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[Goncourt] Hubert Mingarelli, natif de Mont-Saint-Martin, a marqué les esprits


Hubert Mingarelli a publié La Terre invisible à l'occasion de la rentrée littéraire de septembre, chez Buchet-Chastel (Photo : DR).

Hubert Mingarelli, 63 ans, est né à Mont-Saint-Martin à la frontière française. Son roman La Terre invisible a retenu l’attention du jury du Goncourt 2019, dans la première puis la deuxième sélection (neuf ouvrages finalistes). Un cercle déjà prestigieux ! Nous l’avons lu : cette photographie de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne a effectivement de quoi marquer les esprits.

la terre invisible okHubert Mingarelli a toujours de la famille et ses racines dans le bassin de Longwy, même s’il vit depuis longtemps en Isère. Un cadre naturel qui n’est pas sans influence sur son œuvre : il faut lire, par exemple, La Beauté des loutres (éd. Le Seuil, 2002), pour apprécier cette écriture qui touche à la sobre poésie.

C’est avec ce style épuré, minimaliste diront d’autres, qu’il dépeint l’Allemagne dans les instants de l’après-guerre. Ou plutôt qu’il « photographie ».

On ne sait pas bien quelle est la ville dans laquelle évoluent les deux personnages principaux. Toujours est-il qu’un photographe-reporter anglais, bloqué sur place, se lance dans un course en avant sans but précis : partir sur les routes du pays, photographier les Allemands dans leur lieu de vie, devant leur maison surtout. Et, entre les silences, comprendre ce qui a poussé ce peuple dans une telle escalade nationaliste, jusqu’à l’existence des camps. Il n’y a pas de réponse à tout cela. La Terre invisible est lui-même une photographie : celle d’un chaos dans lequel les ombres errent. L’autre personnage est un jeune soldat irlandais qui fait le chauffeur du photographe. Lui n’a quasiment pas participé à la guerre. Son insouciance (et ses questionnements, il ne comprend pas la démarche du photographe) contraste avec l’Anglais. Entre celui qui a tout vu et celui qui débarque, les échanges se tissent. Des drames plus intimes viennent s’y mêler.

En refermant le roman, on se demande «pourquoi la guerre ?», question millénaire. Mais pour dire franchement les choses, on se demande surtout : qu’est-ce qu’on fout après la guerre ? Seule une écriture si juste, où la photographie peut-être, permet de saisir cette émotion.

Hubert Gamelon

La Terre invisible (éd. Buchet-Chastel), 15 euros.

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