouvé une nouvelle parade. En s’appuyant sur le Code général des collectivités territoriales, le maire a pris quatre arrêtés municipaux interdisant nominativement aux exclus du dernier conseil d’assister aux trois prochains. Une méthode suivie également par Steeve Briois à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais.

«Un nouveau moyen de faire parler de lui»

Premier visé à Hayange, Alain Da Silva. L’époux de l’ex-première adjointe en disgrâce avait fait le buzz en apostrophant le maire devant des caméras pour lui réclamer de l’argent. L’homme envisage un recours auprès du tribunal administratif et menace  : « Tout ce qu’il a gagné, c’est que le prochain conseil pourrait être plus agité. »

L’arrêté vise aussi trois proches du groupe d’opposition, Antonio Iorio, René Blin et Jean Barbaro. « C’est difficile quand le maire lance des attaques personnelles ou interpelle l’association (Hayange Plus Belle Ma Ville) de rester silencieux », reconnaît le dernier nommé. Ce que récuse le premier magistrat, « les applaudissements c’est de bonne guerre. Mais je ne peux pas laisser le public prendre la parole ou menacer. » Mais pour les responsables d’HPBMV, ce «carton rouge» n’est qu’une nouvelle illustration de l’autoritarisme du maire, « un nouveau moyen de faire parler de lui pour plaire à son public. Ce n’est pas parce qu’il vire les spectateurs que les conseils seront plus constructifs , glisse Marc Olénine. Nous n’irons pas faire la guerre au TA, il y a d’autres batailles à mener. »

Lucie Bouvarel (Le Républicain lorrain)