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Des films subversifs à l’affiche à Metz


Avec «Donnie Darko» – film culte du début du siècle – en tête d'affiche, le rendez-vous, qui s'étale sur trois jours, plonge au cœur de l'Amérique, ses névroses, ses contradictions, sa spiritualité... Tout un programme! (photo dr)

Six mois après la précédente édition, le festival du Film subversif de Metz revient à la charge avec de nouveaux films «ovnis», qui se penchent cette année sur les États-Unis.

Avec Donnie Darko – film culte du début du siècle – en tête d’affiche, le rendez-vous, qui s’étale sur trois jours, plonge au cœur de l’Amérique, ses névroses, ses contradictions, sa spiritualité… Tout un programme!

Ceux qui connaissent, directement ou non d’ailleurs, Donnie Darko, film de Richard Kelly sorti en 2001, devenu par la suite un objet de culte, savent que l’on ne peut rester de marbre devant cette étrange production, son inquiétant lapin, son atmosphère apocalyptique, ses multiples couches de lecture et sa saveur imprévisible (certains préféreront le terme «casse-tête»). Voilà qui symbolise bien l’idée d’un festival qui, selon les mots de sa directrice Charlotte Wensierski, ne compte «laisser personne indifférent».

En quatre éditions, The Bloggers Cinema Club, association messine qui porte la manifestation et tient le cinéma en haute estime, s’évertue ainsi à prendre le public à revers, à le «sortir de sa zone de confort», comme on dit, à travers une programmation singulière faite d’étrangetés du 7e art que Netflix n’a même pas dans son catalogue…

«Notre envie est toujours la même : offrir différentes formes de provocation, d’innovation», soutient-elle encore. En somme, surprendre et éveiller les sens, sans les saisir grâce à un son Dolby ou des écrans surdimensionnés à s’en péter la rétine. Le résultat, auprès des curieux et ceux qui exigent un peu plus de la création filmique qu’un énième Marvel, est en tout cas plus que satisfaisant : les salles sont pleines de gens, eux-mêmes pleins de questions. «Les films suscitent toujours des discussions, des réflexions, des suggestions, même», poursuit-elle.

Un festival qui, intelligent, sait également épargner ses visiteurs en lui donnant quelques branches auxquelles s’accrocher, avec des films plus «abordables», comme, en 2018, La Leçon de piano ou Elephant. «Bien sûr, on trouve de vrais cinéphiles qui fréquentent toutes les séances, mais il ne faut pas oublier de donner quelques repères à un autre public qui, parfois, peut se dire : « Tiens, ça, je connais! »» Cette année, l’effet «passerelle» sera assumé, donc, par Donnie Darko, film «préféré» de la directrice, qui en a vu d’autres.

Des films «ovnis» qui plongent au cœur de l’Amérique, nation «pleine de contradictions»

Et, rassurée, elle n’est pas la seule à le mettre sur un piédestal : «Au vu des préventes et des réactions sur les réseaux sociaux, il est apprécié par beaucoup d’autres personnes!» Un succès qui n’est pas seulement d’estime, la venue de l’actrice principale, Jena Malone, pour la projection «phare» de samedi y étant sûrement pour beaucoup. Et, avouons-le, faire venir Jake Gyllenhaal, son partenaire à l’écran, doit être un brin plus compliqué… Mais tel n’est pas le propos : «On l’a toujours adorée : elle est culottée, provocatrice» et créative, vu qu’elle se produira sur scène et en musique après le film, au même titre que Cascadeur, homme casqué aux sonorités intimes et planantes et, au passage, Victoire de la musique en 2015, ce qui n’est pas rien.

Partis de là, Charlotte Wensierski et sa bande complètent l’affiche avec des films «ovnis» qui plongent au cœur de l’Amérique, nation «pleine de contradictions». «Les États-Unis sont associés à un cinéma très commercial. C’est vrai! Mais il y a toute une autre frange à explorer, indépendante, audacieuse», explique la directrice, qui précise : «Je perçois aussi ma cinéphilie comme ça : des trucs faciles et d’autres plus exigeants.» Et, au final, «ça incarne assez bien l’esprit de notre association : ne pas avoir de préjugés, être décloisonné». Cinq films en compétition témoignent de cette approche, suivant des thèmes forts que sont «la religion, la maladie mentale, le deuil», et capturant «ce qui se passe dans notre monde et ce qui préoccupe les réalisateurs».

Un cinéma «riche et diversifié» –pour s’en convaincre, le festival propose un bon vieux Walt Disney pour les enfants (Fantasia) – qui s’agrémente de courts métrages, d’ateliers, de BD, de réalisations régionales, de concerts… Le tout dans un cinéma quasi neuf (le Klub), dans lequel on pourra voir Gretchen (Jena Malone) et Donnie (Jake Gyllenhaal) renaître, notamment à travers une réplique évidente : «-Tu es bizarre. -Désolé. -En réalité, c’est un compliment!» Un échange dont le festival du Film subversif pourrait faire sa doctrine.

Le festival démarre vendredi et se conclut dimanche : www.festival-subversif-metz.com.

Grégory Cimatti

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