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Double meurtre de Montigny-lès-Metz : le refus d’une mère


Trente ans après les faits, Chantal Beining est animée par l’espoir « d’aller au bout des choses ». (photo archives RL/ Anthony Picoré)

Elle s’oppose à la décision de la chambre de l’instruction dans le double meurtre de Montigny. Mère de Cyril, tué en 1986 avec Alexandre, Chantal Beining saisit la Cour de cassation. Pour voir Leclaire jugé au côté de Heaulme.

Jeudi, déjà, elle avait confessé sa « déception » de voir Henri Leclaire lavé de tout soupçon par les magistrats de la chambre de l’instruction. Vendredi, Chantal Beining promettait qu’elle « ne laisserait pas faire. Ce n’est pas possible d’en rester là. » Après quelques jours de réflexion, elle a décidé de se pourvoir en cassation. L’avenir du volumineux dossier du double meurtre de Montigny-lès-Metz ne se joue désormais plus en Moselle.

La mère de Cyril Beining reste dans la logique qui lui a permis de sortir la procédure de l’ornière où elle était tombée au milieu des années 2000, quand Francis Heaulme avait bénéficié d’un premier non-lieu. « Si on n’avait pas bougé à ce moment-là, il n’y aurait plus rien aujourd’hui. »

Si elle et son avocate, Me Dominique Boh-Petit, n’avaient pas refusé ce qui ressemblait à l’époque à une forme de fatalité, le routard du crime n’aurait pas été renvoyé en 2013 devant les assises de la Moselle pour les meurtres de Cyril et Alexandre, 8 ans, compagnons de jeu tués à coups de pierres le 28 septembre 1986, à Montigny-lès-Metz.

La septuagénaire est animée aujourd’hui par l’espoir « d’aller au bout des choses, confie-t-elle. En 2014, quand le procès de Heaulme a été renvoyé, je n’étais pas triste. Non, de nouveaux éléments étaient apparus contre Henri Leclaire, il fallait vérifier. Il nous raconte quand même des histoires, jusqu’à prétendre qu’il n’était pas rue Vénizelos ce jour-là… »

Ces deux dernières années, les juges d’instruction messins ont réalisé « des expertises, des confrontations, entendu des témoins, relate Me Boh-Petit. Et ils ont demandé le renvoi d’Henri Leclaire. Cela compte beaucoup pour ma cliente. »

« Si Heaulme avoue et parle d’un complice ? »

La partie civile défie un passé tourmenté par des rebondissements incessants. « Un jour, c’est Dils (qui a été acquitté au bout de quinze ans de prison, ndlr), un autre c’est Heaulme. Et puis non, c’est plus Heaulme. Et puis si, mais avec quelqu’un d’autre. Avec Henri Leclaire. Et maintenant, on prétend qu’il était seul ? Non, je n’accepte pas d’être brinquebalée ainsi. D’autant que je ne peux imaginer deux enfants de huit ans attrapés par un seul homme. Mon Cyril se serait sauvé. »

Dans l’attente depuis le 1er avril 2014 et le renvoi de son procès, Francis Heaulme va donc encore patienter pour savoir quand il sera jugé, seul ou accompagné. « C’est une autre source d’inquiétude pour moi, enchaîne la mère de Cyril. Si, durant ce procès, Heaulme venait à avouer que c’est lui mais qu’il avait un complice et qu’il citait Leclaire. Ou s’il accusait encore ce dernier ? On fait quoi ? On serait dans de beaux draps… Le déroulement de cette audience m’angoisse, je crains que tout soit bloqué. Je ne demande pas grand-chose. Je n’ai d’animosité envers personne. Je veux juste qu’on ne fasse pas les choses à moitié. » Pour cette maman qui attend depuis trente ans des réponses aux questions concernant la mort de son fils, ce chemin passe désormais par la Cour de cassation.

Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)

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