Le Cercle européen Pierre-Werner, qui oeuvre pour la coopération transfrontalière belgo-luxembourgeoise depuis 40 ans, appuie l’idée d’une gratuité du train pour les frontaliers belges sur le versant belge, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres.
L’idée émane à l’origine de l’Association des Amis du Rail. Suite à la gratuité des transports publics entrée en vigueur au Grand-Duché en mars, Les Amis du Rail ont émis l’idée d’une gratuité des transports par train à partir des principales gares frontalières en Belgique vers le Grand-Duché de Luxembourg (celles situées à une vingtaine de kilomètres de la frontière belgo-luxembourgeoise). Il s’agit de ne pas générer des pressions sur les villes belges et luxembourgeoises frontalières en contenant les véhicules : certains pourraient être tentés de prendre la voiture pour rejoindre la première gare gratuite au Grand-Duché.
Le Cercle européen Pierre-Werner, dont l’engagement transfrontalier pèse dans les décisions prises entre les deux pays, appuie la proposition, « même à titre temporaire, comme le Gouvernement belge l’a décidé récemment aussi en matière de télétravail », précise le Cercle. « Cette mesure devrait en effet faciliter la mobilité et permettra de stopper les véhicules près des gares belges – et non à la frontière, une limite purement artificielle – tout en permettant l’usage du train au tarif luxembourgeois. » Et de conclure : « Il y a une opportunité de tester tout de suite cette proposition de manière à être prêt à relancer demain l’économie du ‘Grand Luxembourg’ dans de bonnes conditions. »
Une idée louable, mais…
L’idée est louable. Mais sur le fond, on peut s’interroger : le Cercle Werner demande au gouvernement belge et à la SNCB de faire un cadeau tarifaire aux habitants du Luxembourg belge qui ont le plus fort revenu (les frontaliers) mais qui participent plus faiblement que les autres résidents aux ressources nationales (malgré un retour fiscal plafonné à 30 millions d’euros par an aux communes frontalières). En effet, les entreprises dans lesquelles les frontaliers belges créent la richesse se situent et sont taxées au Grand-Duché, et non sur le sol national, comme c’est le cas pour un actif et résident belge. Par ailleurs, ces mêmes frontaliers belges laissent leurs impôts sur le revenu à la source au Grand-Duché. À ce titre, en une période de crise où l’idée de fracture sociale revient avec force, on peut s’interroger sur l’opportunité d’un tel geste commercial, payé in fine par les impôts de la majorité des Belges.
Le courrier (lire ici) a été transmis à François Bellot, ministre belge de la Mobilité et de la SNCB, ainsi qu’à Sophie Dutordoir, Administrateur délégué à la SNCB.
Hubert Gamelon