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Covid-19 : la France sur le même chemin que le Luxembourg ?


Le Luxembourg, engagé dans une politique de dépistage à grande échelle, fait ses comptes : « Nous enregistrons entre 60 et 100 nouveaux cas par jour ». (Photo RL/Frederic Lecocq)

L’expression «deuxième vague» n’est plus taboue au Luxembourg. Le pays, qui mène une politique de dépistage massif, connaît une forte hausse d’infections Covid-19. Un avant-goût de ce qui pourrait advenir en France ? «J’en ai bien peur», prophétise le docteur Bernard Weber, des Laboratoires Réunis.

«Une forte recrudescence. Oui… Nous pouvons déjà parler de deuxième vague.» L’expression parle à tout le monde. Le professeur Bernard Weber œuvre au sein des Laboratoires Réunis, acteur majeur engagé sur le front du dépistage du Covid-19 au Luxembourg. Chiffres à l’appui, il visualise une courbe de contaminations menaçantes : «Nous enregistrons entre 60 et 100 nouveaux cas par jour. Cela reste linéaire, ce n’est pas encore exponentiel. Mais la progression est là.»

Autre enseignement majeur de ces statistiques : l’abaissement de l’âge moyen des porteurs du virus. Lors du confinement, au plus fort de la crise sanitaire, il s’établissait à 44 ans : «Au 15 juillet, il est tombé à 35 ans. Il y a nettement plus de jeunes touchés par le coronavirus que durant la première vague.» Un phénomène qui s’expliquerait aisément : «La période est propice au rassemblement. Les jeunes sortent plus souvent, ont davantage de contacts sociaux. D’une manière générale, on perçoit du relâchement depuis le déconfinement.»

Dépistage à grande échelle

Des chiffres et un mal-être. Loué pour sa gestion de la première flambée de Covid-19 et pour sa main tendue à la France, le Luxembourg est aujourd’hui pointé du doigt par ses voisins. La Belgique a placé le Grand-Duché sur sa liste «orange», tandis qu’en Allemagne, la Sarre et la Rhénanie-Palatinat imposent une quarantaine à ses ressortissants.

Des mesures préventives «compréhensibles», consent du bout des lèvres l’expert en biologie médicale. Mais elles ne sauraient remettre en cause la stratégie agressive engagée par le pays en matière de dépistage  : «Une stratégie à grande échelle, insiste le professeur. Nous testons beaucoup plus que nos voisins, notre capacité maximale (20 000 tests par jour) étant 20 fois supérieure à d’autres pays rapportés au nombre d’habitants. En la couplant au traçage des cas contacts, nous pensons que c’est la seule arme, aujourd’hui, pour endiguer cette deuxième vague. Même si ce n’est pas entendu par tous…»

«Le virus court»

L’élève luxembourgeois, trop «zélé», payerait-il cette politique sanitaire transparente ? «L’outil qui incite à tester beaucoup est aujourd’hui utilisé pour nous punir», déplorait la ministre de la Santé, Paulette Lenert, en milieu de semaine en Conseil de gouvernement. «Cela fait du sens : plus nous testons, plus nous détectons de cas», résume le professeur. Qui livre une sombre prophétie : «J’ai bien peur que la France ne prenne le même chemin. Au Luxembourg, nous sommes en avance. Cela s’explique par les moyens accordés à la lutte et aussi en raison de la taille de notre pays. Dans le vôtre, il suffirait que plusieurs sous-groupes ne respectent pas les mesures classiques de prévention pour que la crise reparte très durement. Car c’est un fait : le virus court, il est encore en train de se propager.»

Jean-Michel Cavalli (Le Républicain lorrain)

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