De plus en plus de Belges vont faire leurs courses en France, où les écarts de prix sont impressionnants.
Trente et un euros de différence sur un seul caddy de 80 euros. Voilà qui n’est pas rien. Passer la frontière et aller faire ses courses en France, c’est un réflexe que nos concitoyens ont de plus en plus. Nous sommes allés voir si cela valait la peine pour son portefeuille de faire le saut outre-Quiévrain. Bilan des courses : pour les 25 mêmes produits, la note s’élève à 79,94 euros à Auchan, 105,46 euros à Colruyt Arlon et 110,99 euros chez Cora.
Un constat d’abord : il n’y a pas photo en matière de boissons, que ce soit l’eau, le pétillant ou les limonades, la différence est impressionnante. On passe parfois du simple au double. Les six bouteilles de Perrier sont à 5,39 euros chez Cora et Colruyt, mais chutent à 2,69 euros à Auchan. Précisons que ce prix est à l’achat de deux packs. Ironie, l’eau pétillante Bru, produite en Belgique, est moins chère en France de presque un euro par rapport au prix le moins onéreux en Belgique. Très grosse différence pour l’Ice tea, 3 euros pour quatre bouteilles! Cela n’a rien de neuf, les taxes font que les Belges sont nombreux à faire le plein de boissons à Longwy. On croise d’ailleurs cet Arlonais avec des packs de Coca et d’eau qui débordent du chariot. «Quand je viens ici, je fais des provisions, ça vaut la peine.»
Les pâtes deux fois moins chères
Parmi les produits que les Belges aiment acheter en France, tout ce qui est yaourts et fromages. Les huit pots d’Activia sont à 3,09 euros à Auchan contre 4,99 euros à Messancy et Arlon. Autre achat fait en masse par les Belges, les pâtes. Ces dernières coûtent parfois le double en Belgique. Les bonnes affaires françaises sont les mêmes en ce qui concerne les sauces.
À première vue, les aliments pour animaux sont aussi plus intéressants en France, les croquettes Friskies sont à 1,5 euro de moins pour le paquet de 5 kilos. Ce qui est certain, face à ces prix, c’est qu’on sent vraiment que des Wallons se tournent vers le sud, d’autant que l’hypermarché Leclerc de Lexy reçoit aussi leurs faveurs. Cora doit en plus faire face aux travaux de la nationale devant chez lui.
Des hypermarchés qui ne font plus toujours l’unanimité : «Je ne vais plus dans ce genre de magasins, trop grands», nous dit-on. Au final, la remarque de cette Belge résume assez bien l’intérêt : «Tout dépend d’où vous habitez. Oui, c’est intéressant d’aller en France, mais si c’est pour remettre ce gain dans le prix de l’essence…»
Pourquoi de tels écarts?
Les prix et les conditions d’achat proposés par les fournisseurs aux entreprises belges du commerce de détail sont moins favorables que dans les pays voisins en raison de l’étroitesse du marché belge. Selon l’Observatoire des prix, l’achat de marchandises représente en moyenne 80 % des coûts totaux pour les commerces non spécialisés à prédominance alimentaire. Un second facteur contribue à l’envolée des prix : la progression plus rapide des coûts salariaux par rapport aux pays voisins, notamment en raison de l’indexation automatique. Les différents acteurs du secteur pointent les accises et autres taxes qui grèvent le budget des consommateurs belges. Le secteur des boissons est particulièrement impacté. Ce n’est pas pour rien que les eaux et autres softs représentent 49 % des achats effectués à l’étranger (enquête Nielsen).
Se gaver (financièrement) sur le dos des plus pauvres, voilà la moralité des distributeurs belges!